L'Humanite, France
20 août 2005
Trois questions a Naif Alibeyoglu, maire de Kars
Entretien realise par E. D. et A. P.
" Nous ne voulons plus etre le trou noir de la Turquie ", declare
l'homme d'affaires devenu le premier magistrat de la ville.
Correspondance particulière.
La cinquantaine debonnaire, Naif Alibeyoglu, l'enfant du pays devenu
homme d'affaires, tient les renes de la mairie de Kars depuis six
ans. Kurde par sa mère, elu sous la bannière de l'AKP, cet ancien
etudiant marxiste est un pragmatique qui affiche une energie
farouche, determine a sortir sa - region de l'ornière de la pauvrete.
Quels sont vos objectifs en tant que maire de Kars ?
Naif Alibeyoglu. J'ai deux objectifs : la reouverture de la frontière
avec l'Armenie, vitale pour la vie economique de la region, et
l'approfondissement des liens avec l'UE. Avec une attention toute
particulière pour l'Europe ! Bien evidemment, je veux developper le
commerce avec le Caucase, mais ma priorite c'est l'adhesion a l'UE.
Elle est comme une boussole pour nous, une voie vers le progrès. Si
on n'avait pas cet objectif, le pays serait livre soit a
l'imperialisme americain, soit au terrorisme et aux islamistes
radicaux.
Precisement, l'integration a l'UE ne passe-t-elle pas par la
reconciliation turco-armenienne ?
Naif Alibeyoglu. Peut-etre. Mais je suis sûr que, via le dialogue,
cette reconciliation se fera. Je ne suis pas historien, mais maire.
Et ce dont nos deux pays ont besoin, c'est de - recommencer a
commercer normalement. Certes, les resistances politiques a cette
reouverture sont encore nombreuses. Rien que l'an dernier, lors du
festival culturel de notre ville, j'ai tente de jumeler Kars avec
Gumri, situee en Armenie. Mais Ankara s'y est oppose. - Cependant, je
reste optimiste.
Sur quelles forces vives peut s'appuyer la ville pour asseoir son
developpement ?
Naif Alibeyoglu. D'une part sur les activites traditionnelles, au -
premier rang desquelles l'elevage, a condition que nous ayons les
moyens de moderniser notre production. Nous venons ainsi de mettre en
place un reseau de 16 fermes pilotes, que nous voudrions integrer
dans un processus agro-industriel. Grâce a differentes cooperations,
comme celle engagee avec le ministère de l'Agriculture francais, nous
comptons sur ce projet pour redynamiser le tissu economique de la
region.
D'autre part, nous pouvons compter sur les hommes et les femmes de la
region, et notamment la jeunesse. Kars est dotee depuis une dizaine
d'annees d'une universite. Encore jeune certes, mais enfin, la ville
recommence a attirer un peu de monde. Peu a peu. Et ces futurs
diplômes, s'ils restent, nous permettront de ne plus etre le trou
noir de la Turquie.
--Boundary_(ID_xeIDJcaQQVB3OQAcl87hNA)--
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
20 août 2005
Trois questions a Naif Alibeyoglu, maire de Kars
Entretien realise par E. D. et A. P.
" Nous ne voulons plus etre le trou noir de la Turquie ", declare
l'homme d'affaires devenu le premier magistrat de la ville.
Correspondance particulière.
La cinquantaine debonnaire, Naif Alibeyoglu, l'enfant du pays devenu
homme d'affaires, tient les renes de la mairie de Kars depuis six
ans. Kurde par sa mère, elu sous la bannière de l'AKP, cet ancien
etudiant marxiste est un pragmatique qui affiche une energie
farouche, determine a sortir sa - region de l'ornière de la pauvrete.
Quels sont vos objectifs en tant que maire de Kars ?
Naif Alibeyoglu. J'ai deux objectifs : la reouverture de la frontière
avec l'Armenie, vitale pour la vie economique de la region, et
l'approfondissement des liens avec l'UE. Avec une attention toute
particulière pour l'Europe ! Bien evidemment, je veux developper le
commerce avec le Caucase, mais ma priorite c'est l'adhesion a l'UE.
Elle est comme une boussole pour nous, une voie vers le progrès. Si
on n'avait pas cet objectif, le pays serait livre soit a
l'imperialisme americain, soit au terrorisme et aux islamistes
radicaux.
Precisement, l'integration a l'UE ne passe-t-elle pas par la
reconciliation turco-armenienne ?
Naif Alibeyoglu. Peut-etre. Mais je suis sûr que, via le dialogue,
cette reconciliation se fera. Je ne suis pas historien, mais maire.
Et ce dont nos deux pays ont besoin, c'est de - recommencer a
commercer normalement. Certes, les resistances politiques a cette
reouverture sont encore nombreuses. Rien que l'an dernier, lors du
festival culturel de notre ville, j'ai tente de jumeler Kars avec
Gumri, situee en Armenie. Mais Ankara s'y est oppose. - Cependant, je
reste optimiste.
Sur quelles forces vives peut s'appuyer la ville pour asseoir son
developpement ?
Naif Alibeyoglu. D'une part sur les activites traditionnelles, au -
premier rang desquelles l'elevage, a condition que nous ayons les
moyens de moderniser notre production. Nous venons ainsi de mettre en
place un reseau de 16 fermes pilotes, que nous voudrions integrer
dans un processus agro-industriel. Grâce a differentes cooperations,
comme celle engagee avec le ministère de l'Agriculture francais, nous
comptons sur ce projet pour redynamiser le tissu economique de la
region.
D'autre part, nous pouvons compter sur les hommes et les femmes de la
region, et notamment la jeunesse. Kars est dotee depuis une dizaine
d'annees d'une universite. Encore jeune certes, mais enfin, la ville
recommence a attirer un peu de monde. Peu a peu. Et ces futurs
diplômes, s'ils restent, nous permettront de ne plus etre le trou
noir de la Turquie.
--Boundary_(ID_xeIDJcaQQVB3OQAcl87hNA)--
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress