Des plaies inguérissables
Des plaies inguérissables
Odile Tremblay
Édition du vendredi 30 septembre 2005 Le Devoir
Titre VO : Le Génocide en moi
Description : Réalisation, scénario et image: Araz Artinian.
La jeune cinéaste montréalaise Araz Artinian a réalisé un fascinant
documentaire sur le lourd héritage qu'elle subit et aime à la fois.
Avoir des origines arméniennes avec un père obsédé par le génocide de
1915 n'est guère de tout repos. D'où le questionnement
existentiel. Qui suis-je ? Puis-je connaître une liberté hors du champ
de mon identité arménienne ? Pas sûr. Le papa d'Araz Artinian ne peut
envisager qu'une de ses deux filles puisse épouser un non-Arménien,
réduisant leurs perspectives d'avenir.
«Tout ce qui m'arrive aujourd'hui remonte à 1915, dira la jeune
femme. J'ai pris le poids de la dénégation turque dans mon sac d'école
toute mon enfance.»
Araz Artinian avait collaboré au film Ararat d'Atom Egoyan et réalisé
The Story of Arsinée Khanjian, portrait de l'épouse et muse du
cinéaste torontois d'origine arménienne. Ce documentaire suit les
mêmes pistes que sa fiction.
Il démontre à quel point la non-reconnaissance du génocide par le
gouvernement turc rend les plaies inguérissables pour toute une
diaspora empêtrée dans ses racines rouges, en mal d'identité.
À travers une oeuvre sur la mémoire en tant que périple initiatique,
la réalisatrice rencontre les derniers survivants du génocide,
nonagénaires qui gardent en eux des images et des sensations gravées,
indélébiles : femme enceinte éventrée, les poux, la mort, la soif.
Elle déambule aussi avec sa petite vidéo numérique pour capter les
images et les témoignages familiaux, certes, mais aussi sur les routes
de la Turquie dans les anciennes terres arméniennes, où des guides
taisent le génocide aux touristes. Des documents d'archives, photos
et films tournés en Égypte et au Canada ajoutent des fragments à cette
mosaïque.
C'est l'amalgame des regards sur le génocide et l'identité arménienne
qui donne sa vivacité au documentaire d'Araz Artinian. Quel que soit
le bout par lequel elle aborde son sujet, le massacre de 1,5 million
d'Arméniens par les Turcs en 1915 vient la hanter pour mieux
bouleverser sa vie. Le Génocide en moi dit et répète à quel point peut
peser lourd le poids de l'Histoire.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
Des plaies inguérissables
Odile Tremblay
Édition du vendredi 30 septembre 2005 Le Devoir
Titre VO : Le Génocide en moi
Description : Réalisation, scénario et image: Araz Artinian.
La jeune cinéaste montréalaise Araz Artinian a réalisé un fascinant
documentaire sur le lourd héritage qu'elle subit et aime à la fois.
Avoir des origines arméniennes avec un père obsédé par le génocide de
1915 n'est guère de tout repos. D'où le questionnement
existentiel. Qui suis-je ? Puis-je connaître une liberté hors du champ
de mon identité arménienne ? Pas sûr. Le papa d'Araz Artinian ne peut
envisager qu'une de ses deux filles puisse épouser un non-Arménien,
réduisant leurs perspectives d'avenir.
«Tout ce qui m'arrive aujourd'hui remonte à 1915, dira la jeune
femme. J'ai pris le poids de la dénégation turque dans mon sac d'école
toute mon enfance.»
Araz Artinian avait collaboré au film Ararat d'Atom Egoyan et réalisé
The Story of Arsinée Khanjian, portrait de l'épouse et muse du
cinéaste torontois d'origine arménienne. Ce documentaire suit les
mêmes pistes que sa fiction.
Il démontre à quel point la non-reconnaissance du génocide par le
gouvernement turc rend les plaies inguérissables pour toute une
diaspora empêtrée dans ses racines rouges, en mal d'identité.
À travers une oeuvre sur la mémoire en tant que périple initiatique,
la réalisatrice rencontre les derniers survivants du génocide,
nonagénaires qui gardent en eux des images et des sensations gravées,
indélébiles : femme enceinte éventrée, les poux, la mort, la soif.
Elle déambule aussi avec sa petite vidéo numérique pour capter les
images et les témoignages familiaux, certes, mais aussi sur les routes
de la Turquie dans les anciennes terres arméniennes, où des guides
taisent le génocide aux touristes. Des documents d'archives, photos
et films tournés en Égypte et au Canada ajoutent des fragments à cette
mosaïque.
C'est l'amalgame des regards sur le génocide et l'identité arménienne
qui donne sa vivacité au documentaire d'Araz Artinian. Quel que soit
le bout par lequel elle aborde son sujet, le massacre de 1,5 million
d'Arméniens par les Turcs en 1915 vient la hanter pour mieux
bouleverser sa vie. Le Génocide en moi dit et répète à quel point peut
peser lourd le poids de l'Histoire.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress