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L'Etat Turc continue de nier le genocide Armenien. pourquoi?

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  • L'Etat Turc continue de nier le genocide Armenien. pourquoi?

    UNION GENERALE ARMENIENNE DE BIENFAISANCE
    ARMENIAN GENERAL BENEVOLENT UNION
    Communiqué de l'UGAB France
    11, square Alboni, 75016 France
    Tél. : 01 45 24 72 75
    Fax : 01 40 50 88 09
    Email : [email protected]
    http://www.ugab.info


    _____


    L'Etat Turc continue de nier le génocide Arménien. pourquoi ?

    Conférence au Mémorial de la Shoah dans le cadre du 90ème anniversaire
    du génocide arménien



    Trois historiens de renom ont cherché hier à expliquer le génocide
    arménien et sa négation à l'occasion d'une conférence remarquée à
    l'auditorium Edmond Safra du Mémorial de la Shoah, à Paris. La
    conférence était organisée par le Mémorial en partenariat avec l'UGAB
    à l'occasion du 90ème anniversaire du génocide des Arméniens de
    l'Empire ottoman, en 1915.

    Organisée au lendemain de la diffusion du documentaire d'Arte
    "Génocide arménien", la conférence a attiré un public si nombreux
    -environ 150 personnes- qu'en plus du grand auditorium Edmond Safra,
    les organisateurs ont dû ouvrir une deuxième salle d'où l'on a pu la
    suivre par écran vidéo interposé.

    Les débats étaient présidés par Yves Ternon, historien, spécialiste
    des génocides et docteur en histoire à l'Université de Paris
    IV-Sorbonne, Raymond Kevorkian, historien, directeur de recherches et
    conservateur de la bibliothèque Nubar, et Hans Lukas Kieser,
    historien, enseignant à l'Université de Zurich.

    Dans la grande salle située sous le "Mur des Noms" consacré à la
    mémoire des victimes de l'Holocauste, ils se sont attachés à analyser
    l'idéologie qui a inspiré le génocide, les mécanismes de la décision
    ainsi que la démarche de la négation.

    Selon Hans Lukas Kiezer, ce n'est pas seulement l'ethno-nationalisme
    -le turquisme- qui inspire les dirigeants turcs de 1915, mais aussi le
    social-darwinisme qui oppose les "races" dans une lutte pour la
    survie, ainsi que le culte de la raison d'Etat, dont la préservation
    justifie l'extermination de ceux qui sont perçus comme une menace pour
    sa survie.

    Au-delà de l'idéologie des meurtriers se pose la question du passage à
    l'acte : comment et quand fut-il décidé d'exterminer les Arméniens ?
    Pour Raymond Kevorkian, la décision ne s'est pas prise en une fois,
    mais, en gros, en trois étapes. Il fut d'abord décidé, début 1914, de
    déporter les Arméniens. Ce n'est qu'après l'effondrement de l'armée
    turque du Caucase face aux Russes, principalement dû au froid et aux
    épidémies, à l'hiver 1914-1915, que la décision fut prise de les
    éliminer. C'est enfin vers le milieu de 1916 que le gouvernement de
    l'époque prend de nouvelles mesures pour compléter la tâche et
    supprimer la plupart des 500 000 Arméniens survivant encore en
    Syrie. C'est à cette époque aussi que l'on dissout le Patriarcat
    arménien de Constantinople, sous prétexte qu'il n'y a désormais plus
    d'Arméniens en Turquie.

    "Il n'y a pas de génocide sans négationnisme" : Yves Ternon démontre
    que la théorie du complot et la perception d'une menace vitale se
    retrouvent dans tous les génocides et, particulièrement, dans le cas
    arménien. La spécificité de la négation du génocide des Arméniens
    réside dans le fait que c'est un Etat qui en est le principal auteur,
    et qu'il déploie ses ressources au service de cette cause, y compris
    celles de l'ordre judiciaire ou de l'enseignement. Au niveau de
    l'argumentation, les autorités turques recourent principalement au
    renversement de la culpabilité ("ce sont les Arméniens qui ont
    massacré les Turcs"), renvoient face à face la "thèse arménienne" et
    la "thèse turque", ou encore recourent à l'"hypercriticisme", qui
    consiste à reculer sans cesse l'administration de la preuve, et à
    d'autres procédés dilatoires. Un procédé en vogue consiste enfin à
    gagner du temps par des offres de dialogue sur l'interprétation
    historique- dialogue qui donne l'apparence de la bonne
    volonté. "Imaginez, déclare Yves Ternon au public du Mémorial, que
    l'Allemagne propose à Israël un dialogue pour discuter s'il y a eu ou
    non un génocide pendant la deuxième guerre mondiale=85"

    Si tous les orateurs conviennent qu'une véritable démocratisation de
    la Turquie passera inévitablement par une remise en cause fondamentale
    du "tabou arménien", ils ne sont pas tous optimistes quant aux
    perspectives de changement dans la position du gouvernment turc. Hans
    Lukas Kiezer souhaite que les "amis de la Turquie" utilisent les
    opportunités qu'offre le processus actuel d'adhésion de la Turquie à
    l'UE pour y faire avancer le débat et met en garde contre
    l'instrumentalisation du génocide arménien à des fins politiques. Mais
    Yves Ternon, "n'a pas confiance". Il ne croit guère à une remise en
    cause spontanée, issue d'un débat en Turquie même.

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