Agence France Presse
28 janvier 2005 vendredi 9:21 AM GMT
Une assurance américaine va indemniser des victimes du génocide
arménien (MAGAZINE)
EREVAN
Petros Petrossian n'avait que cinq ans lorsqu'il a vu ses parents et
sa petite soeur se faire tuer lors du génocide arménien de 1915-1917,
puis son frère mourir au cours de leur fuite, mais il ne savait rien
de l'assurance-vie américaine que son père avait contractée au début
du siècle.
Près de 90 ans après, et suite à une décision en juillet d'un
tribunal américain, la compagnie d'assurance New York Life Insurance
a assuré qu'elle indemniserait les descendants de ses 2.300 clients
morts au cours de ce génocide organisé par les autorités de l'empire
ottoman.
"Quand nous avons appris que le grand-père de mon mari était sur la
liste de la compagnie d'assurance, nous avons été surpris et très
émus", reconnaît Anaïd Petrossian, 50 ans, qui a entamé les
procédures pour bénéficier des indemnités dues à sa famille.
"Plus personne n'espérait voir le jour où les victimes du génocide et
leurs familles pourraient récupérer ne serait-ce qu'une miette de ce
qu'elles avaient perdu dans l'ouest de l'Arménie", a-t-elle ajouté.
La famille Petrossian a pu faire valoir ses droits grce à un groupe
de juristes, mis en place par le ministère arménien de la Justice,
chargé d'aider les bénéficiaires potentiels à compléter leurs
dossiers avant la date butoir du 28 février.
Ce travail, commencé en septembre, s'avère cependant très difficile.
La majorité des rescapés du génocide ayant pris la fuite avec
seulement quelques vêtements, laissant le plus souvent derrière eux
tous leurs papiers, y compris les polices d'assurance.
"Nous enregistrons les demandes, nous ouvrons des dossiers et
cherchons les preuves de liens de parenté dans les archives", a
indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère de la Justice, Ara
Sagatelian.
Dans toute l'ex-URSS, des familles de victimes recherchent avec
l'aide des autorités arméniennes les certificats de mariage, les
actes de naissance, des lettres ou encore des photos pouvant prouver
leur lien de parenté avec un client de la New York Life Insurance.
"Jusqu'à présent, 700 personnes nous ont soumis une demande après
avoir trouvé le nom d'un proche sur les listes de la compagnie
d'assurance. Neuf seulement avaient encore la police d'assurance. Il
y aussi des personnes qui ont la police mais qui ne sont pas sur les
listes", a ajouté M. Sagatelian.
Selon le ministère arménien de la Justice, 180 dossiers ont pu être
transmis à la fondation mise en place à New York par la justice
américaine pour rassembler les demandes d'indemnisation.
La New York Life Insurance a d'ores et déjà promis de payer un total
de 20 millions de dollars, dont 11,9 millions devraient revenir aux
familles des victimes. Trois millions doivent aller à des
organisations caritatives arméniennes et le reste à l'Eglise
arménienne, compte-tenu du fait que dans de nombreux cas les
indemnités ne pourront pas être perçues, faute d'héritiers. En effet,
nombreux sont les clients de la compagnie dont la famille entière a
été exterminée.
Les massacres et déportations d'Arméniens de 1915 à 1917, ont fait
1,5 million de morts, selon les Arméniens, entre 300.000 et 500.000,
selon la Turquie, héritière de l'empire ottoman, qui n'a jamais
reconnu sa responsabilité.
"La Turquie refuse de reconnaître le génocide notamment parce qu'elle
craint que les Arméniens ne réclament ensuite des compensations pour
les biens qu'ils ont perdu", a expliqué à l'AFP un expert arménien,
Akob Tchakrian.
28 janvier 2005 vendredi 9:21 AM GMT
Une assurance américaine va indemniser des victimes du génocide
arménien (MAGAZINE)
EREVAN
Petros Petrossian n'avait que cinq ans lorsqu'il a vu ses parents et
sa petite soeur se faire tuer lors du génocide arménien de 1915-1917,
puis son frère mourir au cours de leur fuite, mais il ne savait rien
de l'assurance-vie américaine que son père avait contractée au début
du siècle.
Près de 90 ans après, et suite à une décision en juillet d'un
tribunal américain, la compagnie d'assurance New York Life Insurance
a assuré qu'elle indemniserait les descendants de ses 2.300 clients
morts au cours de ce génocide organisé par les autorités de l'empire
ottoman.
"Quand nous avons appris que le grand-père de mon mari était sur la
liste de la compagnie d'assurance, nous avons été surpris et très
émus", reconnaît Anaïd Petrossian, 50 ans, qui a entamé les
procédures pour bénéficier des indemnités dues à sa famille.
"Plus personne n'espérait voir le jour où les victimes du génocide et
leurs familles pourraient récupérer ne serait-ce qu'une miette de ce
qu'elles avaient perdu dans l'ouest de l'Arménie", a-t-elle ajouté.
La famille Petrossian a pu faire valoir ses droits grce à un groupe
de juristes, mis en place par le ministère arménien de la Justice,
chargé d'aider les bénéficiaires potentiels à compléter leurs
dossiers avant la date butoir du 28 février.
Ce travail, commencé en septembre, s'avère cependant très difficile.
La majorité des rescapés du génocide ayant pris la fuite avec
seulement quelques vêtements, laissant le plus souvent derrière eux
tous leurs papiers, y compris les polices d'assurance.
"Nous enregistrons les demandes, nous ouvrons des dossiers et
cherchons les preuves de liens de parenté dans les archives", a
indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère de la Justice, Ara
Sagatelian.
Dans toute l'ex-URSS, des familles de victimes recherchent avec
l'aide des autorités arméniennes les certificats de mariage, les
actes de naissance, des lettres ou encore des photos pouvant prouver
leur lien de parenté avec un client de la New York Life Insurance.
"Jusqu'à présent, 700 personnes nous ont soumis une demande après
avoir trouvé le nom d'un proche sur les listes de la compagnie
d'assurance. Neuf seulement avaient encore la police d'assurance. Il
y aussi des personnes qui ont la police mais qui ne sont pas sur les
listes", a ajouté M. Sagatelian.
Selon le ministère arménien de la Justice, 180 dossiers ont pu être
transmis à la fondation mise en place à New York par la justice
américaine pour rassembler les demandes d'indemnisation.
La New York Life Insurance a d'ores et déjà promis de payer un total
de 20 millions de dollars, dont 11,9 millions devraient revenir aux
familles des victimes. Trois millions doivent aller à des
organisations caritatives arméniennes et le reste à l'Eglise
arménienne, compte-tenu du fait que dans de nombreux cas les
indemnités ne pourront pas être perçues, faute d'héritiers. En effet,
nombreux sont les clients de la compagnie dont la famille entière a
été exterminée.
Les massacres et déportations d'Arméniens de 1915 à 1917, ont fait
1,5 million de morts, selon les Arméniens, entre 300.000 et 500.000,
selon la Turquie, héritière de l'empire ottoman, qui n'a jamais
reconnu sa responsabilité.
"La Turquie refuse de reconnaître le génocide notamment parce qu'elle
craint que les Arméniens ne réclament ensuite des compensations pour
les biens qu'ils ont perdu", a expliqué à l'AFP un expert arménien,
Akob Tchakrian.