Le Monde, France
vendredi 4 Février 2005
Benon Sevan, 40 ans dans la machinerie onusienne
On le croise régulièrement dans les couloirs. Sa femme Micheline, une
Française, travaillait encore récemment dans un service du deuxième
étage. Benon Sevan, le premier responsable de l'ONU mis en cause par
la commission Volcker, a pris sa retraite après la dissolution du
programme "Pétrole contre nourriture" en novembre 2003, mais il a été
prié de rester sur place - avec son salaire - pour participer à
l'enquête.
Arménien de nationalité chypriote, gé de 67 ans, Benon Sevan a fait
toute sa carrière à l'ONU, comme Kofi Annan. Il est entré en 1965 au
département de l'information avant de travailler au comité sur la
décolonisation puis en Afghanistan, où il a été représentant spécial.
Il a été chargé de surveiller le retrait des forces russes de ce
pays.
De retour à New York, il a été nommé directeur du programme "Pétrole
contre nourriture" par Kofi Annan en octobre 1997. Le bureau de
gestion des sanctions contre l'Irak comptait quelque 1 000 personnes
qui surveillaient les contrats, établissaient les listes de biens que
l'Irak était autorisé à importer.
M. Sevan, mis en cause parmi d'autres personnalités, en janvier 2004
par un quotidien irakien, a toujours proclamé son innocence. Jeudi,
son avocat Eric Lewis a publié un communiqué démentant toute
malversation. Il a affirmé que M. Sevan n'avait "jamais accepté quoi
que ce soit de qui que ce soit" et n'avait pas d'intérêts dans une
compagnie pétrolière. Il a accusé la commission de chercher "un bouc
émissaire" et de succomber à "des pressions politiques massives".
Le directeur de cabinet de Kofi Annan, Mark Malloch Brown, a répondu
à ces accusations avec sévérité. "Benon Sevan est un ami très cher
pour beaucoup d'entre nous - j'ai travaillé avec lui pendant des
années -, mais quand vous avez en face de vous trois enquêteurs
internationaux, un budget d'investigation de 34 millions de dollars
et 65 enquêteurs, vous ne vous érigez pas tout seul en une cour
d'appel de leurs résultats." Il a annoncé que l'immunité dont
jouissent les fonctionnaires internationaux serait levée dès lors
qu'une procédure judiciaire serait entamée.
Le 19 août 2003, Benon Sevan se trouvait à Bagdad pour préparer la
fermeture du programme. Il allait se rendre dans le bureau situé
juste au-dessous de celui de Sergio Vieira de Mello lorsque le
btiment a été frappé par l'attentat. Lorsqu'il a fermé le programme
"Pétrole contre nourriture", au milieu des premières allégations de
mauvaise gestion, il a reçu un hommage appuyé de la part de Kofi
Annan.
Corine Lesnes
vendredi 4 Février 2005
Benon Sevan, 40 ans dans la machinerie onusienne
On le croise régulièrement dans les couloirs. Sa femme Micheline, une
Française, travaillait encore récemment dans un service du deuxième
étage. Benon Sevan, le premier responsable de l'ONU mis en cause par
la commission Volcker, a pris sa retraite après la dissolution du
programme "Pétrole contre nourriture" en novembre 2003, mais il a été
prié de rester sur place - avec son salaire - pour participer à
l'enquête.
Arménien de nationalité chypriote, gé de 67 ans, Benon Sevan a fait
toute sa carrière à l'ONU, comme Kofi Annan. Il est entré en 1965 au
département de l'information avant de travailler au comité sur la
décolonisation puis en Afghanistan, où il a été représentant spécial.
Il a été chargé de surveiller le retrait des forces russes de ce
pays.
De retour à New York, il a été nommé directeur du programme "Pétrole
contre nourriture" par Kofi Annan en octobre 1997. Le bureau de
gestion des sanctions contre l'Irak comptait quelque 1 000 personnes
qui surveillaient les contrats, établissaient les listes de biens que
l'Irak était autorisé à importer.
M. Sevan, mis en cause parmi d'autres personnalités, en janvier 2004
par un quotidien irakien, a toujours proclamé son innocence. Jeudi,
son avocat Eric Lewis a publié un communiqué démentant toute
malversation. Il a affirmé que M. Sevan n'avait "jamais accepté quoi
que ce soit de qui que ce soit" et n'avait pas d'intérêts dans une
compagnie pétrolière. Il a accusé la commission de chercher "un bouc
émissaire" et de succomber à "des pressions politiques massives".
Le directeur de cabinet de Kofi Annan, Mark Malloch Brown, a répondu
à ces accusations avec sévérité. "Benon Sevan est un ami très cher
pour beaucoup d'entre nous - j'ai travaillé avec lui pendant des
années -, mais quand vous avez en face de vous trois enquêteurs
internationaux, un budget d'investigation de 34 millions de dollars
et 65 enquêteurs, vous ne vous érigez pas tout seul en une cour
d'appel de leurs résultats." Il a annoncé que l'immunité dont
jouissent les fonctionnaires internationaux serait levée dès lors
qu'une procédure judiciaire serait entamée.
Le 19 août 2003, Benon Sevan se trouvait à Bagdad pour préparer la
fermeture du programme. Il allait se rendre dans le bureau situé
juste au-dessous de celui de Sergio Vieira de Mello lorsque le
btiment a été frappé par l'attentat. Lorsqu'il a fermé le programme
"Pétrole contre nourriture", au milieu des premières allégations de
mauvaise gestion, il a reçu un hommage appuyé de la part de Kofi
Annan.
Corine Lesnes