Le Monde, France
12 Avril 2004
Les Eglises dénoncent les restrictions de visas délivrés aux
chrétiens par Israël
Jérusalem de notre correspondante
Sans commune mesure avec la fréquentation observée avant le
déclenchement de l'Intifada, en septembre 2000, les fêtes de Pâques
auraient, cette année, rassemblé davantage de croyants que les trois
années précédentes à Jérusalem, selon la police israélienne.
Les commémorations qui ont marqué le week-end pascal, et notamment la
cérémonie du "feu sacré" célébrée par les Eglises grecque et
arménienne au Saint-Sépulcre, vendredi 9 avril, ont attiré des
milliers de personnes dans les rues de la Vieille Ville. Cette année,
la Pâque catholique et la Pâque orthodoxe étaient fêtées au même
moment.
Pourtant, si des Européens, des Asiatiques et des Africains ont fait
le déplacement, les Palestiniens, eux, n'ont pu accéder à Jérusalem
qu'en nombre très restreint. En dépit des "centaines" de permis
accordés par les autorités israéliennes aux chrétiens des territoires
occupés, nombre d'entre eux ont attendu jusqu'au dernier moment une
autorisation pour franchir les barrages. En vain. Le bouclage
particulièrement serré des territoires, décrété durant la fête juive
de Pessah, a rendu encore plus difficile qu'à l'ordinaire leur
déplacement. Mgr Michel Sabbah, patriarche latin de Jérusalem, l'a
regretté, estimant que "des milliers de personnes -de Cisjordanie et
de Gaza- seraient venues à Jérusalem si Israël leur avaient donné les
autorisations nécessaires".
Ces restrictions de circulation s'ajoutent aux difficultés
récurrentes que rencontrent les responsables de l'Eglise catholique
œuvrant en Israël et en Cisjordanie pour obtenir visas et permis de
séjour. Selon l'un de ses représentants, 138 demandes de visas
effectuées par des religieux seraient en souffrance au ministère de
l'intérieur israélien, soit une hausse de 60 % par rapport à 2003.
"Ce problème met en cause la survie des Eglises, ici, et va provoquer
leur paralysie", a pour sa part estimé Mgr Sabbah. "Beaucoup en
concluent qu'il y a un désir de limiter le nombre de chrétiens dans
le pays pour renforcer le caractère juif de l'Etat -d'Israël-", a
ajouté un autre responsable de l'Eglise catholique.
CONTRÔLES TATILLONS
Ces allégations sont qualifiées de "non-sens" par les autorités
israéliennes, qui insistent sur le caractère "technique et
bureaucratique" des contretemps observés. Toutefois, des responsables
du ministère des affaires étrangères israélien ont reconnu, dans le
quotidien Maariv, que les retards dans la délivrance de visas étaient
devenus plus criants ces derniers temps et que des personnes
attendaient un permis "durant des mois, sans raison, alors qu'il ne
fait aucun doute qu'elles travaillent pour des Eglises". "Cela
provoque une crise avec la communauté chrétienne à travers le monde
et des gens estiment que nous violons les conventions internationales
en ne respectant pas la liberté de culte", ont-ils également admis.
Le représentant du Vatican en Israël a d'ailleurs adressé une lettre
au premier ministre israélien, ainsi qu'aux ministres de l'intérieur
et des affaires étrangères, pour leur faire part de son indignation
face aux humiliations subies par des religieux à travers le pays.
A plusieurs reprises, en effet, des religieux en attente du
renouvellement de leur visa ont subi des contrôles tatillons de la
part des services de sécurité israéliens. Dernièrement, dans un
centre commercial de Jérusalem, 23 sœurs, qui disposaient d'un
document du ministère de l'intérieur attestant leur demande de visa,
ont été alignées contre un mur par des membres de la police des
frontières et priées d'attendre des vérifications complémentaires. A
Tel-Aviv, un moine polonais franciscain n'a échappé à une reconduite
à la frontière qu'après l'intervention du ministère des affaires
étrangères.
Stéphanie Le Bars
12 Avril 2004
Les Eglises dénoncent les restrictions de visas délivrés aux
chrétiens par Israël
Jérusalem de notre correspondante
Sans commune mesure avec la fréquentation observée avant le
déclenchement de l'Intifada, en septembre 2000, les fêtes de Pâques
auraient, cette année, rassemblé davantage de croyants que les trois
années précédentes à Jérusalem, selon la police israélienne.
Les commémorations qui ont marqué le week-end pascal, et notamment la
cérémonie du "feu sacré" célébrée par les Eglises grecque et
arménienne au Saint-Sépulcre, vendredi 9 avril, ont attiré des
milliers de personnes dans les rues de la Vieille Ville. Cette année,
la Pâque catholique et la Pâque orthodoxe étaient fêtées au même
moment.
Pourtant, si des Européens, des Asiatiques et des Africains ont fait
le déplacement, les Palestiniens, eux, n'ont pu accéder à Jérusalem
qu'en nombre très restreint. En dépit des "centaines" de permis
accordés par les autorités israéliennes aux chrétiens des territoires
occupés, nombre d'entre eux ont attendu jusqu'au dernier moment une
autorisation pour franchir les barrages. En vain. Le bouclage
particulièrement serré des territoires, décrété durant la fête juive
de Pessah, a rendu encore plus difficile qu'à l'ordinaire leur
déplacement. Mgr Michel Sabbah, patriarche latin de Jérusalem, l'a
regretté, estimant que "des milliers de personnes -de Cisjordanie et
de Gaza- seraient venues à Jérusalem si Israël leur avaient donné les
autorisations nécessaires".
Ces restrictions de circulation s'ajoutent aux difficultés
récurrentes que rencontrent les responsables de l'Eglise catholique
œuvrant en Israël et en Cisjordanie pour obtenir visas et permis de
séjour. Selon l'un de ses représentants, 138 demandes de visas
effectuées par des religieux seraient en souffrance au ministère de
l'intérieur israélien, soit une hausse de 60 % par rapport à 2003.
"Ce problème met en cause la survie des Eglises, ici, et va provoquer
leur paralysie", a pour sa part estimé Mgr Sabbah. "Beaucoup en
concluent qu'il y a un désir de limiter le nombre de chrétiens dans
le pays pour renforcer le caractère juif de l'Etat -d'Israël-", a
ajouté un autre responsable de l'Eglise catholique.
CONTRÔLES TATILLONS
Ces allégations sont qualifiées de "non-sens" par les autorités
israéliennes, qui insistent sur le caractère "technique et
bureaucratique" des contretemps observés. Toutefois, des responsables
du ministère des affaires étrangères israélien ont reconnu, dans le
quotidien Maariv, que les retards dans la délivrance de visas étaient
devenus plus criants ces derniers temps et que des personnes
attendaient un permis "durant des mois, sans raison, alors qu'il ne
fait aucun doute qu'elles travaillent pour des Eglises". "Cela
provoque une crise avec la communauté chrétienne à travers le monde
et des gens estiment que nous violons les conventions internationales
en ne respectant pas la liberté de culte", ont-ils également admis.
Le représentant du Vatican en Israël a d'ailleurs adressé une lettre
au premier ministre israélien, ainsi qu'aux ministres de l'intérieur
et des affaires étrangères, pour leur faire part de son indignation
face aux humiliations subies par des religieux à travers le pays.
A plusieurs reprises, en effet, des religieux en attente du
renouvellement de leur visa ont subi des contrôles tatillons de la
part des services de sécurité israéliens. Dernièrement, dans un
centre commercial de Jérusalem, 23 sœurs, qui disposaient d'un
document du ministère de l'intérieur attestant leur demande de visa,
ont été alignées contre un mur par des membres de la police des
frontières et priées d'attendre des vérifications complémentaires. A
Tel-Aviv, un moine polonais franciscain n'a échappé à une reconduite
à la frontière qu'après l'intervention du ministère des affaires
étrangères.
Stéphanie Le Bars