Agence France Presse
20 juin 2005 lundi 7:27 AM GMT
Nagorny Karabakh : 11 ans après, toujours des centaines de disparus
(PAPIER D'ANGLE)
Par Mariam HAROUTIOUNIAN
STEPANAKERT (Azerbaïdjan) 20 juin 2005
Onze ans après la fin du sanglant conflit du Nagorny Karabakh, une
enclave arménienne en Azerbaïdjan, le sort de centaines de disparus
pendant les affrontements entre Arméniens et Azerbaïdjanais n'a
toujours pas été éclairci.
"Après tant d'années, nous sommes sans nouvelles de plus de 800
personnes disparues pendant la guerre contre l'Azerbaïdjan et la
déportation d'Arméniens des villes azerbaïdjanaises de Bakou,
Soumgait et Ganca", déplore la présidente de l'Union des familles de
personnes disparues Vera Grigorian.
"600 environ d'entre elles étaient des civils. Dans nos listes, il y
a des enfants, des femmes, des vieillards, des familles entières",
ajoute-t-elle.
Les affrontements au Nagorny Karabakh entre les habitants arméniens
soutenus par Erevan et les forces de Bakou ont commencé en 1988 et
ont fait de 25.000 à 30.000 morts, selon les estimations.
L'Union des familles a été créée il y a six ans, mais ceux qu'elle a
pu retrouver, et le cas échéant faire rentrer, ne sont pas nombreux.
"Nous collaborons avec la Croix-Rouge Internationale et avec une
organisation analogue du côté azerbaïdjanais. Aujourd'hui, nous avons
des renseignements solides sur 65 personnes. Nous savons qu'elles
sont vivantes et qu'elles séjournent dans différentes régions de
l'Azerbaïdjan", poursuit Mme Grigorian.
Selon elle, certains disparus ont été conduits d'Azerbaïdjan en
Turquie et en Iran, où ils sont contraints d'effectuer des travaux
pénibles.
"La partie azerbaïdjanaise propose souvent de rendre un disparu
seulement en échange d'un disparu azerbaïdjanais, mais il arrive
qu'on nous propose de racheter une personne pour plusieurs dizaines
de milliers de dollars", affirme-t-elle.
Ces cinq dernières années, trois personnes ont de la sorte pu être
récupérées.
"Nous savons où se trouvent quelques autres personnes, nous avons
arrêté avec les Azerbaïdjanais les conditions de leur retour, mais
leurs proches ne sont pas en mesure de débourser les fortes sommes
réclamées", indique Mme Grigorian.
En 1994, elle-même a vécu la disparition d'un fils unique de 20 ans,
pendant le conflit armé, et n'a plus depuis de nouvelles.
"La douleur que causent de telles pertes ne connaît pas de
nationalité. Mères azerbaïdjanaises et mères arméniennes, nous devons
nous aider mutuellement pour faire rentrer nos enfants", dit-elle.
Elle garde toujours chez elle, y compris accrochés sur des chaises,
des vêtements de son fils, convaincue qu'il reviendra un jour, tout
comme d'autres disparus.
20 juin 2005 lundi 7:27 AM GMT
Nagorny Karabakh : 11 ans après, toujours des centaines de disparus
(PAPIER D'ANGLE)
Par Mariam HAROUTIOUNIAN
STEPANAKERT (Azerbaïdjan) 20 juin 2005
Onze ans après la fin du sanglant conflit du Nagorny Karabakh, une
enclave arménienne en Azerbaïdjan, le sort de centaines de disparus
pendant les affrontements entre Arméniens et Azerbaïdjanais n'a
toujours pas été éclairci.
"Après tant d'années, nous sommes sans nouvelles de plus de 800
personnes disparues pendant la guerre contre l'Azerbaïdjan et la
déportation d'Arméniens des villes azerbaïdjanaises de Bakou,
Soumgait et Ganca", déplore la présidente de l'Union des familles de
personnes disparues Vera Grigorian.
"600 environ d'entre elles étaient des civils. Dans nos listes, il y
a des enfants, des femmes, des vieillards, des familles entières",
ajoute-t-elle.
Les affrontements au Nagorny Karabakh entre les habitants arméniens
soutenus par Erevan et les forces de Bakou ont commencé en 1988 et
ont fait de 25.000 à 30.000 morts, selon les estimations.
L'Union des familles a été créée il y a six ans, mais ceux qu'elle a
pu retrouver, et le cas échéant faire rentrer, ne sont pas nombreux.
"Nous collaborons avec la Croix-Rouge Internationale et avec une
organisation analogue du côté azerbaïdjanais. Aujourd'hui, nous avons
des renseignements solides sur 65 personnes. Nous savons qu'elles
sont vivantes et qu'elles séjournent dans différentes régions de
l'Azerbaïdjan", poursuit Mme Grigorian.
Selon elle, certains disparus ont été conduits d'Azerbaïdjan en
Turquie et en Iran, où ils sont contraints d'effectuer des travaux
pénibles.
"La partie azerbaïdjanaise propose souvent de rendre un disparu
seulement en échange d'un disparu azerbaïdjanais, mais il arrive
qu'on nous propose de racheter une personne pour plusieurs dizaines
de milliers de dollars", affirme-t-elle.
Ces cinq dernières années, trois personnes ont de la sorte pu être
récupérées.
"Nous savons où se trouvent quelques autres personnes, nous avons
arrêté avec les Azerbaïdjanais les conditions de leur retour, mais
leurs proches ne sont pas en mesure de débourser les fortes sommes
réclamées", indique Mme Grigorian.
En 1994, elle-même a vécu la disparition d'un fils unique de 20 ans,
pendant le conflit armé, et n'a plus depuis de nouvelles.
"La douleur que causent de telles pertes ne connaît pas de
nationalité. Mères azerbaïdjanaises et mères arméniennes, nous devons
nous aider mutuellement pour faire rentrer nos enfants", dit-elle.
Elle garde toujours chez elle, y compris accrochés sur des chaises,
des vêtements de son fils, convaincue qu'il reviendra un jour, tout
comme d'autres disparus.