La Nouvelle République du Centre Ouest
25 août 2004
La foule en liesse acclama la 2e DB
Après quatre années d'occupation, et une semaine de grèves,
barricades et combats de rue, le peuple parisien a retrouvé, en
s'insurgeant contre l'occupant allemand, la ferveur des grandes
heures révolutionnaires...
Paris s'est libéré tout seul. Enfin, presque. Quand le vendredi 25
août 1944, sous un soleil radieux, les chars de la 2e DB martèlent le
pavé parisien, la capitale s'est déjà soulevée depuis une semaine.
Qui tiendra Paris tiendra la France, disait-on. D'où des divergences,
non sans arrière-pensées politiques, sur les modalités de sa
libération, entre les Alliés, la résistance extérieure et les
résistants parisiens. Eisenhower préfère encercler la capitale. A la
tête du gouvernement provisoire, installé à Alger, de Gaulle plaide
pour une action rapide en direction de Paris. D'autant que
Rol-Tanguy, chef communiste des FFI, ardent partisan d'un soulèvement
immédiat, proclame le 18 août la mobilisation générale : « Français,
tous au combat ! » La grève est générale : ni transports, ni gaz, ni
électricité, ni courrier. Les journaux de la collaboration sont
remplacés par ceux de la clandestinité. Le chef des SS fuit la
capitale, Pierre Laval s'enfuit sous escorte allemande, il n'y a plus
de gouvernement. Les Allemands - 16.000 hommes, 80 chars et une
soixantaine de canons - sont depuis le 9 août sous le commandement du
général von Choltitz, installé à l'hôtel Meurice, rue de Rivoli.
Désorganisés, ils sont vite confinés par les FFI à quelques points
d'appui : École militaire, Luxembourg, Concorde, Opéra, République...
Aux ordres successifs d'Hitler de transformer Paris en un « champ de
ruines », von Choltitz n'obéira pas, jugeant ce projet insensé et
irréalisable.
Mairies, commissariats, bureaux de poste sont investis par les
résistants qui s'arment progressivement. De son PC souterrain de la
place Denfert-Rochereau, le colonel Rol coordonne les actions. Le
dimanche 20, des haut-parleurs annoncent un cessez-le-feu. Les
Parisiens achètent à la sauvette cocardes et drapeaux tricolores. Les
Allemands plient bagage et la Gestapo brûle ses dossiers sur les
pavés de la rue des Saussaies. Obtenue la veille au soir par le
consul général de Suède, Raoul Nordling, la trêve, rejetée avec force
par les mouvements de la Résistance intérieure, est rompue au bout de
24 heures. Les combats reprennent. Des barricades surgissent partout.
Les résistants étendent leur contrôle sur des quartiers entiers et
tiennent l'Hôtel de Ville. Le 23 août, les affrontements se
poursuivent.
Depuis l'aube, la 2e DB de Leclerc est en route vers Chartres et
Rambouillet. Le lendemain soir, une colonne blindée, composée de
pionniers espagnols et commandée par le capitaine Raymond Dronne, est
la première à pénétrer dans Paris : la nuit tombe, la foule en liesse
acclame les libérateurs et monte à l'assaut des véhicules. La radio
annonce la nouvelle, les cloches des églises sonnent à toute volée.
Le détachement parvient à l'Hôtel de Ville, guidé par un motocycliste
d'origine arménienne. Il est 21 h 20 à la grande horloge.
Au matin du vendredi 25, les chars Sherman de la division Leclerc
entrent dans Paris en trois colonnes par le sud et l'ouest qui se
rejoignent place de la Concorde. A midi, le drapeau français flotte
sur la tour Eiffel. L'unité du colonel Billotte prend d'assaut
l'hôtel Meurice et obtient la reddition de von Choltitz. Celui-ci
signe son acte de capitulation vers 15 h 30 à la préfecture de
police, en présence de Leclerc. Quelques instants plus tard, au PC de
Leclerc, gare Montparnasse, le général allemand rédige ses ordres de
cessez-le-feu.
Une marée humaine sur les Champs-Élysées
C'est là que Leclerc consent à faire signer au colonel Rol-Tanguy,
chef des insurgés parisiens, l'acte de reddition, avant que ne les
rejoigne le général de Gaulle, arrivé de Rambouillet. Le chef de la
France libre reprochera à Leclerc d'avoir laissé le résistant
communiste signer un exemplaire de l'acte de capitulation... Puis il
se rend à l'Hôtel de Ville où l'attend le Conseil national de la
Résistance rassemblé autour de son chef, Georges Bidault. De Gaulle
refuse de proclamer une République qui, pour lui, « n'a jamais cessé
d'exister ». Il rend hommage à la capitale, et, bras ouverts, salue
depuis un balcon les Parisiens qui l'acclament.
Pendant ce temps, dans le centre de Paris, de mystérieux coups de feu
partent des toits et des fenêtres. Les FFI poursuivent les tireurs.
Certains sont lynchés par la foule... tandis que de nombreuses
femmes, accusées de collaboration, sont tondues. La Libération de
Paris connaîtra aussi sa face noire. Mais le samedi 26 août au matin,
c'est la joie qui est de mise : de Gaulle descend les Champs-Élysées
escorté par une marée humaine. Jusqu'au 30 des combats sporadiques se
poursuivront dans la capitale. Au total, la « bataille de Paris »
aura coûté la vie à près de 1.000 FFI, 130 soldats de la 2e DB, près
de 600 civils, et à plus de 3.000 soldats allemands.
GRAPHIQUE: Image: Le lendemain, de Gaulle passe devant l'Arc de
triomphe avant de descendre les Champs-Élysées.
