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A Paris, M. Chirac salue une "France enfin rassemblee"

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    Le Monde, France
    jeudi 26 Août 2004


    A Paris, M. Chirac salue une "France enfin rassemblée"

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    Le chef de l'Etat a célébré, mercredi 25 août, le 60e anniversaire
    de la libération de la capitale. Il a rendu hommage "à celles et ceux
    qui ont dit non". Fustigeant l'"abjection antisémite", M. Delanoë a
    appelé à "faire vivre l'héritage" des libérateurs.
    Le président de la République, Jacques Chirac, a assisté, mercredi 25
    août, à l'invitation du maire de Paris, Bertrand Delanoë, à la
    cérémonie officielle, très solennelle, de commémoration de la
    Libération de Paris, qui s'est tenue, en fin d'après-midi, sur le
    parvis de l'Hôtel de Ville. Un lieu symbolique, puisque c'est là que
    le général de Gaulle, il y a soixante ans, avait évoqué "Paris
    outragé, Paris martyrisé mais Paris... libéré !".

    Devant les 4 000 invités du maire et de nombreux parisiens massés,
    malgré la pluie, sur l'avenue Victoria et la rue de Rivoli, le chef
    de l'Etat s'est livré à un long rappel historique, invitant le
    "peuple de France" à se souvenir "de cette journée qui a forgé notre
    histoire". "N'oublions jamais, a-t-il lancé, qu'ils l'ont fait pour
    que la France redevienne elle-même, forte de ses valeurs d'égalité,
    de justice et de liberté, valeurs qui fondent notre Nation.
    N'oublions jamais que c'est nous maintenant qui avons le devoir de
    porter et de défendre ces valeurs."

    Le chef de l'Etat a évoqué "la haute silhouette"du général de Gaulle,
    " qu'une foule vibrante d'allégresse porte sur les Champs- Elysées
    jusqu'à Notre-Dame" mais il a aussi rendu un hommage appuyé au
    colonel Rol-Tanguy, chef des FFI d'Ile-de-France, qui sera, a-t-il
    souligné, "par son intelligence et son patriotisme ardent, l'me de
    l'insurrection (...) ce combattant qui, dès 1940, a rappelé le chef
    de l'Etat, a choisi la clandestinité plutôt que l'asservissement".

    "Ces journées marquent la victoire de tout un peuple", a déclaré le
    président de la République en invoquant la "cohésion nationale, si
    longtemps rêvée" pendant l'Occupation et "poursuivie dans l'ombre par
    les fédérateurs de la Résistance. Elles marquent, a-t-il poursuivi,
    la victoire de toute la France sur ses déchirements, ses luttes
    intestines, ses renoncements. La victoire de la France sur elle-même,
    d'une France enfin rassemblée, qui a vaincu ses divisions pour s'unir
    fraternellement autour de ses valeurs et d'une ambition nouvelle pour
    la Nation". Il a, ensuite, rendu hommage "à celles et à ceux qui ont
    dit "non". Non au renoncement, à l'abandon, à l'abaissement. Non à la
    barbarie, au nazisme qui fut la négation même des valeurs les plus
    sacrées de l'humanité".

    Sans prononcer les mots, le chef de l'Etat a terminé son discours en
    évoquant, implicitement, les actes antisémites et racistes qui ont
    sévi ces derniers mois en France. Il a appelé "nos compatriotes, et
    notamment les plus jeunes d'entre eux, à l'esprit de résistance pour
    faire barrage au mépris, à cette haine de l'autre, toujours à
    l'`uvre, qui est la face la plus sombre de l'me humaine".

    Précédant celle du chef de l'Etat, l'allocution du maire de Paris a
    été introduite par un hommage à la mémoire des déportés, accompagné
    de documents photographiques sur les camps. La dernière lettre de Guy
    Môquet, résistant fusillé à 17 ans le 22 octobre 1941, ainsi que le
    dernier message de Missak Manouchian, figure de proue de "l'Affiche
    rouge" et fusillé le 21 février 1944, ont été lus par le comédien
    Francis Huster. Comme le chef de l'Etat, le maire de Paris s'est
    attaché à jeter un pont entre passé et présent. "Antisémitisme",
    "racisme" "rejet de l'autre en raison de son identité", M. Delanoë a,
    lui, prononcé les mots, et plusieurs fois. Après avoir, en appuyant,
    remercié M. Chirac d'avoir "accepté -son- invitation" le maire de
    Paris a attaqué son discours en évoquant le peuple de Paris du mois
    d'août 1944, "qui a subi humiliations, privations et douleurs
    auxquelles se mêlent l'abjection antisémite et les déportations".

    M. Delanoë a ensuite évoqué la mémoire de "tant de héros magnifiques,
    célèbres ou anonymes (...) entrés dans l'histoire, Français de
    Londres ou FFI, combattants de la 2 e DB, citoyens (...), qui, a-t-il
    souligné, ont tous fait le choix de l'unité".

    "Parmi eux, a lancé l'élu socialiste, combien étaient nés loin de la
    terre de France ? Leur volonté de servir la dignité humaine et la
    liberté leur avait donné rendez-vous dans notre ville, dont ils ont
    rallumé les lumières. Nos amis américains, bien sûr, (...) sans
    lesquels rien n'eût été possible. Les républicains espagnols de la
    division Leclerc (...) mais aussi Arméniens, Polonais des légendaires
    FTP-MOI, Allemands antinazis ou Italiens antifascistes, tous se sont
    retrouvés dans ce mouvement en marche."

    "Le message de la Libération constitue le plus beau des legs, a
    souligné M. Delanoë. Et assurément le plus exigeant. Il sera le socle
    de la société française d'après-guerre, érigée sur les valeurs
    d'égalité et de solidarité. Aujourd'hui, a-t-il poursuivi, exprimer
    notre reconnaissance nous fait devoir d'être fidèles à ce message."
    Il a ensuite appeler à "faire vivre cet héritage, car, a-t-il
    insisté, c'est fournir à la jeunesse les armes qui préservent du
    poison totalitaire. C'est assumer notre rôle de passeurs déterminés
    et enthousiastes. Car l'oubli, l'indifférence ou, pire, la
    falsification sont des dangers permanents, à la racine de la
    barbarie, qu'elle prenne la forme de l'antisémitisme, du racisme ou
    du rejet de l'autre en raison de son identité."

    Le président de la République et le maire de Paris devaient se
    retrouver, jeudi 26 août, en fin d'après-midi, dans le 7e
    arrondissement de Paris, où doit être inaugurée une esplanade
    Jacques-Chaban-Delmas. Mercredi, dans son discours, le chef de l'Etat
    a rendu hommage à ce "grand résistant". M. Chirac a décidé d'être
    présent à cette inauguration, a annoncé, mercredi, l'Elysée, alors
    que, initialement, seuls Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin
    devaient y représenter le gouvernement.

    Christine Garin
    From: Baghdasarian
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