Agence France Presse
13 décembre 2004 lundi 12:53 PM GMT
Paris doit composer avec une opinion publique hostile à l'adhésion
turque (PAPIER D'ANGLE)
Par Suzette BLOCH
PARIS 13 déc
Une forte majorité de Français est hostile à l'entrée de la Turquie
dans l'Union Européenne, mettant les autorités françaises, qui y sont
au contraire favorables, dans une position délicate à la veille du
sommet européen des 16 et 17 décembre.
Un sondage publié lundi dans Le Figaro montre que 67% de Français se
déclarent opposés à une Turquie européenne. 39% d'entre eux
expliquent ce refus par le fait que "les droits de l'Homme n'y sont
toujours pas respectés" et 34% parce qu'il "y a trop de différences
religieuses et culturelles".
Les Français ne sont cependant pas fermés à la discussion puisque 54%
des sondés sont favorables à l'ouverture des négociations d'adhésion.
Cette hostilité contraint le gouvernement à répéter inlassablement
que "négociations d'adhésion" ne veut pas dire "adhésion" et que
toutes les options restent ouvertes.
"Ceux qui prétendent que la Turquie va inévitablement, dès demain
matin, entrer dans l'Union, mentent", a ainsi déclaré le ministre des
Affaires étrangères Michel Barnier lundi dans Le Parisien.
La France souhaite que le sommet européen qui décidera de l'ouverture
des négociations d'adhésion en fixe la date à fin 2005 ou début 2006
soit après le référendum sur la Constitution européenne. Elle veut
éviter que la question turque ne parasite le débat sur la
Constitution européenne, en apportant des arguments aux partisans de
son rejet.
Pour rassurer son opinion publique et sa classe politique, Paris
souhaite également que soit affirmé dans le texte du sommet européen
qu'il s'agit d'un processus ouvert, dont la conclusion n'est pas
garantie, et que soit mentionnée l'option possible d'un "partenariat"
privilégié UE-Turquie, en cas d'échec.
"La conclusion des négociations qui vont s'ouvrir n'est pas écrite.
C'est un processus dont le résultat n'est pas garanti d'avance: La
France souhaite d'ailleurs que ceci soit spécifié vendredi à
Bruxelles", a indiqué M. Barnier lundi.
Le président Jacques Chirac a déjà tenu à rassurer les Français en
leur promettant qu'ils seront de toute façon, le temps venu,
consultés par référendum sur l'adhésion de la Turquie.
Outre l'opinion publique, la classe politique est également
majoritairement opposée à l'adhésion de la Turquie, notamment au sein
de la droite qui est divisée sur cette question jusqu'au plus haut
niveau.
Jacques Chirac et Michel Barnier ont toujours défendu l'idée d'une
Turquie européenne, allant à l'encontre de l'UMP (Union pour un
mouvement populaire) qui s'est prononcé contre.
"Notre intérêt est qu'une Turquie intégrée soit, le jour venu, notre
frontière définitive au sud-est de l'Europe", a encore redit lundi M.
Barnier.
A gauche, le PS est plutôt favorable mais pose comme condition la
reconnaissance par Ankara du génocide arménien de 1915. Seuls les
Verts sont totalement en faveur de l'adhésion turque.
"Si un vote avait lieu actuellement, 80% des parlementaires français
voteraient contre", affirmait récemment un membre de l'entourage de
Michel Barnier. "Cette opposition est fondamentalement due à des
questions de religion", estimait-il.
Le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Jean-Pierre
Ricard, a annoncé cette semaine avoir envoyé une lettre au président
Chirac pour lui faire part de "l'inquiétude de l'Eglise catholique au
sujet du respect des droits fondamentaux en Turquie".
13 décembre 2004 lundi 12:53 PM GMT
Paris doit composer avec une opinion publique hostile à l'adhésion
turque (PAPIER D'ANGLE)
Par Suzette BLOCH
PARIS 13 déc
Une forte majorité de Français est hostile à l'entrée de la Turquie
dans l'Union Européenne, mettant les autorités françaises, qui y sont
au contraire favorables, dans une position délicate à la veille du
sommet européen des 16 et 17 décembre.
Un sondage publié lundi dans Le Figaro montre que 67% de Français se
déclarent opposés à une Turquie européenne. 39% d'entre eux
expliquent ce refus par le fait que "les droits de l'Homme n'y sont
toujours pas respectés" et 34% parce qu'il "y a trop de différences
religieuses et culturelles".
Les Français ne sont cependant pas fermés à la discussion puisque 54%
des sondés sont favorables à l'ouverture des négociations d'adhésion.
Cette hostilité contraint le gouvernement à répéter inlassablement
que "négociations d'adhésion" ne veut pas dire "adhésion" et que
toutes les options restent ouvertes.
"Ceux qui prétendent que la Turquie va inévitablement, dès demain
matin, entrer dans l'Union, mentent", a ainsi déclaré le ministre des
Affaires étrangères Michel Barnier lundi dans Le Parisien.
La France souhaite que le sommet européen qui décidera de l'ouverture
des négociations d'adhésion en fixe la date à fin 2005 ou début 2006
soit après le référendum sur la Constitution européenne. Elle veut
éviter que la question turque ne parasite le débat sur la
Constitution européenne, en apportant des arguments aux partisans de
son rejet.
Pour rassurer son opinion publique et sa classe politique, Paris
souhaite également que soit affirmé dans le texte du sommet européen
qu'il s'agit d'un processus ouvert, dont la conclusion n'est pas
garantie, et que soit mentionnée l'option possible d'un "partenariat"
privilégié UE-Turquie, en cas d'échec.
"La conclusion des négociations qui vont s'ouvrir n'est pas écrite.
C'est un processus dont le résultat n'est pas garanti d'avance: La
France souhaite d'ailleurs que ceci soit spécifié vendredi à
Bruxelles", a indiqué M. Barnier lundi.
Le président Jacques Chirac a déjà tenu à rassurer les Français en
leur promettant qu'ils seront de toute façon, le temps venu,
consultés par référendum sur l'adhésion de la Turquie.
Outre l'opinion publique, la classe politique est également
majoritairement opposée à l'adhésion de la Turquie, notamment au sein
de la droite qui est divisée sur cette question jusqu'au plus haut
niveau.
Jacques Chirac et Michel Barnier ont toujours défendu l'idée d'une
Turquie européenne, allant à l'encontre de l'UMP (Union pour un
mouvement populaire) qui s'est prononcé contre.
"Notre intérêt est qu'une Turquie intégrée soit, le jour venu, notre
frontière définitive au sud-est de l'Europe", a encore redit lundi M.
Barnier.
A gauche, le PS est plutôt favorable mais pose comme condition la
reconnaissance par Ankara du génocide arménien de 1915. Seuls les
Verts sont totalement en faveur de l'adhésion turque.
"Si un vote avait lieu actuellement, 80% des parlementaires français
voteraient contre", affirmait récemment un membre de l'entourage de
Michel Barnier. "Cette opposition est fondamentalement due à des
questions de religion", estimait-il.
Le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Jean-Pierre
Ricard, a annoncé cette semaine avoir envoyé une lettre au président
Chirac pour lui faire part de "l'inquiétude de l'Eglise catholique au
sujet du respect des droits fondamentaux en Turquie".