L'Humanité
18 août 2004
L'homme - du jour Julien Lauprêtre
Ils débarquent aujourd'hui. Cinq mille enfants, sur les plages
normandes, armés de pelles et de sceaux, prêts à dresser un mur de
l'Atlantique en ptés. De sable. S'il faut un responsable à ce
déferlement cocasse, il est le coupable indiqué. Julien Lauprêtre
dirige depuis cinquante années le Secours populaire français qui
organise cette journée à la mer. Une initiative renouvelée depuis
1979, dans le cadre de la Journée des oubliés des vacances,
échantillon de la solidarité concrète que l'homme prétend faire vivre
via son association. Une part d'humanité qu'il porte en boutonnière.
En 1998, Geneviève Anthonioz-de Gaulle, présidente d'ATD quart-monde,
la lui a agrafée au revers de sa veste. Une larme rouge, qui rappelle
son présent engagé. Mais aussi son passé. Titi parisien, fils de
cheminot, Julien est déjà vitrier quand les forces nazies prennent
possession de Paris. Avec une bande de potes, il monte un réseau de
résistants et rejoint les Jeunesses communistes. Il sera arrêté en
novembre 1943. L'anecdote est connue de beaucoup: emprisonné, il est
embastillé dans la même cellule que Manouchian et sa bande. «Mais je
ne le savais pas», précise-t-il quand il raconte l'histoire. Il ne
l'apprendra que plus tard, en voyant l'Affiche rouge. «Il faut
continuer la lutte», l'aurait encouragé le résistant arménien. Un
conseil que Julien Lauprêtre, à soixante-dix-huit ans passés, n'a pas
encore omis. Pas plus que la recommandation prodiguée par un
instituteur. «Bon, mais peut mieux faire.» Il s'en est, dit-il, fait
une devise.
M.-N. B.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
18 août 2004
L'homme - du jour Julien Lauprêtre
Ils débarquent aujourd'hui. Cinq mille enfants, sur les plages
normandes, armés de pelles et de sceaux, prêts à dresser un mur de
l'Atlantique en ptés. De sable. S'il faut un responsable à ce
déferlement cocasse, il est le coupable indiqué. Julien Lauprêtre
dirige depuis cinquante années le Secours populaire français qui
organise cette journée à la mer. Une initiative renouvelée depuis
1979, dans le cadre de la Journée des oubliés des vacances,
échantillon de la solidarité concrète que l'homme prétend faire vivre
via son association. Une part d'humanité qu'il porte en boutonnière.
En 1998, Geneviève Anthonioz-de Gaulle, présidente d'ATD quart-monde,
la lui a agrafée au revers de sa veste. Une larme rouge, qui rappelle
son présent engagé. Mais aussi son passé. Titi parisien, fils de
cheminot, Julien est déjà vitrier quand les forces nazies prennent
possession de Paris. Avec une bande de potes, il monte un réseau de
résistants et rejoint les Jeunesses communistes. Il sera arrêté en
novembre 1943. L'anecdote est connue de beaucoup: emprisonné, il est
embastillé dans la même cellule que Manouchian et sa bande. «Mais je
ne le savais pas», précise-t-il quand il raconte l'histoire. Il ne
l'apprendra que plus tard, en voyant l'Affiche rouge. «Il faut
continuer la lutte», l'aurait encouragé le résistant arménien. Un
conseil que Julien Lauprêtre, à soixante-dix-huit ans passés, n'a pas
encore omis. Pas plus que la recommandation prodiguée par un
instituteur. «Bon, mais peut mieux faire.» Il s'en est, dit-il, fait
une devise.
M.-N. B.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress