Agence France Presse
July 17, 2004 Saturday
Erdogan en France pour promouvoir la candidature turque a l'UE avant
decembre(AVANT-PAPIER)
Par Burak AKINCI
ANKARA
BODY: Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan effectue de lundi
a mercredi une visite officielle en France pour promouvoir aupres des
dirigeants francais la candidature de son pays a l'Union europeenne,
epineux sujet qui divise la scene politique francaise.
M. Erdogan doit s'entretenir avec son homologue Jean-Pierre Raffarin
au premier jour de sa visite et etre recu le lendemain a l'Elysee par
le president Jacques Chirac lors d'un dejeuner de travail.
"C'est une visite importante dans un Etat important de l'UE", a
precise un diplomate turc sous couvert d'anonymat. Outre la
candidature turque, les relations bilaterales et commerciales seront
egalement au menu des entretiens, a-t-on precise de meme source.
La Commission europeenne doit remettre en octobre sa recommandation
sur l'ouverture de negociations d'adhesion avec la Turquie, que
decideront ou non les dirigeants europeens en decembre.
La Turquie a obtenu le statut de candidat a l'UE en 1999.
Estimant avoir rempli les conditions politiques --les criteres de
Copenhague-- pour ouvrir ces negociations, le gouvernement de M.
Erdogan, qui dirige un parti issu de la mouvance islamiste, l'AKP, a
fait passer au parlement plusieurs reformes democratiques. Il espere
que ces discussions debuteront des debut 2005.
La question de l'entree dans l'UE de la Turquie, pays musulman mais
laieque de plus de 70 millions d'habitants, divise profondement les
opinions europeennes et les partis politiques francais.
Le 29 juin, lors du sommet de l'OTAN a Istanbul, M. Chirac avait
vivement critique la prise de position du president americain George
W. Bush en faveur d'une adhesion de la Turquie a l'UE, y voyant une
ingerence dans les affaires europeennes.
Le president francais avait toutefois juge "irreversible" la marche
d'Ankara vers l'UE, estimant que "la Turquie a une vocation
europeenne, historique, tres ancienne", meme si son parti, l'Union
pour la majorite presidentielle (UMP), s'est prononce contre une
adhesion.
L'entree de la Turquie dans l'UE signerait "a terme la fin de
l'Europe", avait declare le president de l'UMP, Alain Juppe,
proposant plutot pour Ankara la solution d'"un voisinage rapproche".
M. Erdogan doit avoir un tete-a-tete avec M. Juppe ainsi qu'avec le
president du parti centriste UDF Francois Bayrou et avec le premier
secretaire du parti socialiste (PS), Francois Hollande.
A la difference des partis de droite, le PS, premier parti
d'opposition en France, est favorable au principe de l'entree de la
Turquie dans l'UE mais conditionne pour sa part l'ouverture de
negociations d'adhesion a la reconnaissance par ce pays du genocide
armenien de 1915, pendant l'empire ottoman.
La Turquie, qui rejette categoriquement la these d'un "genocide",
avait ete particulierement irritee par l'adoption par le parlement
francais en 2001 d'une loi reconnaissant le genocide armenien.
Lors de sa visite M. Erdogan doit egalement evoquer les relations
economiques. Les echanges entre les deux pays se sont chiffres en
2003 a quelque 6 milliards d'euros.
La France est le deuxieme partenaire commercial de la Turquie et son
quatrieme fournisseur.
La compagnie nationale Turkish Airlines se prepare a acheter pres de
cinquante avions de ligne, notamment moyen et long courrier, pour
renouveler sa flotte vieillissante. Le consortium aeronautique
europeen Airbus et l'americain Boeing sont en lice.
M. Erdogan souhaiterait se servir de ce contrat de deux milliards de
dollars (1,6 milliard euros), qui devrait en principe etre partage
entre les deux constructeurs, pour "inciter" les Francais a donner
leur aval a l'ouverture des negociations d'adhesion avec Ankara,
a-t-on indique de source proche du dossier.
July 17, 2004 Saturday
Erdogan en France pour promouvoir la candidature turque a l'UE avant
decembre(AVANT-PAPIER)
Par Burak AKINCI
ANKARA
BODY: Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan effectue de lundi
a mercredi une visite officielle en France pour promouvoir aupres des
dirigeants francais la candidature de son pays a l'Union europeenne,
epineux sujet qui divise la scene politique francaise.
M. Erdogan doit s'entretenir avec son homologue Jean-Pierre Raffarin
au premier jour de sa visite et etre recu le lendemain a l'Elysee par
le president Jacques Chirac lors d'un dejeuner de travail.
"C'est une visite importante dans un Etat important de l'UE", a
precise un diplomate turc sous couvert d'anonymat. Outre la
candidature turque, les relations bilaterales et commerciales seront
egalement au menu des entretiens, a-t-on precise de meme source.
La Commission europeenne doit remettre en octobre sa recommandation
sur l'ouverture de negociations d'adhesion avec la Turquie, que
decideront ou non les dirigeants europeens en decembre.
La Turquie a obtenu le statut de candidat a l'UE en 1999.
Estimant avoir rempli les conditions politiques --les criteres de
Copenhague-- pour ouvrir ces negociations, le gouvernement de M.
Erdogan, qui dirige un parti issu de la mouvance islamiste, l'AKP, a
fait passer au parlement plusieurs reformes democratiques. Il espere
que ces discussions debuteront des debut 2005.
La question de l'entree dans l'UE de la Turquie, pays musulman mais
laieque de plus de 70 millions d'habitants, divise profondement les
opinions europeennes et les partis politiques francais.
Le 29 juin, lors du sommet de l'OTAN a Istanbul, M. Chirac avait
vivement critique la prise de position du president americain George
W. Bush en faveur d'une adhesion de la Turquie a l'UE, y voyant une
ingerence dans les affaires europeennes.
Le president francais avait toutefois juge "irreversible" la marche
d'Ankara vers l'UE, estimant que "la Turquie a une vocation
europeenne, historique, tres ancienne", meme si son parti, l'Union
pour la majorite presidentielle (UMP), s'est prononce contre une
adhesion.
L'entree de la Turquie dans l'UE signerait "a terme la fin de
l'Europe", avait declare le president de l'UMP, Alain Juppe,
proposant plutot pour Ankara la solution d'"un voisinage rapproche".
M. Erdogan doit avoir un tete-a-tete avec M. Juppe ainsi qu'avec le
president du parti centriste UDF Francois Bayrou et avec le premier
secretaire du parti socialiste (PS), Francois Hollande.
A la difference des partis de droite, le PS, premier parti
d'opposition en France, est favorable au principe de l'entree de la
Turquie dans l'UE mais conditionne pour sa part l'ouverture de
negociations d'adhesion a la reconnaissance par ce pays du genocide
armenien de 1915, pendant l'empire ottoman.
La Turquie, qui rejette categoriquement la these d'un "genocide",
avait ete particulierement irritee par l'adoption par le parlement
francais en 2001 d'une loi reconnaissant le genocide armenien.
Lors de sa visite M. Erdogan doit egalement evoquer les relations
economiques. Les echanges entre les deux pays se sont chiffres en
2003 a quelque 6 milliards d'euros.
La France est le deuxieme partenaire commercial de la Turquie et son
quatrieme fournisseur.
La compagnie nationale Turkish Airlines se prepare a acheter pres de
cinquante avions de ligne, notamment moyen et long courrier, pour
renouveler sa flotte vieillissante. Le consortium aeronautique
europeen Airbus et l'americain Boeing sont en lice.
M. Erdogan souhaiterait se servir de ce contrat de deux milliards de
dollars (1,6 milliard euros), qui devrait en principe etre partage
entre les deux constructeurs, pour "inciter" les Francais a donner
leur aval a l'ouverture des negociations d'adhesion avec Ankara,
a-t-on indique de source proche du dossier.