Les choix de la Croix. Charles Aznavour, au fil de la mémoire.
La Croix
19 juillet 2005
MIGLIORINI Robert
À VOIX NUE. Jusqu'au vendredi 22 juillet. France-Culture, 17 h 00 à
17 h 30.
À 80 ans passés, Charles Aznavour cultive une liberté de ton
réjouissante. Dégagé des contraintes d'une carrière internationale
menée sans fausse note, il se raconte, au fil de la mémoire, stimulé
par Hélène Hazera, incollable en matière de chanson. Avec un brin de
nostalgie touchante pour ses années de jeunesse dans une étonnante
famille d'artistes aux habitudes bohèmes. "J'ai le regret de ce
ghetto de gaieté", assure l'enfant de survivants du génocide
arménien. "Il y a dans ma voix et mon écriture des influences très
orientales, confie encore ce globe-trotter. À la maison, on parlait
six langues. Et les voisins et amis étaient toujours les bienvenus."
C'est le résistant Mischak Manouchian, par exemple, qui lui apprend à
jouer aux échecs. Le jeune Charles parcourt les rues de Paris en
patins à roulettes. Élève dans les coulisses du spectacle, il fait
ses débuts sur scène dès ses 9 ans et rêve d'être comédien, comme son
père. La chanson viendra plus tard, au music-hall, où il écoute Tino
Rossi, Maurice Chevalier, Yvonne Printemps. "Je voulais faire du
théâtre", rappelle l'acteur qui a tourné dans une soixantaine de
films.
À l'heure des bilans, l'auteur de centaines de chansons (1), amateur
de littérature, avoue que si le succès était venu plus vite, il
aurait pu prendre davantage de risques artistiques et tenter d'autres
"aventures". Il garde une certaine amertume de cette reconnaissance
tardive, y compris envers la presse. Il estime que l'on délaisse ses
chansons récentes, les radios limitant les années Aznavour à ses
chansons d'amour. "Je suis un peu écorché", reconnaît-il. Ces six
émissions dressent le portrait attachant d'un grand monsieur qui
prétend ne pas avoir d'imagination et aime répondre à des commandes.
Il voudrait écrire pour des chanteuses. Jamais blasé, Charles
Aznavour n'a pas fini de nous étonner.
--Boundary_(ID_CJcIwVpmiyWBd+mi5Fs/FQ)--
La Croix
19 juillet 2005
MIGLIORINI Robert
À VOIX NUE. Jusqu'au vendredi 22 juillet. France-Culture, 17 h 00 à
17 h 30.
À 80 ans passés, Charles Aznavour cultive une liberté de ton
réjouissante. Dégagé des contraintes d'une carrière internationale
menée sans fausse note, il se raconte, au fil de la mémoire, stimulé
par Hélène Hazera, incollable en matière de chanson. Avec un brin de
nostalgie touchante pour ses années de jeunesse dans une étonnante
famille d'artistes aux habitudes bohèmes. "J'ai le regret de ce
ghetto de gaieté", assure l'enfant de survivants du génocide
arménien. "Il y a dans ma voix et mon écriture des influences très
orientales, confie encore ce globe-trotter. À la maison, on parlait
six langues. Et les voisins et amis étaient toujours les bienvenus."
C'est le résistant Mischak Manouchian, par exemple, qui lui apprend à
jouer aux échecs. Le jeune Charles parcourt les rues de Paris en
patins à roulettes. Élève dans les coulisses du spectacle, il fait
ses débuts sur scène dès ses 9 ans et rêve d'être comédien, comme son
père. La chanson viendra plus tard, au music-hall, où il écoute Tino
Rossi, Maurice Chevalier, Yvonne Printemps. "Je voulais faire du
théâtre", rappelle l'acteur qui a tourné dans une soixantaine de
films.
À l'heure des bilans, l'auteur de centaines de chansons (1), amateur
de littérature, avoue que si le succès était venu plus vite, il
aurait pu prendre davantage de risques artistiques et tenter d'autres
"aventures". Il garde une certaine amertume de cette reconnaissance
tardive, y compris envers la presse. Il estime que l'on délaisse ses
chansons récentes, les radios limitant les années Aznavour à ses
chansons d'amour. "Je suis un peu écorché", reconnaît-il. Ces six
émissions dressent le portrait attachant d'un grand monsieur qui
prétend ne pas avoir d'imagination et aime répondre à des commandes.
Il voudrait écrire pour des chanteuses. Jamais blasé, Charles
Aznavour n'a pas fini de nous étonner.
--Boundary_(ID_CJcIwVpmiyWBd+mi5Fs/FQ)--