Le génocide arménien privé de débat
Sous pression du gouvernement Erdogan, l'université du Bosphore annule
son colloque
Liberation (French)
jeudi 26 mai 2005
Par Marc SEMO
Le génocide arménien de 1915 reste tabou au niveau officiel en Turquie.
Soumise à de lourdes pressions du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan
(issu du mouvement islamiste) la présidence de l'université du Bosphore
a finalement annulé hier au dernier moment un colloque , le premier du
genre à Ankara, avec des historiens turcs qui, comme Taner Akçam,
remettent en cause la version officielle et reconnaissent l'évidence du
caractère génocidaire de ces tueries planifiées qui ont fait entre un
million et un million et demi de morts. Ankara avance le chiffre de 350
000 victimes et affirme que les massacres ont eu lieu des deux côtés.
«C'est un coup de poignard dans le dos du gouvernement et de l'Etat que
d'organiser une telle réunion dans un tel moment», avait martelé mardi
devant le Parlement le ministre de la Justice Cemil Cicek accusant les
organisateurs de «trahison» de l'intérêt national. Alors qu'Ankara
devrait commencer en octobre prochain les négociations d'adhésion avec
l'Union européenne, de plus en plus de voix s'élèvent parmi les 25 pour
inciter la Turquie à affronter cette page tragique de son histoire. Les
autorités appellent sans conviction à «un débat d'historiens». Une
partie de l'intelligentsia est bien décidée à assumer ce travail de
mémoire. «Ce colloque sans précédent montrait que les choses
commençaient à bouger, souligne Ahmet Insel, professeur à Paris-I et à
l'université de Galatasaray, son interdiction de fait ne peut que servir
les franges les plus radicales de la diaspora arménienne qui veulent
démontrer que rien ne peut changer sur ce sujet en Turquie.»
Sous pression du gouvernement Erdogan, l'université du Bosphore annule
son colloque
Liberation (French)
jeudi 26 mai 2005
Par Marc SEMO
Le génocide arménien de 1915 reste tabou au niveau officiel en Turquie.
Soumise à de lourdes pressions du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan
(issu du mouvement islamiste) la présidence de l'université du Bosphore
a finalement annulé hier au dernier moment un colloque , le premier du
genre à Ankara, avec des historiens turcs qui, comme Taner Akçam,
remettent en cause la version officielle et reconnaissent l'évidence du
caractère génocidaire de ces tueries planifiées qui ont fait entre un
million et un million et demi de morts. Ankara avance le chiffre de 350
000 victimes et affirme que les massacres ont eu lieu des deux côtés.
«C'est un coup de poignard dans le dos du gouvernement et de l'Etat que
d'organiser une telle réunion dans un tel moment», avait martelé mardi
devant le Parlement le ministre de la Justice Cemil Cicek accusant les
organisateurs de «trahison» de l'intérêt national. Alors qu'Ankara
devrait commencer en octobre prochain les négociations d'adhésion avec
l'Union européenne, de plus en plus de voix s'élèvent parmi les 25 pour
inciter la Turquie à affronter cette page tragique de son histoire. Les
autorités appellent sans conviction à «un débat d'historiens». Une
partie de l'intelligentsia est bien décidée à assumer ce travail de
mémoire. «Ce colloque sans précédent montrait que les choses
commençaient à bouger, souligne Ahmet Insel, professeur à Paris-I et à
l'université de Galatasaray, son interdiction de fait ne peut que servir
les franges les plus radicales de la diaspora arménienne qui veulent
démontrer que rien ne peut changer sur ce sujet en Turquie.»