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Arménie : l'opposition appelle le gouvernement au dialogue

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    Le Monde, France
    14 Avril 2004

    Arménie : l'opposition appelle le gouvernement au dialogue

    Les Etats-Unis et l'OSCE se sont inquiétés des méthodes violentes du
    gouvernement arménien pour mettre fin à une semaine de manifestations
    de l'opposition réclamant la démission du président Robert
    Kotcharian.
    Au lendemain d'une semaine de tensions en Arménie entre l'opposition
    et le gouvernement, Artaches Guégamian, l'un des chefs de
    l'opposition et leader du parti Entente nationale, a appelé le
    gouvernement au dialogue. Le président Robert Kotcharian et le
    ministre de la défense, Serge Sarkissian, "sont responsables de ce
    qui s'est passé et je suis prêt à commencer un dialogue avec eux pour
    étudier la situation explosive dans le pays et trouver une éventuelle
    issue" à cette crise, a-t-il déclaré.

    M. Guégamian a souligné qu'il n'y avait pas de divergences entre les
    leaders de l'opposition qui étaient en réunion mercredi pour analyser
    la situation. "Le programme de l'opposition reste le même: changer de
    pouvoir par la voie uniquement constitutionnelle", a-t-il ajouté. "Le
    président est pour le dialogue avec tous les partis politiques", a
    pour sa part déclaré Tigran Torossian, l'un des chefs du Parti
    Républicain, membre de la coalition gouvernementale, ayant participé
    à la rencontre mardi du chef d'Etat arménien avec les représentants
    des partis pro-gouvernementaux.

    Plusieurs personnes ont été interpellées dans la nuit de lundi à
    mardi après des affrontements entre la police et les opposants
    arméniens au centre de Erevan. L'opposition conteste l'élection de M.
    Kotcharian en mars 2003 pour un deuxième mandat et demande un
    référendum pour tester la confiance dont jouit le chef de l'Etat.

    Quelques heures auparavant, les Etats-Unis et l'OSCE ont fait état de
    leurs inquiétudes lors des violences à Erevan et ont appelé toutes
    les parties au dialogue pour rétablir le calme dans cette république
    sud-caucasienne. Ces réactions interviennent au moment où la
    communauté internationale fait pression sur la Turquie, candidate à
    la candidature à l'UE, pour rouvrir la frontière arméno-turque, et
    alors que le processus de paix au Karabakh - théâtre d'une guerre
    entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan de 1988 à 1994 - est au point mort.

    Les Etats-Unis, qui coprésident avec la France et la Russie le groupe
    de Minsk de l'OSCE, chargé de régler la question du Haut-Karabakh,
    suivent de près l'évolution de la région, de plus en plus tournée
    vers l'Occident. L'Arménie, considérée comme un bastion stratégique
    de la Russie dans la région, est ouverte à une plus grande
    coopération avec les Etats-Unis, notamment dans l'OTAN. Cette semaine
    de manifestation rompt avec l'image d'une Arménie stable, préalable
    indispensable aux investissements étrangers dans cette république
    enclavée.

    La manifestation, commencée dans la journée, s'était achevée par un
    sit-in devant le Parlement, non loin de la présidence. Les
    manifestants ont été empêchés de se diriger vers la résidence de M.
    Kotcharian par des barbelés installés en travers de la chaussée et
    gardés par un cordon de forces de l'ordre. "Ils ont posé des barbelés
    et peuvent utiliser le gaz lacrymogène. Mais ils n'arriveront pas à
    nous intimider. Nous avons toujours les mêmes revendications", a
    déclaré Albert Bazeïan, l'un des leaders de la coalition Justice,
    organisatrice de la manifestation aux côtés du parti Unité nationale.
    "A bas le président illégitime !", "Robert, va-t-en !", clamaient les
    pancartes brandies par les manifestants de ce mouvement de
    protestation non autorisé.

    Les deux principaux adversaires de M. Kotcharian lors de l'élection
    présidentielle de mars 2003, Stepan Demirtchian et Artaches
    Guegamian, étaient là. Stepan Demirtchian, l'un des leaders du bloc
    Justice, avait recueilli 32,5 % des voix face à M. Kotcharian, réélu
    avec 67,5 % lors d'un scrutin contesté par l'opposition et critiqué
    par les observateurs internationaux. Il est le fils de l'ancien
    président du Parlement, Karen Demirtchian, assassiné lors d'une
    tuerie au Parlement en novembre 1999. Le leader d'Unité nationale,
    Artaches Guegamian, lui aussi candidat malheureux face à M.
    Kotcharian, a appelé les opposants à passer la nuit devant le
    Parlement.

    Le mouvement de manifestation commencé la semaine dernière avait pour
    revendication initiale la tenue d'un référendum sur la confiance au
    président, dont le pouvoir a rejeté le principe. L'opposition
    arménienne, incapable de désigner un candidat unique lors de la
    dernière élection présidentielle, reste très divisée, laissant les
    analystes sceptiques quant à ses chances de suivre le modèle de la
    Géorgie voisine.
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