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    Agence France Presse
    26 novembre 2004 vendredi 7:23 AM GMT

    Les Arméniens de Marseille mobilisés contre l'adhésion de la Turquie à l'UE (PAPIER D'ANGLE)

    Par Catherine RAMA

    MARSEILLE 26 nov 2004


    Les Arméniens de Marseille se mobilisent contre un éventuel feu vert
    du Conseil européen à l'ouverture des négociations d'adhésion de la
    Turquie à l'UE, la plupart réclamant au préalable la reconnaissance
    par Ankara du génocide arménien de 1915.

    A l'approche du 17 décembre, jour du Conseil européen à Bruxelles,
    colloques et réunions publiques se multiplient à Marseille. Le Comité
    de défense de la cause arménienne (CDCA) a aussi affrété un train
    spécial de 600 places Marseille-Bruxelles qu'il espère remplir le 16
    décembre au soir, avec un message aux chefs d'Etat et de gouvernement
    européens : "On ne peut pas accepter une Turquie négationniste pour
    le moment".

    "Nous ne sommes pas contre une adhésion de la Turquie, mais contre le
    principe d'ouverture de négociations avec une Turquie qui n'a pas
    fait son devoir de mémoire", explique Vartan Arzoumanian, président
    du CDCA Marseille-Provence, une association proche du Parti
    socialiste arménien.

    Demandant le report de ces négociations tant qu'Ankara n'aura pas
    reconnu le génocide, le CDCA a organisé cette semaine une réunion
    publique avec le soutien du Conseil de coordination des organisations
    arméniennes de France (CCAF), en présence d'élus de droite et de
    gauche (UMP, UDF, PS et PCF).

    "Nous ne comprenons pas pourquoi le président Chirac s'obstine dans
    sa position. En acceptant la Turquie dans l'Union européenne, nos
    chefs d'Etat vont faire une gaffe monumentale", déclare Michel
    Guéviguian, président du CCAF qui fédère une vingtaine d'associations
    culturelles et cultuelles.

    "On va à l'attaque pour être entendus", souligne M. Guéviguian qui
    rappelle qu'avec 80.000 âmes, la communauté arménienne de Marseille
    est la deuxième de France.

    Recours en Conseil d'Etat

    A Marseille, le président de la République a récemment déclaré que
    l'adhésion éventuelle de la Turquie représentait "une chance
    extraordinaire pour l'Europe de se renforcer, (...) si la Turquie
    adhère à l'ensemble des valeurs qui sont les nôtres".

    Le CCAF et l'association Euro-Arménie ont déposé le 12 novembre un
    recours devant le Conseil d'Etat pour "dénoncer la violation par le
    gouvernement français des termes de la résolution du Parlement
    européen de juin 1987 et de la loi française de janvier 2001"
    reconnaissant le génocide arménien.

    Porte-parole d'Euro-Arménie, Jean-Pierre Berbérian, conseiller
    municipal UMP de Marseille, lui, ne transige pas : "Nous, Arméniens,
    victimes du génocide, nous demandons à Jacques Chirac de s'opposer à
    l'entrée de la Turquie dans l'UE. S'il est complice de ce processus,
    il n'y a plus d'Europe. Pour nous, c'est un non ferme et définitif".

    Pour sa part, le recteur de la Cathédrale apostolique arménienne de
    Marseille, le père Zadik Avédikian, chef religieux de la communauté
    orthodoxe, soit quelque 80% des Arméniens de la ville, appelle aussi
    ses fidèles à aller faire entendre leurs voix à Bruxelles : "Tant
    qu'elle n'a pas reconnu sa faute, la Turquie n'a pas sa place dans le
    concert des nations civilisées", déclare-t-il.

    Dans ce concert de "non", la position de Jean Kéhayan, journaliste et
    intellectuel marseillais, paraît bien isolée. "Pour moi, la
    reconnaissance du génocide arménien, c'est un aboutissement et pas un
    préalable. Commencer la discussion (sur l'adhésion), c'est amorcer un
    combat", dit-il.

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