L'Expansion
1 décembre 2004
Arménie; Les patrons de la diaspora financent le réveil arménien
par Jean-Luc Barberi, à Erevan
Place de la République, à Erevan, une statue de Kirk Kerkorian,
enfant du pays et milliardaire américain, remplacera-t-elle un jour
celle de Lénine, abattue en 1991 lorsque l'Arménie est devenue
indépendante? Ce ne serait que justice. Car ce self-made-man
californien de 87 ans, capitaliste intraitable, roi de Las Vegas et
ancien gros actionnaire de DaimlerChrysler, dépense sans compter pour
embellir la capitale arménienne.
Par le biais de sa fondation Lincy, cet ancien laveur de carreaux
devenu la trente-troisième fortune des Etats-Unis a offert 170
millions de dollars en dix ans pour rénover les infrastructures du
pays. Il est loin d'être le seul. Si Erevan (1,2 million d'habitants)
va mieux, c'est notamment grce à la mobilisation de l'importante
diaspora arménienne - 3,5 millions de personnes dans le monde. Au
total, plusieurs dizaines de millions de dollars ont été récoltés
depuis une dizaine d'années. Et ça se voit. La plupart des centres
culturels, des thétres et des écoles de la capitale ont été rénovés
grce aux dons des patrons expatriés. Leurs fonds servent aussi à
financer de gros travaux d'infrastructures, comme l'actuelle
réfection des canalisations. Quant à Kerkorian, c'est lui qui a payé
la remise en état de la voirie et de l'éclairage du centre-ville. Un
changement majeur, rappelle un habitant, car, «voilà seulement quatre
ans, il n'y avait pas de lumière dans les rues.»
Aznavour et Alain Manoukian
Tout comme Kirk Kerkorian, Louise Manoogian Simone, présidente de
l'Union générale arménienne de bienfaisance (Ugab), basée à New York,
pilote la collecte de fonds aux Etats-Unis. Albert Boyadjian, roi du
pain industriel, et Hrayr Hovnanian, une pointure de l'informatique,
sont des contributeurs réguliers, comme l'Anglais Vatche Manoukian,
qui a facilité l'installation d'une filiale de la Banque HSBC. Tous
s'activent pour donner du tonus aux affaires de ce petit pays
caucasien de 3,6 millions d'habitants. Les Français ne sont pas en
reste. Parmi eux, le chanteur Charles Aznavour, bien sûr. «Beaucoup
de bienfaiteurs donnent par l'intermédiaire de notre association»,
rappelle Pierre Terzian, patron de la revue Pétrostratégies et
président du Fonds arménien de France. Le couturier Alain Manoukian
et le fabricant de lunettes Alain Mikli ont rejoint en 2003 les 13
000 familles françaises qui ont versé 1,5 million d'euros pour que
renaisse la «mère patrie».
1 décembre 2004
Arménie; Les patrons de la diaspora financent le réveil arménien
par Jean-Luc Barberi, à Erevan
Place de la République, à Erevan, une statue de Kirk Kerkorian,
enfant du pays et milliardaire américain, remplacera-t-elle un jour
celle de Lénine, abattue en 1991 lorsque l'Arménie est devenue
indépendante? Ce ne serait que justice. Car ce self-made-man
californien de 87 ans, capitaliste intraitable, roi de Las Vegas et
ancien gros actionnaire de DaimlerChrysler, dépense sans compter pour
embellir la capitale arménienne.
Par le biais de sa fondation Lincy, cet ancien laveur de carreaux
devenu la trente-troisième fortune des Etats-Unis a offert 170
millions de dollars en dix ans pour rénover les infrastructures du
pays. Il est loin d'être le seul. Si Erevan (1,2 million d'habitants)
va mieux, c'est notamment grce à la mobilisation de l'importante
diaspora arménienne - 3,5 millions de personnes dans le monde. Au
total, plusieurs dizaines de millions de dollars ont été récoltés
depuis une dizaine d'années. Et ça se voit. La plupart des centres
culturels, des thétres et des écoles de la capitale ont été rénovés
grce aux dons des patrons expatriés. Leurs fonds servent aussi à
financer de gros travaux d'infrastructures, comme l'actuelle
réfection des canalisations. Quant à Kerkorian, c'est lui qui a payé
la remise en état de la voirie et de l'éclairage du centre-ville. Un
changement majeur, rappelle un habitant, car, «voilà seulement quatre
ans, il n'y avait pas de lumière dans les rues.»
Aznavour et Alain Manoukian
Tout comme Kirk Kerkorian, Louise Manoogian Simone, présidente de
l'Union générale arménienne de bienfaisance (Ugab), basée à New York,
pilote la collecte de fonds aux Etats-Unis. Albert Boyadjian, roi du
pain industriel, et Hrayr Hovnanian, une pointure de l'informatique,
sont des contributeurs réguliers, comme l'Anglais Vatche Manoukian,
qui a facilité l'installation d'une filiale de la Banque HSBC. Tous
s'activent pour donner du tonus aux affaires de ce petit pays
caucasien de 3,6 millions d'habitants. Les Français ne sont pas en
reste. Parmi eux, le chanteur Charles Aznavour, bien sûr. «Beaucoup
de bienfaiteurs donnent par l'intermédiaire de notre association»,
rappelle Pierre Terzian, patron de la revue Pétrostratégies et
président du Fonds arménien de France. Le couturier Alain Manoukian
et le fabricant de lunettes Alain Mikli ont rejoint en 2003 les 13
000 familles françaises qui ont versé 1,5 million d'euros pour que
renaisse la «mère patrie».