25 août 2004
La foule en liesse acclama la 2e DB
Après quatre années d'occupation, et une semaine de grèves,
barricades et combats de rue, le peuple parisien a retrouvé, en
s'insurgeant contre l'occupant allemand, la ferveur des grandes
heures révolutionnaires...
Paris s'est libéré tout seul. Enfin, presque. Quand le vendredi 25
août 1944, sous un soleil radieux, les chars de la 2e DB martèlent le
pavé parisien, la capitale s'est déjà soulevée depuis une semaine.
Qui tiendra Paris tiendra la France, disait-on. D'où des divergences,
non sans arrière-pensées politiques, sur les modalités de sa
libération, entre les Alliés, la résistance extérieure et les
résistants parisiens. Eisenhower préfère encercler la capitale. A la
tête du gouvernement provisoire, installé à Alger, de Gaulle plaide
pour une action rapide en direction de Paris. D'autant que
Rol-Tanguy, chef communiste des FFI, ardent partisan d'un soulèvement
immédiat, proclame le 18 août la mobilisation générale : « Français,
tous au combat ! » La grève est générale : ni transports, ni gaz, ni
électricité, ni courrier. Les journaux de la collaboration sont
remplacés par ceux de la clandestinité. Le chef des SS fuit la
capitale, Pierre Laval s'enfuit sous escorte allemande, il n'y a plus
de gouvernement. Les Allemands - 16.000 hommes, 80 chars et une
soixantaine de canons - sont depuis le 9 août sous le commandement du
général von Choltitz, installé à l'hôtel Meurice, rue de Rivoli.
Désorganisés, ils sont vite confinés par les FFI à quelques points
d'appui : École militaire, Luxembourg, Concorde, Opéra, République...
Aux ordres successifs d'Hitler de transformer Paris en un « champ de
ruines », von Choltitz n'obéira pas, jugeant ce projet insensé et
irréalisable.
Mairies, commissariats, bureaux de poste sont investis par les
résistants qui s'arment progressivement. De son PC souterrain de la
place Denfert-Rochereau, le colonel Rol coordonne les actions. Le
dimanche 20, des haut-parleurs annoncent un cessez-le-feu. Les
Parisiens achètent à la sauvette cocardes et drapeaux tricolores. Les
Allemands plient bagage et la Gestapo brûle ses dossiers sur les
pavés de la rue des Saussaies. Obtenue la veille au soir par le
consul général de Suède, Raoul Nordling, la trêve, rejetée avec force
par les mouvements de la Résistance intérieure, est rompue au bout de
24 heures. Les combats reprennent. Des barricades surgissent partout.
Les résistants étendent leur contrôle sur des quartiers entiers et
tiennent l'Hôtel de Ville. Le 23 août, les affrontements se
poursuivent.
Depuis l'aube, la 2e DB de Leclerc est en route vers Chartres et
Rambouillet. Le lendemain soir, une colonne blindée, composée de
pionniers espagnols et commandée par le capitaine Raymond Dronne, est
la première à pénétrer dans Paris : la nuit tombe, la foule en liesse
acclame les libérateurs et monte à l'assaut des véhicules. La radio
annonce la nouvelle, les cloches des églises sonnent à toute volée.
Le détachement parvient à l'Hôtel de Ville, guidé par un motocycliste
d'origine arménienne. Il est 21 h 20 à la grande horloge.
Au matin du vendredi 25, les chars Sherman de la division Leclerc
entrent dans Paris en trois colonnes par le sud et l'ouest qui se
rejoignent place de la Concorde. A midi, le drapeau français flotte
sur la tour Eiffel. L'unité du colonel Billotte prend d'assaut
l'hôtel Meurice et obtient la reddition de von Choltitz. Celui-ci
signe son acte de capitulation vers 15 h 30 à la préfecture de
police, en présence de Leclerc. Quelques instants plus tard, au PC de
Leclerc, gare Montparnasse, le général allemand rédige ses ordres de
cessez-le-feu.
Une marée humaine sur les Champs-Élysées
C'est là que Leclerc consent à faire signer au colonel Rol-Tanguy,
chef des insurgés parisiens, l'acte de reddition, avant que ne les
rejoigne le général de Gaulle, arrivé de Rambouillet. Le chef de la
France libre reprochera à Leclerc d'avoir laissé le résistant
communiste signer un exemplaire de l'acte de capitulation... Puis il
se rend à l'Hôtel de Ville où l'attend le Conseil national de la
Résistance rassemblé autour de son chef, Georges Bidault. De Gaulle
refuse de proclamer une République qui, pour lui, « n'a jamais cessé
d'exister ». Il rend hommage à la capitale, et, bras ouverts, salue
depuis un balcon les Parisiens qui l'acclament.
Pendant ce temps, dans le centre de Paris, de mystérieux coups de feu
partent des toits et des fenêtres. Les FFI poursuivent les tireurs.
Certains sont lynchés par la foule... tandis que de nombreuses
femmes, accusées de collaboration, sont tondues. La Libération de
Paris connaîtra aussi sa face noire. Mais le samedi 26 août au matin,
c'est la joie qui est de mise : de Gaulle descend les Champs-Élysées
escorté par une marée humaine. Jusqu'au 30 des combats sporadiques se
poursuivront dans la capitale. Au total, la « bataille de Paris »
aura coûté la vie à près de 1.000 FFI, 130 soldats de la 2e DB, près
de 600 civils, et à plus de 3.000 soldats allemands.
GRAPHIQUE: Image: Le lendemain, de Gaulle passe devant l'Arc de
triomphe avant de descendre les Champs-Élysées.