Le genocide armenien est une "affaire turque"
swissinfo 6 août 2005 17:58
Contrairement a la Chambre du peuple, la Chambre haute du parlement
suisse ne se prononcera pas sur le genocide armenien par la Turquie.
Peter Briner, president de la commission de politique exterieure du
Senat, estime que des pays tiers n'ont pas a montrer du doigt la
Turquie, 90 ans après les faits.
La commission des affaires etrangères a decide de ne pas porter
l'affaire du genocide de 1915 devant le plenum de la Chambre des
cantons, a indique samedi Peter Briner (Parti radical, droite).
Comme le gouvernement, la commission estime que l'affaire n'est pas
du ressort du parlement.
Il appartiendrait plutôt aux parties concernees, soit la Turquie et
l'Armenie, de s'en saisir. Une commission mixte d'historiens devrait
"se pencher sur les evenements horribles" comme la Suisse a reflechi
sur son histoire durant la 2e Guerre mondiale.
Membre de la commission, Francoise Saudan rencherit. Samedi sur les
ondes de la Radio Suisse romande, la radicale genevoise s'est dite
"mal a l'aise quand nous nous posons en justicier du monde entier".
Ne pas plier face aux pressions
La Suisse ne doit pas se montrer faible face a la Turquie, meme si
elle ne doit pas pour autant repliquer de la meme facon, a par
ailleurs declare M. Briner.
Le senateur est revenu samedi sur l'annulation par Ankara de la
visite que le president de la Confederation Joseph Deiss devait
effectuer en Turquie en septembre.
Une affaire qui a fait couler beaucoup d'encre ces jours-ci en
Suisse, et qui constitue un nouvel episode d'un bras de fer qui ne
date pas d'aujourd'hui entre la Turquie et la Suisse.
En 2003, rappelons que la visite diplomatique de Micheline Calmy-Rey,
ministre des Affaires etrangères, avait ete reportee de 18 mois.
Motif, le parlement vaudois avait vote un postulat reconnaissant le
genocide armenien.
"Il est important de ne pas courber l'echine", a precise le president
de la commission de politique exterieure. Selon lui, "c'est bien
qu'il y ait eu ici de vives reactions". Que la Turquie justifie
l'annulation de la visite de Monsieur Deiss par des raisons d'agenda
ne correspond sûrement pas a la verite.
C'est une formule diplomatique typique lorsqu'on ne trouve pas de
meilleure explication, a ajoute M. Briner. "On ne peut s'empecher de
penser que le gouvernement turc essaie de calmer la population en
brassant de l'air."
Mobilisation anti-Suisse
Les medias turcs ont manifestement "mobilise l'opinion contre la
Suisse". L'affaire est liee a la procedure que la justice suisse a
declenchee contre le chef du Parti des travailleurs turcs (PKK) et
contre un historien pour avoir nie le genocide armenien en 1915.
Selon M. Briner, la Turquie sait pourtant très bien que, si elle veut
adherer a l'Union europeenne, elle ne pourra faire l'economie de se
pencher sur la question armenienne.
"Or, la question est delicate en politique exterieure", a releve le
conseiller aux Etats.
Francoise Saudan n'est, quant a elle, pas aussi categorique. Elle
estime que meme l'UE, dans ses discussions avec la Turquie, a des
exigences concernant les relations avec Chypre, mais ne revient pas
sur le genocide armenien.
--Boundary_(ID_IcNHbH5YUslWJvZRMCvKcQ)--
swissinfo 6 août 2005 17:58
Contrairement a la Chambre du peuple, la Chambre haute du parlement
suisse ne se prononcera pas sur le genocide armenien par la Turquie.
Peter Briner, president de la commission de politique exterieure du
Senat, estime que des pays tiers n'ont pas a montrer du doigt la
Turquie, 90 ans après les faits.
La commission des affaires etrangères a decide de ne pas porter
l'affaire du genocide de 1915 devant le plenum de la Chambre des
cantons, a indique samedi Peter Briner (Parti radical, droite).
Comme le gouvernement, la commission estime que l'affaire n'est pas
du ressort du parlement.
Il appartiendrait plutôt aux parties concernees, soit la Turquie et
l'Armenie, de s'en saisir. Une commission mixte d'historiens devrait
"se pencher sur les evenements horribles" comme la Suisse a reflechi
sur son histoire durant la 2e Guerre mondiale.
Membre de la commission, Francoise Saudan rencherit. Samedi sur les
ondes de la Radio Suisse romande, la radicale genevoise s'est dite
"mal a l'aise quand nous nous posons en justicier du monde entier".
Ne pas plier face aux pressions
La Suisse ne doit pas se montrer faible face a la Turquie, meme si
elle ne doit pas pour autant repliquer de la meme facon, a par
ailleurs declare M. Briner.
Le senateur est revenu samedi sur l'annulation par Ankara de la
visite que le president de la Confederation Joseph Deiss devait
effectuer en Turquie en septembre.
Une affaire qui a fait couler beaucoup d'encre ces jours-ci en
Suisse, et qui constitue un nouvel episode d'un bras de fer qui ne
date pas d'aujourd'hui entre la Turquie et la Suisse.
En 2003, rappelons que la visite diplomatique de Micheline Calmy-Rey,
ministre des Affaires etrangères, avait ete reportee de 18 mois.
Motif, le parlement vaudois avait vote un postulat reconnaissant le
genocide armenien.
"Il est important de ne pas courber l'echine", a precise le president
de la commission de politique exterieure. Selon lui, "c'est bien
qu'il y ait eu ici de vives reactions". Que la Turquie justifie
l'annulation de la visite de Monsieur Deiss par des raisons d'agenda
ne correspond sûrement pas a la verite.
C'est une formule diplomatique typique lorsqu'on ne trouve pas de
meilleure explication, a ajoute M. Briner. "On ne peut s'empecher de
penser que le gouvernement turc essaie de calmer la population en
brassant de l'air."
Mobilisation anti-Suisse
Les medias turcs ont manifestement "mobilise l'opinion contre la
Suisse". L'affaire est liee a la procedure que la justice suisse a
declenchee contre le chef du Parti des travailleurs turcs (PKK) et
contre un historien pour avoir nie le genocide armenien en 1915.
Selon M. Briner, la Turquie sait pourtant très bien que, si elle veut
adherer a l'Union europeenne, elle ne pourra faire l'economie de se
pencher sur la question armenienne.
"Or, la question est delicate en politique exterieure", a releve le
conseiller aux Etats.
Francoise Saudan n'est, quant a elle, pas aussi categorique. Elle
estime que meme l'UE, dans ses discussions avec la Turquie, a des
exigences concernant les relations avec Chypre, mais ne revient pas
sur le genocide armenien.
--Boundary_(ID_IcNHbH5YUslWJvZRMCvKcQ)--