La Turquie sans amnésie sur l'Arménie
Libération, France
15 juin 2004
"L'entrée éventuelle d'une Turquie négationniste en Europe inquiète
les 450 000 Français d'origine arménienne", a écrit Ara Toranian dans
un Rebonds publié lundi dernier. Au nom du vieux principe "diffamez,
diffamez, il en restera toujours quelque chose", M. Toranian a pris
des libertés très contestables avec la réalité.
Non, il n'est pas question ici d'affirmer que l'Empire ottoman n'a
pas été coupable d'exactions par le passé. D'ailleurs, bien peu de
pays peuvent prétendre échapper à une telle accusation. Mais nous
nous élevons contre les allégations de ce monsieur qui suggère que
la Turquie est encore aujourd'hui une menace pour les Arméniens qui
vivent sur son sol ou dans tout autre pays. Il prétend que la Turquie
efface les souvenirs des Arméniens de son territoire ! Je me suis
suffisamment rendu en Turquie pour savoir que c'est faux, et tous
ceux qui connaissent ce pays pour y avoir vécu le confirmeront. Les
Arméniens de Turquie vivent en toute quiétude, mais, tout comme les
juifs en France, ils ne sont pas à l'abri de menées de groupes ou
d'individus extrémistes qui sont la honte de toutes les nations.
Effectivement, la Turquie ne reconnaît pas le génocide arménien. Elle
a toujours admis la réalité de massacres, mais nie qu'il y ait eu une
intention délibérée de la part du gouvernement des Jeunes Turcs de
supprimer l'ensemble d'une population. Bien qu'on le taise en France,
les historiens sont partagés sur le sujet et le Royaume-Uni, qui n'a
pas spécialement d'intérêts en Turquie, rejette cette qualification,
comme l'a rappelé récemment, et à plusieurs reprises, son ministère
des Affaires étrangères.
Les propos de M. Toranian deviennent proprement scandaleux et
insultants quand il affirme que la Turquie se serait rendue "complice
de la solution finale" qui, comme chacun sait, désigne la Shoah.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il convient de rappeler que la
Turquie est restée neutre. Alors que, de France, les juifs étaient
déportés par trains entiers vers les camps de la mort, la Turquie,
elle, accueillait sur son sol les juifs en exil.
Reynald Beaufort, président de l'association Turquie européenne
Libération, France
15 juin 2004
"L'entrée éventuelle d'une Turquie négationniste en Europe inquiète
les 450 000 Français d'origine arménienne", a écrit Ara Toranian dans
un Rebonds publié lundi dernier. Au nom du vieux principe "diffamez,
diffamez, il en restera toujours quelque chose", M. Toranian a pris
des libertés très contestables avec la réalité.
Non, il n'est pas question ici d'affirmer que l'Empire ottoman n'a
pas été coupable d'exactions par le passé. D'ailleurs, bien peu de
pays peuvent prétendre échapper à une telle accusation. Mais nous
nous élevons contre les allégations de ce monsieur qui suggère que
la Turquie est encore aujourd'hui une menace pour les Arméniens qui
vivent sur son sol ou dans tout autre pays. Il prétend que la Turquie
efface les souvenirs des Arméniens de son territoire ! Je me suis
suffisamment rendu en Turquie pour savoir que c'est faux, et tous
ceux qui connaissent ce pays pour y avoir vécu le confirmeront. Les
Arméniens de Turquie vivent en toute quiétude, mais, tout comme les
juifs en France, ils ne sont pas à l'abri de menées de groupes ou
d'individus extrémistes qui sont la honte de toutes les nations.
Effectivement, la Turquie ne reconnaît pas le génocide arménien. Elle
a toujours admis la réalité de massacres, mais nie qu'il y ait eu une
intention délibérée de la part du gouvernement des Jeunes Turcs de
supprimer l'ensemble d'une population. Bien qu'on le taise en France,
les historiens sont partagés sur le sujet et le Royaume-Uni, qui n'a
pas spécialement d'intérêts en Turquie, rejette cette qualification,
comme l'a rappelé récemment, et à plusieurs reprises, son ministère
des Affaires étrangères.
Les propos de M. Toranian deviennent proprement scandaleux et
insultants quand il affirme que la Turquie se serait rendue "complice
de la solution finale" qui, comme chacun sait, désigne la Shoah.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il convient de rappeler que la
Turquie est restée neutre. Alors que, de France, les juifs étaient
déportés par trains entiers vers les camps de la mort, la Turquie,
elle, accueillait sur son sol les juifs en exil.
Reynald Beaufort, président de l'association Turquie européenne