La Croix , France
6 juin 2005
UNE IDÉE POUR AGIR. FRANCE ARMENIE. Un "pont" médical entre Marseille
et l'Arménie.
PEIRON Denis
Avec un habitant sur dix originaire d'Arménie, Marseille suit de près
la vie du "Pays des pierres", cet avant-poste chrétien dans le
Caucase. C'est ainsi
qu'est née dans la cité phocéenne,
début 1989, l'association
Altitude 5165, nommée en référence au mont Ararat, le symbole
national, situé désormais en territoire turc. À l'origine, il
s'agissait de secourir, en leur adressant vivres et médicaments, les
victimes du tremblement de terre qui venait de se produire quelques
semaines plus tôt.
Les années ont passé, mais la précarité demeure. "Le système de soins
hérité de la période soviétique s'est effondré. Sans parler du blocus
maintenu par la Turquie, ni du conflit avec l'Azerbaïdjan, à propos
de l'enclave du Haut-Karabakh. En 1994, un cessez-le-feu a été
conclu, mais les incidents à la frontière sont quasi quotidiens",
note Robert Azilazian, le président d'Altitude 5165. Aussi son
association a-t-elle créé à Erevan une pharmacie centrale qui
distribue aux plus démunis les médicaments collectés et triés à
Marseille par la quarantaine de bénévoles de l'association. En 2003,
elle a aussi mis en place, à Gumri, deuxième ville du pays, un
dispensaire dentaire où plus de 10 000 personnes ont été soignées, et
s'apprête à ouvrir une structure similaire à Etchmiadzin, non loin de
la capitale. "Certaines personnes n'ont pas vu de dentiste depuis
vingt ans... En gros, les gens ne se soignent pas. Et quand on visite
les hôpitaux, on comprend pourquoi: les installations sont souvent
rudimentaires, les tarifs exorbitants..." Il y a peu, pour passer un
scanner, les habitants de Gumri devaient ainsi parcourir une bonne
centaine de kilomètres jusqu'à Erevan et, une fois sur place,
s'acquitter d'environ 150 Euro. Pas donné à tous, lorsqu'on sait que
le salaire mensuel moyen avoisine les 20 Euro. Désormais, ils peuvent
rester dans leur ville et bénéficier gratuitement de cet examen. Avec
l'aide du conseil général des Bouches-du-Rhône, qui chaque année lui
attribue près de 200 000 Euro de subventions, l'association Altitude
5165 a acheté d'occasion un scanner qu'elle a fait entièrement
réviser, puis offert tout récemment à l'hôpital de la ville.
"L'objectif, désormais, c'est de pérenniser les structures
existantes, tout en passant progressivement le relais financier aux
Arméniens", explique Robert Azilazian. Ce praticien dentaire
s'apprête à se rendre une nouvelle fois sur place pour aider à btir
un système de santé mutualiste.
DENIS PEIRON (à Marseille)
6 juin 2005
UNE IDÉE POUR AGIR. FRANCE ARMENIE. Un "pont" médical entre Marseille
et l'Arménie.
PEIRON Denis
Avec un habitant sur dix originaire d'Arménie, Marseille suit de près
la vie du "Pays des pierres", cet avant-poste chrétien dans le
Caucase. C'est ainsi
qu'est née dans la cité phocéenne,
début 1989, l'association
Altitude 5165, nommée en référence au mont Ararat, le symbole
national, situé désormais en territoire turc. À l'origine, il
s'agissait de secourir, en leur adressant vivres et médicaments, les
victimes du tremblement de terre qui venait de se produire quelques
semaines plus tôt.
Les années ont passé, mais la précarité demeure. "Le système de soins
hérité de la période soviétique s'est effondré. Sans parler du blocus
maintenu par la Turquie, ni du conflit avec l'Azerbaïdjan, à propos
de l'enclave du Haut-Karabakh. En 1994, un cessez-le-feu a été
conclu, mais les incidents à la frontière sont quasi quotidiens",
note Robert Azilazian, le président d'Altitude 5165. Aussi son
association a-t-elle créé à Erevan une pharmacie centrale qui
distribue aux plus démunis les médicaments collectés et triés à
Marseille par la quarantaine de bénévoles de l'association. En 2003,
elle a aussi mis en place, à Gumri, deuxième ville du pays, un
dispensaire dentaire où plus de 10 000 personnes ont été soignées, et
s'apprête à ouvrir une structure similaire à Etchmiadzin, non loin de
la capitale. "Certaines personnes n'ont pas vu de dentiste depuis
vingt ans... En gros, les gens ne se soignent pas. Et quand on visite
les hôpitaux, on comprend pourquoi: les installations sont souvent
rudimentaires, les tarifs exorbitants..." Il y a peu, pour passer un
scanner, les habitants de Gumri devaient ainsi parcourir une bonne
centaine de kilomètres jusqu'à Erevan et, une fois sur place,
s'acquitter d'environ 150 Euro. Pas donné à tous, lorsqu'on sait que
le salaire mensuel moyen avoisine les 20 Euro. Désormais, ils peuvent
rester dans leur ville et bénéficier gratuitement de cet examen. Avec
l'aide du conseil général des Bouches-du-Rhône, qui chaque année lui
attribue près de 200 000 Euro de subventions, l'association Altitude
5165 a acheté d'occasion un scanner qu'elle a fait entièrement
réviser, puis offert tout récemment à l'hôpital de la ville.
"L'objectif, désormais, c'est de pérenniser les structures
existantes, tout en passant progressivement le relais financier aux
Arméniens", explique Robert Azilazian. Ce praticien dentaire
s'apprête à se rendre une nouvelle fois sur place pour aider à btir
un système de santé mutualiste.
DENIS PEIRON (à Marseille)