Le Monde, France
mardi 14 décembre 2004
Jacques Chirac interpellé sur la question turque
Deux jours avant l'ouverture du sommet des Vingt-Cinq, la grande
majorité de la classe politique française souhaite que l'option d'un
partenariat privilégié entre la Turquie et l'Union européenne soit
offerte au côté de celle d'une adhésion pure et simple, si le sommet
européen des 16-17 décembre donne son feu vert à une ouverture des
négociations avec Ankara. Jacques Chirac doit expliquer la position
française mercredi soir sur TF1. .
Appels des partis. Le président du groupe PS à l'Assemblée nationale,
Jean-Marc Ayrault, qui soutient pourtant la candidature turque à
l'UE, a souhaité mardi 14 septembre que le président Jacques Chirac
"explique", lors de son entretien mercredi sur TF1, "pourquoi le
problème de la Turquie se pose".
"Il faut en parler sans jouer sur les peurs", a déclaré M. Ayrault
lors de son point de presse hebdomadaire à l'issue de la réunion du
groupe. Evoquant ce que "la Turquie peut apporter à l'Europe", M.
Ayrault a également jugé que ce pays avait "des progrès à faire
notamment en matière de droits de l'homme, de gestion de l'économie
et de transparence".
De son côté, le numéro 2 du PS, Laurent Fabius, a réaffirmé son
opposition à une adhésion de la Turquie à l'Union européenne, en
soulignant que "la meilleure solution" était "un partenariat
privilégié" entre l'UE et Ankara. "La population ne souhaite pas
l'adhésion, le Parlement ne souhaite pas l'adhésion, et l'adhésion
n'est pas de l'intérêt de l'Europe et de la France, c'est le
partenariat qui est la bonne solution", a déclaré M. Fabius dans les
couloirs de l'Assemblée à l'issue de la séance des questions
d'actualité.
Le président du Mouvement pour la France (MPF), Philippe de Villiers,
a souhaité mardi, dans un communiqué, que le président Jacques Chirac
réponde, lors de son entretien mercredi sur TF1, à plusieurs
inquiétudes suscitées, selon lui, par la candidature de la Turquie à
l'Union européenne.
Intervention du président de la République. Jacques Chirac devrait
expliquer mercredi soir sur TF1 la position de la France sur
l'adhésion de la Turquie. Le président de la République devrait
redire que l'adhésion de la Turquie est "souhaitable", soulignant que
l'objectif des négociations est bien l'entrée dans l'UE de ce pays
qui frappe depuis 40 ans à la porte de l'Europe. Mais M. Chirac
devrait surtout insister sur l'attitude prudente de la France et
mettre en avant l'hypothèse d'un "lien fort" avec Ankara, en cas
d'échec des négociations, soit clairement inscrit dans les
conclusions du sommet.
Paris veut aussi s'assurer que les multiples garde-fous envisagés par
la Commission européenne soient bien imposés à Ankara, de manière à
pouvoir suspendre à tout moment les négociations au cas où la Turquie
sortirait des rails, notamment en matière de droits de l'homme.
La diplomatie française a fait part publiquement de ses réticences,
ces derniers jours. Le ministre des affaires étrangères, Michel
Barnier, a relancé mardi la question du génocide arménien, déjà
évoquée lundi, en précisant que Paris n'en faisait pas un préalable
pour l'ouverture des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE
mais assurant qu'elle serait posée. "C'est une blessure qui ne
cicatrice pas" et "c'est une question que la France va poser, car
nous voulons une réponse", a déclaré mardi M. Barnier à l'Assemblée
nationale française. "Nous poserons toutes les questions, notamment
celle du génocide arménien, notamment celle de Chypre, au long de
cette négociation" d'adhésion de la Turquie, a-t-il dit.
La Turquie pour une "adhésion pleine". Face à ces réticences
exprimées par la France, mais aussi par l'Autriche, et face à
l'émergence de l'hypothèse d'un "partenariat privilégié", le premier
ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a lancé mardi un vibrant appel
aux dirigeants européens. "Nous n'accepterons aucune autre
perspective qu'une adhésion pleine", a-t-il déclaré dans un discours
devant le groupe parlementaire de son parti de la Justice et du
développement (AKP).
"J'espère que l'UE ne signera pas une erreur historique qui
affaiblirait ses propres fondations", a ajouté M. Erdogan, qui a
affirmé que son pays avait fait tout ce qui lui incombait, notamment
en adoptant les critères démocratiques dits de Copenhague.
"Maintenant, c'est à l'UE d'assumer ses responsabilités. Nous n'avons
rien laissé d'incomplet sur la table", a souligné M. Erdogan. Il a
également réitéré que la Turquie, pays musulman de plus de 70
millions d'habitants, n'accepterait pas de se voir imposer "de
nouvelles conditions" pour débuter les discussions. "Nous
n'accepterons pas une telle chose", a-t-il dit lors de son discours
plusieurs fois interrompu par des ovations, récusant avec force
l'idée d'un "partenariat privilégié" comme alternative à un échec des
futurs pourparlers d'intégration.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
mardi 14 décembre 2004
Jacques Chirac interpellé sur la question turque
Deux jours avant l'ouverture du sommet des Vingt-Cinq, la grande
majorité de la classe politique française souhaite que l'option d'un
partenariat privilégié entre la Turquie et l'Union européenne soit
offerte au côté de celle d'une adhésion pure et simple, si le sommet
européen des 16-17 décembre donne son feu vert à une ouverture des
négociations avec Ankara. Jacques Chirac doit expliquer la position
française mercredi soir sur TF1. .
