Liberation, France
mercredi 31 mars 2004
Déglingue bien tassée
Par Marc SEMO
Vodka Lemon
d'Hiner Saleem,
avec Romen Avinian, Lala Sarkissian, Ivan Franek... 1 h 28.
l a 7 dollars par mois de retraite et ses biens se limitent à un
crachotant poste de télévision soviétique et un vieil uniforme. Son
fils parti en France ne lui écrit... que pour lui demander de
l'argent. Sa femme repose au cimetière. Là, le vieil Hamo rencontre
un nouvel amour, une veuve plongée dans la même détresse. Elle tient
une petite gargote sur une route glacée, le Vodka Lemon.
La déglingue des sociétés post-soviétiques continue d'inspirer des
oeuvres grinçantes ou douces-amères. Ici, c'est l'Arménie avec ce
film, salué à Venise. Hiner Saleem, réalisateur kurde irakien, est
déjà l'auteur d'une comédie décapante en 1997, Vive la mariée et la
liberté du Kurdistan, qui moquait le machisme kurde et les militants.
Son second film Passeurs de rêve, sur l'immigration clandestine, fut
un échec. Il renoue avec la verve et le burlesque sur fond de
montagnes arméniennes enneigées.
Mais il manque au film, souvent touchant, cet humour ravageur dont
fait preuve Saleem dans son livre de mémoire d'enfance, le Fusil de
mon père (Seuil). Il aime à citer une phrase de son père, grand
combattant de la cause kurde et éternel vaincu : «Notre passé est
triste, notre présent est catastrophique, mais heureusement nous
n'avons pas d'avenir.»
mercredi 31 mars 2004
Déglingue bien tassée
Par Marc SEMO
Vodka Lemon
d'Hiner Saleem,
avec Romen Avinian, Lala Sarkissian, Ivan Franek... 1 h 28.
l a 7 dollars par mois de retraite et ses biens se limitent à un
crachotant poste de télévision soviétique et un vieil uniforme. Son
fils parti en France ne lui écrit... que pour lui demander de
l'argent. Sa femme repose au cimetière. Là, le vieil Hamo rencontre
un nouvel amour, une veuve plongée dans la même détresse. Elle tient
une petite gargote sur une route glacée, le Vodka Lemon.
La déglingue des sociétés post-soviétiques continue d'inspirer des
oeuvres grinçantes ou douces-amères. Ici, c'est l'Arménie avec ce
film, salué à Venise. Hiner Saleem, réalisateur kurde irakien, est
déjà l'auteur d'une comédie décapante en 1997, Vive la mariée et la
liberté du Kurdistan, qui moquait le machisme kurde et les militants.
Son second film Passeurs de rêve, sur l'immigration clandestine, fut
un échec. Il renoue avec la verve et le burlesque sur fond de
montagnes arméniennes enneigées.
Mais il manque au film, souvent touchant, cet humour ravageur dont
fait preuve Saleem dans son livre de mémoire d'enfance, le Fusil de
mon père (Seuil). Il aime à citer une phrase de son père, grand
combattant de la cause kurde et éternel vaincu : «Notre passé est
triste, notre présent est catastrophique, mais heureusement nous
n'avons pas d'avenir.»