Turquie : débat sans passion au Parlement
Le Figaro
mardi 21 décembre 2004
Députés et sénateurs ont débattu aujourd'hui de l'ouverture des
négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne décidée
vendredi à Bruxelles, dans une atmosphère relativement atone dans les
deux chambres, faute de vote sur cette question et donc d'enjeu.
(Avec AFP.)
Les députés ont été avertis au dernier moment de cette séance
spéciale, comme le 14 octobre dernier lors du premier débat sans vote
sur les relations avec Ankara. (Photo Mustafa Ozer/AFP.)
Tour à tour, Jean-Pierre Raffarin a expliqué aux députés puis aux
sénateurs que «négociation n'était pas adhésion», dans le souci de
rassurer les parlementaires UMP opposés à une entrée d'Ankara dans
l'UE, conformément à la position du Conseil national de leur parti de
mai dernier.
«Il n'y a pas, je le dis clairement, automaticité de la négociation à
l'adhésion. Le processus va être long et durer au minimum dix ans
(...). Pour une raison simple: ni l'Europe ni la Turquie ne sont
prêtes aujourd'hui à une adhésion», a insisté le Premier ministre. Il
a en outre rappelé qu'en tout état de cause, les Français auraient
«le dernier mot» sur une éventuelle entrée d'Ankara dans l'Union, par
la voie d'un référendum promis par le président Jacques Chirac.
Exercice délicat pour M. Raffarin, contraint à un discours à la fois
audible par les parlementaires de l'UMP et compatible avec la
position du chef de l'Etat en faveur d'une adhésion de la Turquie.
Se faisant, il s'est attiré les critiques des socialistes mais aussi
celles des centristes dont le président François Bayrou s'est montré
particulièrement virulent vis-à-vis de Jacques Chirac et du
gouvernement.
«Décalage abyssal» entre le chef de l'Etat et le président de l'UMP
Nicolas Sarkozy, «grand concert de la discorde»: le président du
groupe socialiste à l'Assemblée Jean-Marc Ayrault a étrillé la
droite, avant de qualifier l'accord de Bruxelles «d'acte majeur».
Il a regretté néanmoins que le Conseil européen n'ait pas «clairement
signifié» au gouvernement turc que «la reconnaissance mutuelle entre
ses Etats-membres n'est pas négociable» face au refus de la Turquie
de reconnaître Chypre. Il a également déploré «l'interférence» des
Etats-Unis dans la négociation.
Très en verve, François Bayrou, qui réclame, en vain, depuis des mois
un vote des parlementaires sur une éventuelle adhésion de la Turquie
à l'UE, a dénoncé une «démocratie française concentrée, verrouillée,
et sans contre pouvoir».
«Les représentants du peuple sont écartés des sujets essentiels» et
«les 577 députés et 340 sénateurs» sont en fait «interdits
d'expression et d'engagement sur les sujets lourds, interdits
d'histoire», a-t-il lancé.
Il a rappelé qu'en cas de vote, les parlementaires auraient été
majoritairement contre une entrée de la Turquie dans l'Union. Manière
de signifier l'isolement du gouvernement face à sa majorité.
Pour les communistes, le président du groupe Alain Bocquet a accusé
la droite de «vouloir parasiter la question essentielle» du
référendum sur la Constitution européenne avec celle de la Turquie.
Alors qu'à l'Assemblée, le débat a duré une heure, le temps de la
séance des questions au gouvernement, au Sénat, les orateurs se sont
succédé à la tribune durant trois heures. Il est vrai que les
sénateurs n'avaient pas eu droit à une longue discussion sur le
sujet, comme cela avait été le cas pour le députés le 14 octobre.
Le débat n'y a pas été plus animé qu'à l'Assemblée. Seule l'annonce
par Jean-Pierre Raffarin de la libération des deux otages français en
Irak a déclenché des applaudissements sur tous les bancs.
--Boundary_(ID_SSZk9yE6RRXoOSNOyDvf+w)--
Le Figaro
mardi 21 décembre 2004
Députés et sénateurs ont débattu aujourd'hui de l'ouverture des
négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne décidée
vendredi à Bruxelles, dans une atmosphère relativement atone dans les
deux chambres, faute de vote sur cette question et donc d'enjeu.
(Avec AFP.)
Les députés ont été avertis au dernier moment de cette séance
spéciale, comme le 14 octobre dernier lors du premier débat sans vote
sur les relations avec Ankara. (Photo Mustafa Ozer/AFP.)
Tour à tour, Jean-Pierre Raffarin a expliqué aux députés puis aux
sénateurs que «négociation n'était pas adhésion», dans le souci de
rassurer les parlementaires UMP opposés à une entrée d'Ankara dans
l'UE, conformément à la position du Conseil national de leur parti de
mai dernier.
«Il n'y a pas, je le dis clairement, automaticité de la négociation à
l'adhésion. Le processus va être long et durer au minimum dix ans
(...). Pour une raison simple: ni l'Europe ni la Turquie ne sont
prêtes aujourd'hui à une adhésion», a insisté le Premier ministre. Il
a en outre rappelé qu'en tout état de cause, les Français auraient
«le dernier mot» sur une éventuelle entrée d'Ankara dans l'Union, par
la voie d'un référendum promis par le président Jacques Chirac.
Exercice délicat pour M. Raffarin, contraint à un discours à la fois
audible par les parlementaires de l'UMP et compatible avec la
position du chef de l'Etat en faveur d'une adhésion de la Turquie.
Se faisant, il s'est attiré les critiques des socialistes mais aussi
celles des centristes dont le président François Bayrou s'est montré
particulièrement virulent vis-à-vis de Jacques Chirac et du
gouvernement.
«Décalage abyssal» entre le chef de l'Etat et le président de l'UMP
Nicolas Sarkozy, «grand concert de la discorde»: le président du
groupe socialiste à l'Assemblée Jean-Marc Ayrault a étrillé la
droite, avant de qualifier l'accord de Bruxelles «d'acte majeur».
Il a regretté néanmoins que le Conseil européen n'ait pas «clairement
signifié» au gouvernement turc que «la reconnaissance mutuelle entre
ses Etats-membres n'est pas négociable» face au refus de la Turquie
de reconnaître Chypre. Il a également déploré «l'interférence» des
Etats-Unis dans la négociation.
Très en verve, François Bayrou, qui réclame, en vain, depuis des mois
un vote des parlementaires sur une éventuelle adhésion de la Turquie
à l'UE, a dénoncé une «démocratie française concentrée, verrouillée,
et sans contre pouvoir».
«Les représentants du peuple sont écartés des sujets essentiels» et
«les 577 députés et 340 sénateurs» sont en fait «interdits
d'expression et d'engagement sur les sujets lourds, interdits
d'histoire», a-t-il lancé.
Il a rappelé qu'en cas de vote, les parlementaires auraient été
majoritairement contre une entrée de la Turquie dans l'Union. Manière
de signifier l'isolement du gouvernement face à sa majorité.
Pour les communistes, le président du groupe Alain Bocquet a accusé
la droite de «vouloir parasiter la question essentielle» du
référendum sur la Constitution européenne avec celle de la Turquie.
Alors qu'à l'Assemblée, le débat a duré une heure, le temps de la
séance des questions au gouvernement, au Sénat, les orateurs se sont
succédé à la tribune durant trois heures. Il est vrai que les
sénateurs n'avaient pas eu droit à une longue discussion sur le
sujet, comme cela avait été le cas pour le députés le 14 octobre.
Le débat n'y a pas été plus animé qu'à l'Assemblée. Seule l'annonce
par Jean-Pierre Raffarin de la libération des deux otages français en
Irak a déclenché des applaudissements sur tous les bancs.
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