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La communaute armenienne se mobilise contre l'adhesion de la Turquie

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  • La communaute armenienne se mobilise contre l'adhesion de la Turquie

    Tageblatt, Luxemburg
    Mercredi 14 Dec. 2004

    La communauté arménienne se mobilise contre l'adhésion de la Turquie
    à l'UE

    Les 350.000 Arméniens de France, la plus importante communauté de la
    diaspora européenne, ne veulent pas, dans leur immense majorité,
    entendre parler d'une adhésion de la Turquie à l'UE sans
    reconnaissance préalable du génocide arménien.
    »Nous sommes inquiets, déclare Ara Toranian, président du Conseil de
    Coordination des Organisations Arméniennes de France (CCAF), et notre
    inquiétude se fonde sur le fait que non seulement la Turquie ne
    reconnaît pas le génocide de 1915 mais qu'en plus, elle pratique un
    négationisme actif. Ce négationisme, ajoute-t-il, c'est la
    continuation du génocide par d'autres moyens».

    Les massacres et déportations d'Arméniens sous l'Empire ottoman de
    1915 à 1917 ont fait 1,5 million de morts, selon les Arméniens. Le
    Parlement français a reconnu officiellement en 2001 qu'il s'agissait
    bien d'un génocide.

    La diaspora arménienne en France, citée souvent comme un modèle
    d'intégration, est la deuxième au monde après celle des Etats-Unis
    (900.000 personnes). Elle est constituée pour l'essentiel, remarque
    Claire Mouradian, chercheuse au CNRS, de rescapés du génocide et de
    leurs descendants.

    A la veille du sommet européen de Buxelles qui doit décider d'engager
    ou non des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE, la
    communauté arménienne de France se mobilise et organise une grande
    manifestation le 17 décembre à Bruxelles. Le Comité de défense de la
    cause arménienne (CDCA) a ainsi affrété un train à partir de la
    région de Marseille où vivent quelque 80.000 Arméniens. Au moins
    quinze autobus et de nombreuses voitures partiront par ailleurs de la
    région parisienne avec ce leitmotiv: »Non à l'entrée dans l'UE d'une
    Turquie négationiste!»

    L'unanimisme dans l'exigence de la reconnaissance du génocide par la
    Turquie est bien réel, confirme Jean-Claude Kebabdjian, président du
    Centre de recherches sur la diaspora arménienne, qui reconnaît
    appartenir à une minorité souhaitant privilégier le dialogue avec la
    Turquie. »La reconnaissance du génocide, a-t-il déclaré à l'AFP, est
    un préalable souhaitable mais, en même temps, il faut travailler sur
    le long terme. On n'aura pas de résultats miraculeux si on leur met
    le couteau sous la gorge».

    Mais, dit-il, le peuple turc ne peut rien construire »avec le cadavre
    d'un peuple dans sa cave».

    En juin 1987, le Parlement européen avait adopté une résolution
    faisant de la reconnaissance du génocide arménien une des conditions
    de l'entrée de la Turquie en Europe. En revanche, cette exigence n'a
    pas été retenue dans les critères de Copenhague qui fixent les
    conditions d'ouverture de négociations avec la Turquie.

    Le ministre des Affaires étrangères Michel Barnier a souligné mardi
    que la France »posera toutes les questions, notamment celle du
    génocide arménien (...), au long de cette négociation». »Je pense que
    le moment venu, la Turquie devra faire ce travail de mémoire», a-t-il
    ajouté.

    M. Kebabdjian, qui estime que le ministre français a posé là »une
    clause morale de salubrité publique», affirme également qu'»il faut
    laisser aux Turcs le temps de digérer leur histoire». »Les Arméniens
    développent une pathologie de victimes, les Turcs une pathologie de
    bourreaux. Il faudra bien guérir un jour ensemble», lance-t-il.

    »Illusoire», répond Ara Toranian, pour lequel »en 90 ans, les Turcs
    ont eu tout le temps de digérer».
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