Le Temps, French
24 août 2005
Les Etats ne parleront pas des Arméniens;
DIPLOMATIE. Une commission parlementaire se penche sur les relations
entre la Suisse et la Turquie.
La Commission de politique extérieure du Conseil des Etats ne veut
pas dramatiser les relations entre la Suisse et la Turquie. Selon son
président Peter Briner, les rapports entre Berne et Ankara ne se sont
pas particulièrement dégradés au cours des derniers mois. Le report
«sine die» par la Turquie de la visite du conseiller fédéral Joseph
Deiss prévue en septembre a figuré au menu de la séance que la
commission a tenue lundi et mardi à Schaffhouse, dans le canton
d'origine de son président, le radical Peter Briner. Selon ce
dernier, ce report découle clairement des procédures ouvertes en
Suisse contre le politicien de gauche turc Dogu Perinçek pour
négation du génocide arménien.
S'exprimant devant la presse, le conseiller aux Etats a toutefois
tenu à préciser que la visite du conseiller fédéral n'avait pas été
annulée. Le déplacement du ministre a été reporté en raison du
calendrier, a-t-il relevé, estimant que le ministre de l'Economie
Joseph Deiss se rendra sur les rives du Bosphore lorsque les esprits
se seront apaisés. L'annulation avait été signifiée à l'ambassadeur
de Suisse à Ankara au début du mois.
Interrogé par l'ATS au début août, Peter Briner avait estimé que les
tensions entre Berne et Ankara nées à la suite des procédures
ouvertes en Suisse contre Dogu
Perinçek avaient été provoquées notamment par la presse. Les médias
turcs ont manifestement «mobilisé l'opinion contre la Suisse», avait
affirmé le politicien. Une procédure a également été ouverte par la
justice helvétique contre l'historien turc Yusuf Halacoglu, également
pour négation du génocide arménien.
Devant la presse à Schaffhouse, Peter Briner a répété que le Conseil
des Etats, contrairement au National, ne se penchera pas sur le
génocide arménien. D'autres pays n'ont pas à montrer du doigt la
Turquie 90 ans après les faits, estime le président de la Commission
de politique extérieure de la Chambre haute. Selon la commission, il
appartiendrait plutôt aux parties concernées, soit la Turquie et
l'Arménie, de s'en saisir. Une commission mixte d'historiens devrait
se pencher sur les événements de 1915 comme la Suisse a réfléchi sur
son histoire durant la Seconde Guerre mondiale.
Cette affaire s'inscrit dans le cadre de l'application de l'article
261 bis du Code pénal suisse qui sanctionne la dénégation de
génocides ou de crimes contre l'humanité. Elle a déjà donné lieu à
véritable ballet diplomatique, l'ambassadeur de Suisse en Turquie et
son homologue turc en Suisse ayant tous deux été invités à
s'expliquer aux ministères des affaires étrangères de leur pays hôte.
La Suisse a fait valoir la séparation des pouvoirs qui interdit aux
autorités politiques de s'immiscer dans les décisions de l'autorité
judiciaire.
24 août 2005
Les Etats ne parleront pas des Arméniens;
DIPLOMATIE. Une commission parlementaire se penche sur les relations
entre la Suisse et la Turquie.
La Commission de politique extérieure du Conseil des Etats ne veut
pas dramatiser les relations entre la Suisse et la Turquie. Selon son
président Peter Briner, les rapports entre Berne et Ankara ne se sont
pas particulièrement dégradés au cours des derniers mois. Le report
«sine die» par la Turquie de la visite du conseiller fédéral Joseph
Deiss prévue en septembre a figuré au menu de la séance que la
commission a tenue lundi et mardi à Schaffhouse, dans le canton
d'origine de son président, le radical Peter Briner. Selon ce
dernier, ce report découle clairement des procédures ouvertes en
Suisse contre le politicien de gauche turc Dogu Perinçek pour
négation du génocide arménien.
S'exprimant devant la presse, le conseiller aux Etats a toutefois
tenu à préciser que la visite du conseiller fédéral n'avait pas été
annulée. Le déplacement du ministre a été reporté en raison du
calendrier, a-t-il relevé, estimant que le ministre de l'Economie
Joseph Deiss se rendra sur les rives du Bosphore lorsque les esprits
se seront apaisés. L'annulation avait été signifiée à l'ambassadeur
de Suisse à Ankara au début du mois.
Interrogé par l'ATS au début août, Peter Briner avait estimé que les
tensions entre Berne et Ankara nées à la suite des procédures
ouvertes en Suisse contre Dogu
Perinçek avaient été provoquées notamment par la presse. Les médias
turcs ont manifestement «mobilisé l'opinion contre la Suisse», avait
affirmé le politicien. Une procédure a également été ouverte par la
justice helvétique contre l'historien turc Yusuf Halacoglu, également
pour négation du génocide arménien.
Devant la presse à Schaffhouse, Peter Briner a répété que le Conseil
des Etats, contrairement au National, ne se penchera pas sur le
génocide arménien. D'autres pays n'ont pas à montrer du doigt la
Turquie 90 ans après les faits, estime le président de la Commission
de politique extérieure de la Chambre haute. Selon la commission, il
appartiendrait plutôt aux parties concernées, soit la Turquie et
l'Arménie, de s'en saisir. Une commission mixte d'historiens devrait
se pencher sur les événements de 1915 comme la Suisse a réfléchi sur
son histoire durant la Seconde Guerre mondiale.
Cette affaire s'inscrit dans le cadre de l'application de l'article
261 bis du Code pénal suisse qui sanctionne la dénégation de
génocides ou de crimes contre l'humanité. Elle a déjà donné lieu à
véritable ballet diplomatique, l'ambassadeur de Suisse en Turquie et
son homologue turc en Suisse ayant tous deux été invités à
s'expliquer aux ministères des affaires étrangères de leur pays hôte.
La Suisse a fait valoir la séparation des pouvoirs qui interdit aux
autorités politiques de s'immiscer dans les décisions de l'autorité
judiciaire.