Agence France Presse
4 février 2005 vendredi 4:51 PM GMT
Dialogue "sans tabou" entre parlementaires français et dirigeants
turcs (PAPIER GENERAL)
Par Sylvie MALIGORNE
ANKARA 4 fév 2005
Des discussions "sans tabou" entre parlementaires français et des
dirigeants et membres de la société civile turcs se sont déroulées
jeudi et vendredi à Ankara, lors du déplacement du président de
l'Assemblée nationale française Jean-Louis Debré et des chefs des
groupes politiques au palais Bourbon.
Jeudi au premier jour de cette visite, inédite de par la composition
de la délégation française, les échanges ont été "libres" et
"francs". Tant du côté français que du côté turc, les mots ont été
les mêmes, alors que les relations entre les deux pays sont tendues.
Depuis avril 1992, date de la visite de François Mitterrand dans ce
pays, aucun chef d'Etat français ou de Premier ministre n'a fait le
déplacement.
Le contentieux est lourd depuis la reconnaissance du génocide
arménien par l'Assemblée nationale en 2001, puis avec les débats
passionnés en France suscités par l'éventuelle adhésion d'Ankara à
l'Union européenne.
Dans ce contexte, la venue de M. Debré et des présidents de groupe,
Bernard Accoyer (UMP), Jean-Marc Ayrault (PS), Alain Bocquet (PCF) et
Hervé Morin (UDF), tous avec des approches différentes, a été
qualifiée jeudi de "très importante" par le président de la grande
assemblée nationale turque Bulent Arinc.
Il s'agissait d'"écouter et comprendre, de se dire la vérité", selon
les termes de M. Debré, et de répondre "avec sincérité" aux
questions, selon M. Arinc.
De fait, les entretiens avec le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan
ou avec les parlementaires turcs ont portés sur tous les sujets de
friction. Selon un membre de la délégation, M. Erdogan s'est étonné
que le problème arménien puisse mettre en péril le référendum en
France sur la Turquie, qui n'aurait pas lieu avant une dizaine
d'année: "Je ne savais pas que 400.000 Arméniens pouvaient faire
échouer un référendum".
"évolution"
Pour autant, M. Erdogan est apparu ouvert, selon M. Ayrault, donnant
"le sentiment d'avoir pris conscience de la réalité du problème"
arménien et d'être disposé à évoluer pour "apaiser ces questions".
"Il a parlé de travail d'historiens sur les archives. C'est une
évolution", a-t-il dit.
Jeudi, lors d'une conférence de presse avec M. Arinc, M. Debré a
énuméré sans ambage les points d'achoppement: "Chypre, les droits de
l'Homme, le problème des Arméniens", provoquant des réactions vives
de la presse turque.
De son côté, Arinc a regretté que le débat en France sur l'adhésion
de son pays se fasse "sur un terrain plein de malentendus". "La
Turquie de l'opinion publique française est très différente de la
Turquie réelle", a-t-il dit. En ligne de mire notamment les
déclarations du président de l'UMP Nicolas Sarkozy -"si la Turquie
était en Europe, ça se saurait"- ou l'attitude de celle de Philippe
de Villiers, très hostile à l'adhésion d'Ankara.
Les Turcs "croient que nous sommes opposés parce qu'ils sont turcs.
Or la question est celle de la possibilité de faire une Europe
puissance", a confié M. Morin, opposé à l'entrée de la Turquie.
Partisan d'un partenariat privilégié, M. Accoyer a noté "le souhait
très fort" d'Ankara d'adhérer, tout en estimant que "le chemin était
encore long" avant que l'adhésion ne soit possible.
Vendredi, avant de se rendre à Istanbul, face aux représentants
d'associations des droits de l'Homme, les parlementaires ont mesuré
les efforts à faire. Néanmoins, M. Debré a jugé que le processus
d'adhésion était "une très grande chance" pour ce pays, contraint
ainsi à des réformes.
