Paris-Normandie
9 décembre 2004
Le français est une langue étrangère
par Bertrand Pascale
Plus de quinze nationalités sont parfois recensées dans un même
collège. Un casse-tête pour les éducateurs qui accueillent avec
bonheur ces élèves étrangers.
C'est une classe particulière: neuf nationalités différentes pour
treize élèves. A lui seul, Timour parle quatre langues: anglais,
arménien, russe, ezid (dialecte des Kurdes non musulmans). Un
surdoué? Non. Juste un adolescent de 16 ans, Arménien arrivé en
France avec sa famille en décembre 2003 et dans la classe de
Christine Loudière en février dernier.
Cette classe du collège Charles-Gounod, à Canteleu, ne compte guère
plus de dix élèves à la fois. Pour eux, l'apprentissage du français
est le gage d'un avenir meilleur et leur envie de réussite se lit sur
les visages. Alexander, grand gaillard venu de Russie, veut faire des
études d'architecture. Timour sera médecin ou avocat.
Principe d'intégration
Rattachés à d'autres classes, parfois dans d'autres établissements de
l'agglomération, ces élèves viennent à Canteleu (1) quelques
semaines, quelques mois, rarement plus d'un an. Au début, ils ont 9
heures de français par semaine. Les progrès venant, ils ne suivent
plus que 6, puis 3 heures de cours en F.L.E., explique le principal
du collège, Philippe Lemaitre. Avec ce fonctionnement, l'Éducation
nationale fait depuis septembre le pari de l'immersion: deux fois
moins de français qu'auparavant, mais une vie scolaire qui doit
compenser.
Dans ma classe, seul le français est autorisé, prévient l'enseignante
F.L.E. (français langue étrangère). Mais parfois, il faut bien faire
des entorses. Imaginez, l'an dernier, j'avais des enfants venant
d'Afrique, d'Europe de l'Est, de Chine. J'ai aussi des élèves qui,
compte tenu de l'insécurité régnant dans leur pays, n'allaient pas à
l'école, explique Christine Loudière, en joignant toujours le geste à
la parole: ‚a aide quand les mots manquent. Ensemble, ils découvrent
aussi que les langues se mélangent. Adem explique qu'un mot français
vient du turc. Alexander raconte ce que sont les cosaques en V.O. Et
chacun apprend à se comprendre.
Dès qu'ils commencent à communiquer en français, les élèves
rejoignent le cours normal de leur scolarité: En général, ils
commencent par l'éducation physique, puis ce sont les cours de langue
vivante et de mathématiques, explique le principal.
Avec 19/20 en maths, Alexander ne vient plus que 3 ou 4 h par semaine
aux cours de Christine Loudière. Il a déjà intégré le cours
d'allemand et d'anglais en 3e5. L'an prochain, les portes du lycée
lui sont ouvertes. Alexander aura perdu un an dans sa scolarité, mais
en dix-huit mois, à force d'un travail qui laisse perplexes ses
éducateurs (Ils travaillent tous tout le temps, dixit leurs
professeurs), l'adolescent aura réussi son intégration scolaire.
P. B.
(1) - Le collège Charles-Gounod à Canteleu, comme Louise-Michel à
Saint-Etienne-du-Rouvray, Edouard-Branly au Grand-Quevilly et
Georges-Braque et Paul-Claudel à Rouen, accueille des élèves en
F.L.E. dans l'agglomération de Rouen.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
9 décembre 2004
Le français est une langue étrangère
par Bertrand Pascale
Plus de quinze nationalités sont parfois recensées dans un même
collège. Un casse-tête pour les éducateurs qui accueillent avec
bonheur ces élèves étrangers.
C'est une classe particulière: neuf nationalités différentes pour
treize élèves. A lui seul, Timour parle quatre langues: anglais,
arménien, russe, ezid (dialecte des Kurdes non musulmans). Un
surdoué? Non. Juste un adolescent de 16 ans, Arménien arrivé en
France avec sa famille en décembre 2003 et dans la classe de
Christine Loudière en février dernier.
Cette classe du collège Charles-Gounod, à Canteleu, ne compte guère
plus de dix élèves à la fois. Pour eux, l'apprentissage du français
est le gage d'un avenir meilleur et leur envie de réussite se lit sur
les visages. Alexander, grand gaillard venu de Russie, veut faire des
études d'architecture. Timour sera médecin ou avocat.
Principe d'intégration
Rattachés à d'autres classes, parfois dans d'autres établissements de
l'agglomération, ces élèves viennent à Canteleu (1) quelques
semaines, quelques mois, rarement plus d'un an. Au début, ils ont 9
heures de français par semaine. Les progrès venant, ils ne suivent
plus que 6, puis 3 heures de cours en F.L.E., explique le principal
du collège, Philippe Lemaitre. Avec ce fonctionnement, l'Éducation
nationale fait depuis septembre le pari de l'immersion: deux fois
moins de français qu'auparavant, mais une vie scolaire qui doit
compenser.
Dans ma classe, seul le français est autorisé, prévient l'enseignante
F.L.E. (français langue étrangère). Mais parfois, il faut bien faire
des entorses. Imaginez, l'an dernier, j'avais des enfants venant
d'Afrique, d'Europe de l'Est, de Chine. J'ai aussi des élèves qui,
compte tenu de l'insécurité régnant dans leur pays, n'allaient pas à
l'école, explique Christine Loudière, en joignant toujours le geste à
la parole: ‚a aide quand les mots manquent. Ensemble, ils découvrent
aussi que les langues se mélangent. Adem explique qu'un mot français
vient du turc. Alexander raconte ce que sont les cosaques en V.O. Et
chacun apprend à se comprendre.
Dès qu'ils commencent à communiquer en français, les élèves
rejoignent le cours normal de leur scolarité: En général, ils
commencent par l'éducation physique, puis ce sont les cours de langue
vivante et de mathématiques, explique le principal.
Avec 19/20 en maths, Alexander ne vient plus que 3 ou 4 h par semaine
aux cours de Christine Loudière. Il a déjà intégré le cours
d'allemand et d'anglais en 3e5. L'an prochain, les portes du lycée
lui sont ouvertes. Alexander aura perdu un an dans sa scolarité, mais
en dix-huit mois, à force d'un travail qui laisse perplexes ses
éducateurs (Ils travaillent tous tout le temps, dixit leurs
professeurs), l'adolescent aura réussi son intégration scolaire.
P. B.
(1) - Le collège Charles-Gounod à Canteleu, comme Louise-Michel à
Saint-Etienne-du-Rouvray, Edouard-Branly au Grand-Quevilly et
Georges-Braque et Paul-Claudel à Rouen, accueille des élèves en
F.L.E. dans l'agglomération de Rouen.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress