Libération, France
mercredi 25 mai 2005
Chirac à la pêche aux oui arméniens
Dans une lettre, il explique que le traité complique l'entrée de la
Turquie dans l'UE.
Par Antoine GUIRAL
Revoilà la Turquie. Et c'est Jacques Chirac, en quête de voix pour le
oui, qui remet le sujet sur le tapis. Dans une lettre adressée au
Conseil de coordination des organisations arméniennes de France, le
chef de l'Etat cherche à rassurer les quelque 400 000 Français
d'origine arménienne. Il livre du coup une analyse pour le moins
alambiquée de l'entrée éventuelle de la Turquie dans l'UE. Fervent
partisan de cette adhésion, le Président semble désormais expliquer à
ceux que cette perspective inquiète qu'il importe de voter oui pour
l'éviter !
Selon la thèse défendue dans sa missive, la Constitution va rendre
plus difficile et en tout état de cause «plus long» le processus
d'adhésion de la Turquie. Jacques Chirac explique qu'Ankara «a encore
un long chemin à faire, d'autant plus long que l'Union se prépare à
franchir une étape supplémentaire dans l'affirmation de ses valeurs».
«En effet, avec la Constitution [...], pour la première fois dans
l'Histoire, les droits et les libertés fondamentales seront reconnus
par l'Union européenne elle-même et garantis à tous les citoyens
européens», poursuit-il. Des droits qui «s'imposeront à tous les
Etats membres, qu'il s'agisse du pluralisme, de la
non-discrimination, de la tolérance, de la justice, de la solidarité,
de l'égalité entre les femmes et les hommes, du respect des
minorités...» écrit Jacques Chirac.
Le Président rappelle que la «France a reconnu le génocide arménien
de 1915» et fait la leçon à Ankara en assurant attendre «de la
Turquie qu'elle mène à son terme cet impératif de devoir de mémoire».
De même, il souligne avoir appelé l'attention des dirigeants turcs
sur «certaines dispositions inacceptables» (en matière de
restrictions à la liberté de la presse) de leur «nouveau code pénal»
dont l'entrée en vigueur est prévue pour le 1er juin. «Il ne doit y
avoir aucune ambiguïté sur ce point : faire obstacle au devoir de
mémoire est incompatible avec les valeurs de l'Union. La France sera
très vigilante sur ce point et aura à coeur de faire partager sa
conviction par ses partenaires européens.»
Après un entretien à la presse agricole en début de semaine et un
autre au mensuel des banlieues Pote à pote hier, qui pourra dire que
Chirac ne sera pas allé chercher les oui un à un dans cette campagne
?
mercredi 25 mai 2005
Chirac à la pêche aux oui arméniens
Dans une lettre, il explique que le traité complique l'entrée de la
Turquie dans l'UE.
Par Antoine GUIRAL
Revoilà la Turquie. Et c'est Jacques Chirac, en quête de voix pour le
oui, qui remet le sujet sur le tapis. Dans une lettre adressée au
Conseil de coordination des organisations arméniennes de France, le
chef de l'Etat cherche à rassurer les quelque 400 000 Français
d'origine arménienne. Il livre du coup une analyse pour le moins
alambiquée de l'entrée éventuelle de la Turquie dans l'UE. Fervent
partisan de cette adhésion, le Président semble désormais expliquer à
ceux que cette perspective inquiète qu'il importe de voter oui pour
l'éviter !
Selon la thèse défendue dans sa missive, la Constitution va rendre
plus difficile et en tout état de cause «plus long» le processus
d'adhésion de la Turquie. Jacques Chirac explique qu'Ankara «a encore
un long chemin à faire, d'autant plus long que l'Union se prépare à
franchir une étape supplémentaire dans l'affirmation de ses valeurs».
«En effet, avec la Constitution [...], pour la première fois dans
l'Histoire, les droits et les libertés fondamentales seront reconnus
par l'Union européenne elle-même et garantis à tous les citoyens
européens», poursuit-il. Des droits qui «s'imposeront à tous les
Etats membres, qu'il s'agisse du pluralisme, de la
non-discrimination, de la tolérance, de la justice, de la solidarité,
de l'égalité entre les femmes et les hommes, du respect des
minorités...» écrit Jacques Chirac.
Le Président rappelle que la «France a reconnu le génocide arménien
de 1915» et fait la leçon à Ankara en assurant attendre «de la
Turquie qu'elle mène à son terme cet impératif de devoir de mémoire».
De même, il souligne avoir appelé l'attention des dirigeants turcs
sur «certaines dispositions inacceptables» (en matière de
restrictions à la liberté de la presse) de leur «nouveau code pénal»
dont l'entrée en vigueur est prévue pour le 1er juin. «Il ne doit y
avoir aucune ambiguïté sur ce point : faire obstacle au devoir de
mémoire est incompatible avec les valeurs de l'Union. La France sera
très vigilante sur ce point et aura à coeur de faire partager sa
conviction par ses partenaires européens.»
Après un entretien à la presse agricole en début de semaine et un
autre au mensuel des banlieues Pote à pote hier, qui pourra dire que
Chirac ne sera pas allé chercher les oui un à un dans cette campagne
?