4 février 2005 vendredi 4:51 PM GMT
Dialogue "sans tabou" entre parlementaires français et dirigeants
turcs (PAPIER GENERAL)
Par Sylvie MALIGORNE
ANKARA 4 fév 2005
Des discussions "sans tabou" entre parlementaires français et des
dirigeants et membres de la société civile turcs se sont déroulées
jeudi et vendredi à Ankara, lors du déplacement du président de
l'Assemblée nationale française Jean-Louis Debré et des chefs des
groupes politiques au palais Bourbon.
Jeudi au premier jour de cette visite, inédite de par la composition
de la délégation française, les échanges ont été "libres" et
"francs". Tant du côté français que du côté turc, les mots ont été
les mêmes, alors que les relations entre les deux pays sont tendues.
Depuis avril 1992, date de la visite de François Mitterrand dans ce
pays, aucun chef d'Etat français ou de Premier ministre n'a fait le
déplacement.
Le contentieux est lourd depuis la reconnaissance du génocide
arménien par l'Assemblée nationale en 2001, puis avec les débats
passionnés en France suscités par l'éventuelle adhésion d'Ankara à
l'Union européenne.
Dans ce contexte, la venue de M. Debré et des présidents de groupe,
Bernard Accoyer (UMP), Jean-Marc Ayrault (PS), Alain Bocquet (PCF) et
Hervé Morin (UDF), tous avec des approches différentes, a été
qualifiée jeudi de "très importante" par le président de la grande
assemblée nationale turque Bulent Arinc.
Il s'agissait d'"écouter et comprendre, de se dire la vérité", selon
les termes de M. Debré, et de répondre "avec sincérité" aux
questions, selon M. Arinc.
De fait, les entretiens avec le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan
ou avec les parlementaires turcs ont portés sur tous les sujets de
friction. Selon un membre de la délégation, M. Erdogan s'est étonné
que le problème arménien puisse mettre en péril le référendum en
France sur la Turquie, qui n'aurait pas lieu avant une dizaine
d'année: "Je ne savais pas que 400.000 Arméniens pouvaient faire
échouer un référendum".
"évolution"
Pour autant, M. Erdogan est apparu ouvert, selon M. Ayrault, donnant
"le sentiment d'avoir pris conscience de la réalité du problème"
arménien et d'être disposé à évoluer pour "apaiser ces questions".
"Il a parlé de travail d'historiens sur les archives. C'est une
évolution", a-t-il dit.
Jeudi, lors d'une conférence de presse avec M. Arinc, M. Debré a
énuméré sans ambage les points d'achoppement: "Chypre, les droits de
l'Homme, le problème des Arméniens", provoquant des réactions vives
de la presse turque.
De son côté, Arinc a regretté que le débat en France sur l'adhésion
de son pays se fasse "sur un terrain plein de malentendus". "La
Turquie de l'opinion publique française est très différente de la
Turquie réelle", a-t-il dit. En ligne de mire notamment les
déclarations du président de l'UMP Nicolas Sarkozy -"si la Turquie
était en Europe, ça se saurait"- ou l'attitude de celle de Philippe
de Villiers, très hostile à l'adhésion d'Ankara.
Les Turcs "croient que nous sommes opposés parce qu'ils sont turcs.
Or la question est celle de la possibilité de faire une Europe
puissance", a confié M. Morin, opposé à l'entrée de la Turquie.
Partisan d'un partenariat privilégié, M. Accoyer a noté "le souhait
très fort" d'Ankara d'adhérer, tout en estimant que "le chemin était
encore long" avant que l'adhésion ne soit possible.
Vendredi, avant de se rendre à Istanbul, face aux représentants
d'associations des droits de l'Homme, les parlementaires ont mesuré
les efforts à faire. Néanmoins, M. Debré a jugé que le processus
d'adhésion était "une très grande chance" pour ce pays, contraint
ainsi à des réformes.