Le Télégramme , France
14 avril 2005
Génocide arménien. La Turquie fait un geste d'ouverture
Quatre-vingt-dix ans après les faits, la Turquie accepte de débattre
des massacres d'Arméniens de 1915-1917.
Officiellement, pour la Turquie, il n'y a pas eu de génocide arménien
en 1915-1917. Elle reconnaît que des massacres ont été perpétrés et
que de nombreux Arméniens sont morts de fatigue, de maladie ou
d'attaques commises notamment par des bandes kurdes lors de leur
déportation.
Mais elle affirme qu'il s'agissait d'une répression dans un empire en
déclin contre une population coupable de collaboration avec l'ennemi
russe, dans un contexte de guerre, et que des dizaines de milliers de
Turcs ont été tués au même moment par des rebelles nationalistes
arméniens.
Les massacres et les déportations d'Arméniens ont fait plus d'un
million de morts, selon les Arméniens, et jusqu'à 300.000 morts selon
les Turcs.
Réponse à une campagne arménienne
Pour la première fois, pourtant, le Parlement turc a débattu hier sur
ce sujet. Dans un contexte il est vrai particulier. Il s'agit pour la
Turquie de prendre des contre-mesures face à une campagne arménienne
pour la reconnaissance en tant que génocide des massacres
d'Arméniens.
C'est lors de ce débat que le ministre des Affaires étrangères
Abdullah Gu l a annoncé que le Premier ministre turc Recep Tayyip
Erdogan avait écrit au président arménien Robert Kotcharian , lui
proposant la création d ' une commission conjointe afin d ' enquêter
sur les massacres des Arméniens.
Pour Abdullah Gul, la mise en place de cette commission constituera
it un premier pas vers la normalisation des relations avec l '
Arménie.
La Turquie, où vivent actuellement 45.000 Arméniens, a reconnu
l'Arménie à son indépendance en 1991, mais sans établir de relations
diplomatiques, en raison du profond différend sur le s massacres . La
frontière entre les deux pays est fermée depuis 1993.
Pas d' extermination systématique et massive
La position turque, qu'Abdullah Gul a ré pétée hier, ne semble
cependant pas près d'évoluer. Le ministre des Affaires étrangères a
affirmé que l ' administration ottomane n ' avait jamais ordonné une
extermination systématique et massive de la population arménienne sur
son territoire.
« La Turquie est en paix avec son histoire dont elle est fière » ,
a-t-il encore di t .
Le ministre s ' en est aussi pris à plusieurs pays, dont la France,
qui ont reconnu dans leurs parlements les tueries d ' Arméniens comme
un génocide.
Certains hommes politiques de l'Union européenne ont appelé la
Turquie à un « travail de mémoire » et affirmé que le sujet serait
une des questions que la Turquie devrait régler avant le début de ses
négociations d'adhésion à l'Union, programmé pour le 3 octobre.
GRAPHIQUE: Photo, Legende: Le ministre des Affaires étrangères turc
Abdullah Gul (à gauche), avec Jean-Claude Juncker, président en
exercice de l'Union européenne. Le travail de mémoire sur les
massacres d'Arméniens est l'une des questions à régler avant le début
des négociations d'entrée dans l'UE. (Photo AFP)
14 avril 2005
Génocide arménien. La Turquie fait un geste d'ouverture
Quatre-vingt-dix ans après les faits, la Turquie accepte de débattre
des massacres d'Arméniens de 1915-1917.
Officiellement, pour la Turquie, il n'y a pas eu de génocide arménien
en 1915-1917. Elle reconnaît que des massacres ont été perpétrés et
que de nombreux Arméniens sont morts de fatigue, de maladie ou
d'attaques commises notamment par des bandes kurdes lors de leur
déportation.
Mais elle affirme qu'il s'agissait d'une répression dans un empire en
déclin contre une population coupable de collaboration avec l'ennemi
russe, dans un contexte de guerre, et que des dizaines de milliers de
Turcs ont été tués au même moment par des rebelles nationalistes
arméniens.
Les massacres et les déportations d'Arméniens ont fait plus d'un
million de morts, selon les Arméniens, et jusqu'à 300.000 morts selon
les Turcs.
Réponse à une campagne arménienne
Pour la première fois, pourtant, le Parlement turc a débattu hier sur
ce sujet. Dans un contexte il est vrai particulier. Il s'agit pour la
Turquie de prendre des contre-mesures face à une campagne arménienne
pour la reconnaissance en tant que génocide des massacres
d'Arméniens.
C'est lors de ce débat que le ministre des Affaires étrangères
Abdullah Gu l a annoncé que le Premier ministre turc Recep Tayyip
Erdogan avait écrit au président arménien Robert Kotcharian , lui
proposant la création d ' une commission conjointe afin d ' enquêter
sur les massacres des Arméniens.
Pour Abdullah Gul, la mise en place de cette commission constituera
it un premier pas vers la normalisation des relations avec l '
Arménie.
La Turquie, où vivent actuellement 45.000 Arméniens, a reconnu
l'Arménie à son indépendance en 1991, mais sans établir de relations
diplomatiques, en raison du profond différend sur le s massacres . La
frontière entre les deux pays est fermée depuis 1993.
Pas d' extermination systématique et massive
La position turque, qu'Abdullah Gul a ré pétée hier, ne semble
cependant pas près d'évoluer. Le ministre des Affaires étrangères a
affirmé que l ' administration ottomane n ' avait jamais ordonné une
extermination systématique et massive de la population arménienne sur
son territoire.
« La Turquie est en paix avec son histoire dont elle est fière » ,
a-t-il encore di t .
Le ministre s ' en est aussi pris à plusieurs pays, dont la France,
qui ont reconnu dans leurs parlements les tueries d ' Arméniens comme
un génocide.
Certains hommes politiques de l'Union européenne ont appelé la
Turquie à un « travail de mémoire » et affirmé que le sujet serait
une des questions que la Turquie devrait régler avant le début de ses
négociations d'adhésion à l'Union, programmé pour le 3 octobre.
GRAPHIQUE: Photo, Legende: Le ministre des Affaires étrangères turc
Abdullah Gul (à gauche), avec Jean-Claude Juncker, président en
exercice de l'Union européenne. Le travail de mémoire sur les
massacres d'Arméniens est l'une des questions à régler avant le début
des négociations d'entrée dans l'UE. (Photo AFP)