PORTRAIT. NAREK DOURIAN, UN ARMENIEN TOMBE DU PARADIS SOVIETIQUE.
Pierre-Yves le Priol
La Croix , France
29 août 2005
Comedien et metteur en scène, Narek Dourian reprend a partir de
demain, a Paris, un one-man-show de sa composition, intitule Dieu
merci!, qui a fait se tordre de rire le public parisien avant l'ete.
Un spectacle inspire de son experience d'Armenien qui deserta le bloc
de l'Est, en 1982, pour se refugier en France: d'abord a Marseille
(comme pianiste) puis dans la capitale (comme homme de theâtre).
par LE PRIOL Pierre-Yves
Choc des cultures et comique de situation: tout se joue a ce niveau
dans la prestation que l'artiste nous propose jusqu'a la fin septembre
au theâtre Dejazet (1).
Celui-ci y incarne un jeune Sovietique au prenom aussi usite autrefois
de l'autre côte du rideau de fer qu'improbable, aujourd'hui, de
ce côte-ci: Mels, comme les initiales de Marx, Engels, Lenine et
Staline! Le Caucasien Mels se decide donc a fuir son pays (en fait
l'Armenie), promis a "l'avenir radieux" du communisme, pour tenter
sa chance dans l'enfer capitaliste et devenir pianiste "russe" en
France. Les gags du spectacle et autres repliques pleines de truculence
sentent l'experience vecue par l'auteur lui-meme: epreuves que seul
l'amour d'une Francaise (en fait, Dourian a epouse une Armenienne de
France) permet a son personnage de surmonter...
Narek Dourian est ne en 1959 dans la capitale de l'ex-Republique
sovietique d'Armenie. Fils d'un chef d'orchestre et d'un professeur
d'art dramatique, c'est un enfant de la balle, forme lui-meme
au theâtre et au piano. Chez nous, il a deja mis en scène une
comedie musicale (Nazar le Temeraire) et un opera (Anouche)
d'inspiration armenienne. Deux fois l'an, il tourne avec une troupe
de comediens d'Erevan dans les diasporas d'Europe, des Etats-Unis
et du Moyen-Orient. Russophone et connaisseur du repertoire russe,
il a egalement travaille sur Tchekhov et Boulgakov.
C'est cette double qualite d'Armenien et d'ancien "homo sovieticus"
qui vaut a l'auteur de nous proposer, pour la rentree, ce spectacle
assez irresistible sur les tribulations d'un emigre debarque de son
"Est oriental".
Ceux qui ont connu les anciens pays du socialisme reel en retrouveront,
dans le texte, l'humour caracteristique et les situations parfois
kafkaïennes. Une tendre conviction, chère a l'artiste, traverse en
fin de compte cette prestation en solo: s'il vaut mieux habiter en
France que la-bas, tout Armenien anciennement "sovietise" ne peut
cependant se departir d'une pointe de nostalgie en pensant au pays -
misereux, enclave, sous la botte - où il a vecu ses 20 ans...
(1) À partir du 30 août, pour 25 representations, au theâtre Dejazet
a Paris: 01.48.87.52.55.
--Boundary_(ID_C2akrRW652Zg/zSjc/+JJg)--
Pierre-Yves le Priol
La Croix , France
29 août 2005
Comedien et metteur en scène, Narek Dourian reprend a partir de
demain, a Paris, un one-man-show de sa composition, intitule Dieu
merci!, qui a fait se tordre de rire le public parisien avant l'ete.
Un spectacle inspire de son experience d'Armenien qui deserta le bloc
de l'Est, en 1982, pour se refugier en France: d'abord a Marseille
(comme pianiste) puis dans la capitale (comme homme de theâtre).
par LE PRIOL Pierre-Yves
Choc des cultures et comique de situation: tout se joue a ce niveau
dans la prestation que l'artiste nous propose jusqu'a la fin septembre
au theâtre Dejazet (1).
Celui-ci y incarne un jeune Sovietique au prenom aussi usite autrefois
de l'autre côte du rideau de fer qu'improbable, aujourd'hui, de
ce côte-ci: Mels, comme les initiales de Marx, Engels, Lenine et
Staline! Le Caucasien Mels se decide donc a fuir son pays (en fait
l'Armenie), promis a "l'avenir radieux" du communisme, pour tenter
sa chance dans l'enfer capitaliste et devenir pianiste "russe" en
France. Les gags du spectacle et autres repliques pleines de truculence
sentent l'experience vecue par l'auteur lui-meme: epreuves que seul
l'amour d'une Francaise (en fait, Dourian a epouse une Armenienne de
France) permet a son personnage de surmonter...
Narek Dourian est ne en 1959 dans la capitale de l'ex-Republique
sovietique d'Armenie. Fils d'un chef d'orchestre et d'un professeur
d'art dramatique, c'est un enfant de la balle, forme lui-meme
au theâtre et au piano. Chez nous, il a deja mis en scène une
comedie musicale (Nazar le Temeraire) et un opera (Anouche)
d'inspiration armenienne. Deux fois l'an, il tourne avec une troupe
de comediens d'Erevan dans les diasporas d'Europe, des Etats-Unis
et du Moyen-Orient. Russophone et connaisseur du repertoire russe,
il a egalement travaille sur Tchekhov et Boulgakov.
C'est cette double qualite d'Armenien et d'ancien "homo sovieticus"
qui vaut a l'auteur de nous proposer, pour la rentree, ce spectacle
assez irresistible sur les tribulations d'un emigre debarque de son
"Est oriental".
Ceux qui ont connu les anciens pays du socialisme reel en retrouveront,
dans le texte, l'humour caracteristique et les situations parfois
kafkaïennes. Une tendre conviction, chère a l'artiste, traverse en
fin de compte cette prestation en solo: s'il vaut mieux habiter en
France que la-bas, tout Armenien anciennement "sovietise" ne peut
cependant se departir d'une pointe de nostalgie en pensant au pays -
misereux, enclave, sous la botte - où il a vecu ses 20 ans...
(1) À partir du 30 août, pour 25 representations, au theâtre Dejazet
a Paris: 01.48.87.52.55.
--Boundary_(ID_C2akrRW652Zg/zSjc/+JJg)--