Agence France Presse
3 décembre 2004 vendredi 3:17 AM GMT
Les nouveaux riches rachètent à haut prix l'art russe parti à l'Ouest
LONDRES 3 déc
Nouveaux riches et marchands d'art de Russie ont montré leur pouvoir
d'achat illimité et leur désir de reprendre possession de leur
patrimoine lors d'une série de ventes exceptionnelles de tableaux et
objets d'art russes cette semaine à Londres, qui ont affiché
plusieurs records.
Ouverte mardi avec des enchères chez MacDougall's et Christie's,
suivies de ventes chez Sotheby's, la "semaine russe" à Londres devait
s'achever vendredi avec une vente de vins de Crimée qui ont appartenu
jadis aux Tsars.
Réceptions, vernissages et razzias dans les boutiques de luxe ont
rythmé la semaine.
Dans les couloirs de Sotheby's, située dans l'artère du luxe de New
Bond Street, tout le monde parle russe. Des tableaux de peintres
russes de toutes époques sont accrochés aux murs tapissés de rouge de
la salle des ventes.
Des beautés slaves longilignes aux longs cheveux blonds, en manteaux
de fourrure, notent avec leur stylo Montblanc les enchères des pièces
d'argenterie, émaux et porcelaines. Leurs maris, jeunes et trapus, en
col roulé et vestes de cuir, passent leurs ordres, le téléphone
portable vissé à l'oreille.
"J'ai acheté un tableau d'Ivan Aivazovski. Je le collectionne depuis
vingt-cinq ans. Je vais partout pour l'acheter. Mais les Russes et
les Arméniens adorent ce peintre et, comme ils font fortune partout
dans le monde, les prix ont été multipliés par dix ces dernières
années", explique un collectionneur de 49 ans venu spécialement de
New York.
Plusieurs tableaux de ce peintre spécialisé dans les marines se sont
classés dans les dix meilleures ventes de Sotheby's comme de
Christie's. L'un d'eux, "St Isaac on a frosty day" s'est adjugé à 1,6
million d'euros, un record.
"J'ai aussi acheté un service de Fabergé (joaillier fournisseur des
familles royales). Ce n'était pas prévu, mais il a plu à ma femme",
explique le même collectionneur, dont les arrière-arrières
grands-parents ont quitté l'Arménie en 1915, pour échapper aux
massacres. Comme la plupart des acheteurs, il tient à son anonymat.
L'envolée récente des prix a encouragé Christie's à se développer sur
le marché de l'art russe, jusqu'ici dominé par Sotheby's. Une
nouvelle maison spécialisée, MacDougall's, a organisé sa première
vente, espérant profiter de l'essor du marché à Londres.
"Les émigrants russes après la révolution de 1917 parlaient français
et se sont installés en France. Aujourd'hui les Russes parlent
anglais et viennent en Grande-Bretagne faire leur shopping et y faire
éduquer leurs enfants dans les pensionnats privés anglais", explique
William MacDougall.
"Ils sont venus pour acheter de quoi décorer leurs maisons à Moscou,
à Londres ou dans le sud de la France", explique cet ancien
gestionnaire de fonds de la City, qui a ouvert sa maison de vente
avec sa femme russe, Catherine.
Londres est un refuge prisé des "oligarques", milliardaires récents à
la réputation sulfureuse, à l'instar du magnat du pétrole Roman
Abramovitch ou de Boris Berezovski, recherché par Moscou, qui a
obtenu l'asile politique en Grande-Bretagne.
"Les nouveaux riches ont des moyens illimités et des connaissances en
art limitées, ils achètent au plus cher pour impressionner leurs
amis. Lors des enchères les plus élevées, il y avait des
applaudissements dans la salle", explique à l'AFP le prince Nikita
Lobanov-Rostovsky, dont la collection d'art russe est très renommée.
Beaucoup des oeuvres en vente étaient parties en Occident lorsque
l'aristocratie russe a émigré après la révolution de 1917.
"Ils redécouvrent leur patrimoine et ont maintenant l'argent pour le
racheter. Les Russes aiment l'art et sont passionnés par leur propre
Histoire. Maintenant qu'ils ont de l'argent, vous voyez le résultat",
explique de son côté Michael Bing, qui menait les enchères chez
Sotheby's.
3 décembre 2004 vendredi 3:17 AM GMT
Les nouveaux riches rachètent à haut prix l'art russe parti à l'Ouest
LONDRES 3 déc
Nouveaux riches et marchands d'art de Russie ont montré leur pouvoir
d'achat illimité et leur désir de reprendre possession de leur
patrimoine lors d'une série de ventes exceptionnelles de tableaux et
objets d'art russes cette semaine à Londres, qui ont affiché
plusieurs records.
Ouverte mardi avec des enchères chez MacDougall's et Christie's,
suivies de ventes chez Sotheby's, la "semaine russe" à Londres devait
s'achever vendredi avec une vente de vins de Crimée qui ont appartenu
jadis aux Tsars.
Réceptions, vernissages et razzias dans les boutiques de luxe ont
rythmé la semaine.
Dans les couloirs de Sotheby's, située dans l'artère du luxe de New
Bond Street, tout le monde parle russe. Des tableaux de peintres
russes de toutes époques sont accrochés aux murs tapissés de rouge de
la salle des ventes.
Des beautés slaves longilignes aux longs cheveux blonds, en manteaux
de fourrure, notent avec leur stylo Montblanc les enchères des pièces
d'argenterie, émaux et porcelaines. Leurs maris, jeunes et trapus, en
col roulé et vestes de cuir, passent leurs ordres, le téléphone
portable vissé à l'oreille.
"J'ai acheté un tableau d'Ivan Aivazovski. Je le collectionne depuis
vingt-cinq ans. Je vais partout pour l'acheter. Mais les Russes et
les Arméniens adorent ce peintre et, comme ils font fortune partout
dans le monde, les prix ont été multipliés par dix ces dernières
années", explique un collectionneur de 49 ans venu spécialement de
New York.
Plusieurs tableaux de ce peintre spécialisé dans les marines se sont
classés dans les dix meilleures ventes de Sotheby's comme de
Christie's. L'un d'eux, "St Isaac on a frosty day" s'est adjugé à 1,6
million d'euros, un record.
"J'ai aussi acheté un service de Fabergé (joaillier fournisseur des
familles royales). Ce n'était pas prévu, mais il a plu à ma femme",
explique le même collectionneur, dont les arrière-arrières
grands-parents ont quitté l'Arménie en 1915, pour échapper aux
massacres. Comme la plupart des acheteurs, il tient à son anonymat.
L'envolée récente des prix a encouragé Christie's à se développer sur
le marché de l'art russe, jusqu'ici dominé par Sotheby's. Une
nouvelle maison spécialisée, MacDougall's, a organisé sa première
vente, espérant profiter de l'essor du marché à Londres.
"Les émigrants russes après la révolution de 1917 parlaient français
et se sont installés en France. Aujourd'hui les Russes parlent
anglais et viennent en Grande-Bretagne faire leur shopping et y faire
éduquer leurs enfants dans les pensionnats privés anglais", explique
William MacDougall.
"Ils sont venus pour acheter de quoi décorer leurs maisons à Moscou,
à Londres ou dans le sud de la France", explique cet ancien
gestionnaire de fonds de la City, qui a ouvert sa maison de vente
avec sa femme russe, Catherine.
Londres est un refuge prisé des "oligarques", milliardaires récents à
la réputation sulfureuse, à l'instar du magnat du pétrole Roman
Abramovitch ou de Boris Berezovski, recherché par Moscou, qui a
obtenu l'asile politique en Grande-Bretagne.
"Les nouveaux riches ont des moyens illimités et des connaissances en
art limitées, ils achètent au plus cher pour impressionner leurs
amis. Lors des enchères les plus élevées, il y avait des
applaudissements dans la salle", explique à l'AFP le prince Nikita
Lobanov-Rostovsky, dont la collection d'art russe est très renommée.
Beaucoup des oeuvres en vente étaient parties en Occident lorsque
l'aristocratie russe a émigré après la révolution de 1917.
"Ils redécouvrent leur patrimoine et ont maintenant l'argent pour le
racheter. Les Russes aiment l'art et sont passionnés par leur propre
Histoire. Maintenant qu'ils ont de l'argent, vous voyez le résultat",
explique de son côté Michael Bing, qui menait les enchères chez
Sotheby's.