Appels des partis. Le président du groupe PS à l'Assemblée nationale,
Jean-Marc Ayrault, qui soutient pourtant la candidature turque à
l'UE, a souhaité mardi 14 septembre que le président Jacques Chirac
"explique", lors de son entretien mercredi sur TF1, "pourquoi le
problème de la Turquie se pose".
"Il faut en parler sans jouer sur les peurs", a déclaré M. Ayrault
lors de son point de presse hebdomadaire à l'issue de la réunion du
groupe. Evoquant ce que "la Turquie peut apporter à l'Europe", M.
Ayrault a également jugé que ce pays avait "des progrès à faire
notamment en matière de droits de l'homme, de gestion de l'économie
et de transparence".
De son côté, le numéro 2 du PS, Laurent Fabius, a réaffirmé son
opposition à une adhésion de la Turquie à l'Union européenne, en
soulignant que "la meilleure solution" était "un partenariat
privilégié" entre l'UE et Ankara. "La population ne souhaite pas
l'adhésion, le Parlement ne souhaite pas l'adhésion, et l'adhésion
n'est pas de l'intérêt de l'Europe et de la France, c'est le
partenariat qui est la bonne solution", a déclaré M. Fabius dans les
couloirs de l'Assemblée à l'issue de la séance des questions
d'actualité.
Le président du Mouvement pour la France (MPF), Philippe de Villiers,
a souhaité mardi, dans un communiqué, que le président Jacques Chirac
réponde, lors de son entretien mercredi sur TF1, à plusieurs
inquiétudes suscitées, selon lui, par la candidature de la Turquie à
l'Union européenne.
Intervention du président de la République. Jacques Chirac devrait
expliquer mercredi soir sur TF1 la position de la France sur
l'adhésion de la Turquie. Le président de la République devrait
redire que l'adhésion de la Turquie est "souhaitable", soulignant que
l'objectif des négociations est bien l'entrée dans l'UE de ce pays
qui frappe depuis 40 ans à la porte de l'Europe. Mais M. Chirac
devrait surtout insister sur l'attitude prudente de la France et
mettre en avant l'hypothèse d'un "lien fort" avec Ankara, en cas
d'échec des négociations, soit clairement inscrit dans les
conclusions du sommet.
Paris veut aussi s'assurer que les multiples garde-fous envisagés par
la Commission européenne soient bien imposés à Ankara, de manière à
pouvoir suspendre à tout moment les négociations au cas où la Turquie
sortirait des rails, notamment en matière de droits de l'homme.
La diplomatie française a fait part publiquement de ses réticences,
ces derniers jours. Le ministre des affaires étrangères, Michel
Barnier, a relancé mardi la question du génocide arménien, déjà
évoquée lundi, en précisant que Paris n'en faisait pas un préalable
pour l'ouverture des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE
mais assurant qu'elle serait posée. "C'est une blessure qui ne
cicatrice pas" et "c'est une question que la France va poser, car
nous voulons une réponse", a déclaré mardi M. Barnier à l'Assemblée
nationale française. "Nous poserons toutes les questions, notamment
celle du génocide arménien, notamment celle de Chypre, au long de
cette négociation" d'adhésion de la Turquie, a-t-il dit.
La Turquie pour une "adhésion pleine". Face à ces réticences
exprimées par la France, mais aussi par l'Autriche, et face à
l'émergence de l'hypothèse d'un "partenariat privilégié", le premier
ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a lancé mardi un vibrant appel
aux dirigeants européens. "Nous n'accepterons aucune autre
perspective qu'une adhésion pleine", a-t-il déclaré dans un discours
devant le groupe parlementaire de son parti de la Justice et du
développement (AKP).
"J'espère que l'UE ne signera pas une erreur historique qui
affaiblirait ses propres fondations", a ajouté M. Erdogan, qui a
affirmé que son pays avait fait tout ce qui lui incombait, notamment
en adoptant les critères démocratiques dits de Copenhague.
"Maintenant, c'est à l'UE d'assumer ses responsabilités. Nous n'avons
rien laissé d'incomplet sur la table", a souligné M. Erdogan. Il a
également réitéré que la Turquie, pays musulman de plus de 70
millions d'habitants, n'accepterait pas de se voir imposer "de
nouvelles conditions" pour débuter les discussions. "Nous
n'accepterons pas une telle chose", a-t-il dit lors de son discours
plusieurs fois interrompu par des ovations, récusant avec force
l'idée d'un "partenariat privilégié" comme alternative à un échec des
futurs pourparlers d'intégration.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress