La Croix , France
13 avril 2005
Une épuration ethnique sous couvert de la guerre. LE GÉNOCIDE
ARMÉNIEN Ce soir, 20 h 45, Arte
PLOQUIN Jean-Christophe
En 1915, le mot "génocide" n'existait pas.
Le 24 mai de cette année-là, pour décrire le massacre de dizaines de
milliers d'Arméniens d'Anatolie déjà perpétré par le régime ottoman,
la France, la Grande-Bretagne et la Russie utilisent dans une
déclaration commune les termes de "crimes contre l'humanité" et
"contre la civilisation". Depuis plusieurs semaines, à l'est de
l'Anatolie, des villages sont vidés de leur population arménienne.
Les hommes sont sommairement assassinés, les femmes, les enfants et
les vieillards sont déportés et contraints d'avancer dans une marche
meurtrière qui doit les amener à Alep puis à Deir-Ez-Zor, en Syrie.
À l'aide d'archives, émaillées du témoignage de deux survivants, le
documentaire de Laurence Jourdan fait peu à peu entrer dans
l'horreur. Durant plus de dix-huit mois, une entreprise systématique
de déracinement de la population arménienne se traduit en politique
d'extermination. Entre 1 million et 1,5 million d'Arméniens seront
tués; environ 600 000 ont survécu. Alors que la guerre fait rage en
Europe, le sort des Arméniens d'Anatolie n'est guère connu que de
quelques diplomates. Des consuls américains ou allemands, présents
dans plusieurs villes, perçoivent très vite que l'objectif réel du
gouvernement ottoman n'est pas de chasser les Arméniens des régions
proches du front russe, où ils sont accusés de jouer les cinquièmes
colonnes, mais d'homogénéiser l'Anatolie. Dans un contexte général de
montée des nationalismes, les Turcs se définissent de plus en plus
comme une ethnie, attachée à une religion, l'islam, et à un
territoire. Les Arméniens, dans leur logique, sont de trop. Neuf
décennies plus tard, le génocide des Arméniens reste un tabou dans
une Turquie dont les officiels continuent de nier la pluralité des
peuples qui l'habitent.
JEAN-CHRISTOPHE PLOQUIN
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
13 avril 2005
Une épuration ethnique sous couvert de la guerre. LE GÉNOCIDE
ARMÉNIEN Ce soir, 20 h 45, Arte
PLOQUIN Jean-Christophe
En 1915, le mot "génocide" n'existait pas.
Le 24 mai de cette année-là, pour décrire le massacre de dizaines de
milliers d'Arméniens d'Anatolie déjà perpétré par le régime ottoman,
la France, la Grande-Bretagne et la Russie utilisent dans une
déclaration commune les termes de "crimes contre l'humanité" et
"contre la civilisation". Depuis plusieurs semaines, à l'est de
l'Anatolie, des villages sont vidés de leur population arménienne.
Les hommes sont sommairement assassinés, les femmes, les enfants et
les vieillards sont déportés et contraints d'avancer dans une marche
meurtrière qui doit les amener à Alep puis à Deir-Ez-Zor, en Syrie.
À l'aide d'archives, émaillées du témoignage de deux survivants, le
documentaire de Laurence Jourdan fait peu à peu entrer dans
l'horreur. Durant plus de dix-huit mois, une entreprise systématique
de déracinement de la population arménienne se traduit en politique
d'extermination. Entre 1 million et 1,5 million d'Arméniens seront
tués; environ 600 000 ont survécu. Alors que la guerre fait rage en
Europe, le sort des Arméniens d'Anatolie n'est guère connu que de
quelques diplomates. Des consuls américains ou allemands, présents
dans plusieurs villes, perçoivent très vite que l'objectif réel du
gouvernement ottoman n'est pas de chasser les Arméniens des régions
proches du front russe, où ils sont accusés de jouer les cinquièmes
colonnes, mais d'homogénéiser l'Anatolie. Dans un contexte général de
montée des nationalismes, les Turcs se définissent de plus en plus
comme une ethnie, attachée à une religion, l'islam, et à un
territoire. Les Arméniens, dans leur logique, sont de trop. Neuf
décennies plus tard, le génocide des Arméniens reste un tabou dans
une Turquie dont les officiels continuent de nier la pluralité des
peuples qui l'habitent.
JEAN-CHRISTOPHE PLOQUIN
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress