Schweizerische Depeschenagentur AG (SDA)
SDA - Service de base français
5 octobre 2004
UE - Turquie Un "oui" de l'UE enverrait un bon signal aux minorités
turques Entretien par Daniel Karst, ats
Berne (ats) Si l'Union européenne (UE) accepte d'ouvrir des
négociations d'adhésion avec la Turquie, cela profitera aux quelque
60 minorités turques, estime l'historien Hans-Lukas Kieser,
spécialiste de cette région. En revanche, un "non" signifiera un
recul pour elles.
La vigueur du processus de réforme qui garantit une meilleure
protection pour les minorités pourrait être stoppée nette par un
refus de Bruxelles d'entrer en matière sur l'adhésion de la Turquie,
explique Hans-Lukas Kieser, qui enseigne comme privat-docent à
l'Université de Zurich.
Si la protection des minorités était améliorée parallèlement à
l'économie, cela freinerait à long terme l'émigration des Turcs dans
l'UE et accessoirement en Suisse, estime M. Kieser. Beaucoup de
membres des communautés kurdes, alévites ou chrétiennes ont fui vers
l'Ouest ces dernières décennies.
"Une réponse positive des Vingt-cinq serait ainsi dans l'intérêt de
ceux qui demandent à l'Ouest une politique plus dure à l'égard des
demandeurs d'asile et des immigrés", souligne le chercheur.
Décision ouverte
La décision de l'UE dépend aussi du rapport qui sera publié mercredi
par la Commission européenne. Ce document, bien que critique et
exigeant des mécanismes de contrôle, recommandera l'ouverture de
négociations, a expliqué lundi le futur commissaire chargé de
l'élargissement, Olli Rehn.
Hans-Lukas Kieser tempère toutefois cet optimisme: un "oui" au sommet
de l'UE en décembre prochain n'est pas encore acquis car des
objections de principe vont subsister. Plusieurs raisons sont
invoquées pour refuser l'entrée de la Turquie.
Ce pays, qui comptera 82 millions d'habitants d'ici 2010, soit plus
que l'Allemagne, est essentiellement agricole. Sa surface cultivable
est presque aussi grande que celle cumulée des dix nouveaux Etats
membres. Cela signifie un pays cher en termes de subventions.
La Commission européenne a finalement estimé que ce handicap pouvait
être surmonté avec le temps, selon l'avis exprimé par le commissaire
à l'élargissement Günther Verheugen, rappelle l'historien suisse.
Islam dans l'Europe
Reste la question religieuse, à savoir si l'Europe chrétienne peut
accueillir en son sein un pays musulman. "Celui qui croira en
l'Occident chrétien sera opposé à l'adhésion de la Turquie. Et ceci
même si Ankara était allé plus loin dans les réformes", explique M.
Kieser.
En revanche, celui qui comprend l'Europe comme une construction
moderne et une réponse aux catastrophes du XXe siècle sera favorable
à l'entrée de la Turquie dans le club des 25. Ce d'autant plus que
l'empire ottoman était impliqué dans la première Guerre mondiale",
ajoute l'historien. "Dans cette logique historique, la Turquie est
européenne."
Réformes indispensables
Toutefois, les efforts ne doivent pas seulement être consentis par
l'Europe mais aussi par la Turquie. Hans-Lukas Kieser reconnaît que
le pays a déjà fait beaucoup de progrès mais il n'a pas encore
atteint les standards démocratiques tels qu'on les pratique en
Europe.
Le Blois cite en exemple l'article 306 sur la sécurité nationale qui
a été adopté récemment dans le cadre de la réforme du Code pénal: ce
passage stipule que toute information sur le génocide arménien (1915)
est punissable. Cela contredit clairement le principe de la liberté
d'expression.
SDA - Service de base français
5 octobre 2004
UE - Turquie Un "oui" de l'UE enverrait un bon signal aux minorités
turques Entretien par Daniel Karst, ats
Berne (ats) Si l'Union européenne (UE) accepte d'ouvrir des
négociations d'adhésion avec la Turquie, cela profitera aux quelque
60 minorités turques, estime l'historien Hans-Lukas Kieser,
spécialiste de cette région. En revanche, un "non" signifiera un
recul pour elles.
La vigueur du processus de réforme qui garantit une meilleure
protection pour les minorités pourrait être stoppée nette par un
refus de Bruxelles d'entrer en matière sur l'adhésion de la Turquie,
explique Hans-Lukas Kieser, qui enseigne comme privat-docent à
l'Université de Zurich.
Si la protection des minorités était améliorée parallèlement à
l'économie, cela freinerait à long terme l'émigration des Turcs dans
l'UE et accessoirement en Suisse, estime M. Kieser. Beaucoup de
membres des communautés kurdes, alévites ou chrétiennes ont fui vers
l'Ouest ces dernières décennies.
"Une réponse positive des Vingt-cinq serait ainsi dans l'intérêt de
ceux qui demandent à l'Ouest une politique plus dure à l'égard des
demandeurs d'asile et des immigrés", souligne le chercheur.
Décision ouverte
La décision de l'UE dépend aussi du rapport qui sera publié mercredi
par la Commission européenne. Ce document, bien que critique et
exigeant des mécanismes de contrôle, recommandera l'ouverture de
négociations, a expliqué lundi le futur commissaire chargé de
l'élargissement, Olli Rehn.
Hans-Lukas Kieser tempère toutefois cet optimisme: un "oui" au sommet
de l'UE en décembre prochain n'est pas encore acquis car des
objections de principe vont subsister. Plusieurs raisons sont
invoquées pour refuser l'entrée de la Turquie.
Ce pays, qui comptera 82 millions d'habitants d'ici 2010, soit plus
que l'Allemagne, est essentiellement agricole. Sa surface cultivable
est presque aussi grande que celle cumulée des dix nouveaux Etats
membres. Cela signifie un pays cher en termes de subventions.
La Commission européenne a finalement estimé que ce handicap pouvait
être surmonté avec le temps, selon l'avis exprimé par le commissaire
à l'élargissement Günther Verheugen, rappelle l'historien suisse.
Islam dans l'Europe
Reste la question religieuse, à savoir si l'Europe chrétienne peut
accueillir en son sein un pays musulman. "Celui qui croira en
l'Occident chrétien sera opposé à l'adhésion de la Turquie. Et ceci
même si Ankara était allé plus loin dans les réformes", explique M.
Kieser.
En revanche, celui qui comprend l'Europe comme une construction
moderne et une réponse aux catastrophes du XXe siècle sera favorable
à l'entrée de la Turquie dans le club des 25. Ce d'autant plus que
l'empire ottoman était impliqué dans la première Guerre mondiale",
ajoute l'historien. "Dans cette logique historique, la Turquie est
européenne."
Réformes indispensables
Toutefois, les efforts ne doivent pas seulement être consentis par
l'Europe mais aussi par la Turquie. Hans-Lukas Kieser reconnaît que
le pays a déjà fait beaucoup de progrès mais il n'a pas encore
atteint les standards démocratiques tels qu'on les pratique en
Europe.
Le Blois cite en exemple l'article 306 sur la sécurité nationale qui
a été adopté récemment dans le cadre de la réforme du Code pénal: ce
passage stipule que toute information sur le génocide arménien (1915)
est punissable. Cela contredit clairement le principe de la liberté
d'expression.