Le Temps, Suisse
20 avril 2006
La Turquie boycotte les Pilatus suisses;
TENSIONS. Le DFAE attend des explications.
Pour le fabricant d'avions Pilatus basé à Stans (NW), la décision a
eu l'effet d'une claque: le Ministère turc de la défense a annoncé,
fin mars, l'exclure d'un appel d'offres pour de nouveaux avions
d'entraînement en raison de sa nationalité. Ceci alors que le PC-21
correspondait parfaitement à l'appel d'offres turc auquel Pilatus
s'était préparé durant près de quatre ans. Le contrat aurait
représenté environ 500 millions de francs. A Berne, les départements
des Affaires étrangères (DFAE) et de l'Economie (DFE) ont déjà réagi.
Mesure de rétorsion?
Les autorités turques ont fait savoir par lettre à Oskar Schwenk,
patron de Pilatus, que sa société serait exclue de l'appel d'offres
sans donner davantage d'explications, a indiqué le Tages-Anzeiger
mercredi. Mais Pilatus souligne qu'elle a bien été visée en tant
qu'entreprise suisse. L'affaire prend donc une dimension politique et
laisse supposer que les autorités turques ont une nouvelle fois voulu
exprimer leur mauvaise humeur à propos de la position suisse
concernant le génocide arménien de 1915. Le Conseil fédéral ne
reconnaît pas officiellement le génocide mais le National a adopté en
2003 un postulat en ce sens.
Au DFAE, personne ne veut officiellement lier le boycott des Pilatus
à la question du génocide, mais l'affaire est suivie avec «grande
attention», souligne une porte-parole. L'ambassadeur de Suisse en
poste à Ankara a d'ailleurs demandé des explications aux autorités
turques et une démarche similaire a été entreprise en parallèle à
Berne. Joseph Deiss a de son côté «déploré» cette décision et assuré
qu'il tenterait de résoudre l'affaire lors de son prochain voyage en
Turquie, souligne la porte-parole du DFE, Simone Hug. «Mais aucune
date n'a encore été fixée», précise-t-elle.
Les relations diplomatiques entre Berne et Ankara sont fragiles. En
raison de la question arménienne mais aussi du dossier kurde. Joseph
Deiss devait se rendre en Turquie en septembre 2005 mais sa visite a
été annulée. Officiellement pour des «problèmes d'agenda», mais
probablement surtout à cause des deux enquêtes pénales ouvertes en
Suisse contre des intellectuels turcs pour négation du génocide.
Micheline Calmy-Rey a également fait les frais de la colère turque
avant de pouvoir se rendre en Turquie, en mars 2005. Elle avait été
déclarée «persona non grata» en septembre 2003 parce que le Grand
Conseil vaudois venait de reconnaître le génocide arménien.
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20 avril 2006
La Turquie boycotte les Pilatus suisses;
TENSIONS. Le DFAE attend des explications.
Pour le fabricant d'avions Pilatus basé à Stans (NW), la décision a
eu l'effet d'une claque: le Ministère turc de la défense a annoncé,
fin mars, l'exclure d'un appel d'offres pour de nouveaux avions
d'entraînement en raison de sa nationalité. Ceci alors que le PC-21
correspondait parfaitement à l'appel d'offres turc auquel Pilatus
s'était préparé durant près de quatre ans. Le contrat aurait
représenté environ 500 millions de francs. A Berne, les départements
des Affaires étrangères (DFAE) et de l'Economie (DFE) ont déjà réagi.
Mesure de rétorsion?
Les autorités turques ont fait savoir par lettre à Oskar Schwenk,
patron de Pilatus, que sa société serait exclue de l'appel d'offres
sans donner davantage d'explications, a indiqué le Tages-Anzeiger
mercredi. Mais Pilatus souligne qu'elle a bien été visée en tant
qu'entreprise suisse. L'affaire prend donc une dimension politique et
laisse supposer que les autorités turques ont une nouvelle fois voulu
exprimer leur mauvaise humeur à propos de la position suisse
concernant le génocide arménien de 1915. Le Conseil fédéral ne
reconnaît pas officiellement le génocide mais le National a adopté en
2003 un postulat en ce sens.
Au DFAE, personne ne veut officiellement lier le boycott des Pilatus
à la question du génocide, mais l'affaire est suivie avec «grande
attention», souligne une porte-parole. L'ambassadeur de Suisse en
poste à Ankara a d'ailleurs demandé des explications aux autorités
turques et une démarche similaire a été entreprise en parallèle à
Berne. Joseph Deiss a de son côté «déploré» cette décision et assuré
qu'il tenterait de résoudre l'affaire lors de son prochain voyage en
Turquie, souligne la porte-parole du DFE, Simone Hug. «Mais aucune
date n'a encore été fixée», précise-t-elle.
Les relations diplomatiques entre Berne et Ankara sont fragiles. En
raison de la question arménienne mais aussi du dossier kurde. Joseph
Deiss devait se rendre en Turquie en septembre 2005 mais sa visite a
été annulée. Officiellement pour des «problèmes d'agenda», mais
probablement surtout à cause des deux enquêtes pénales ouvertes en
Suisse contre des intellectuels turcs pour négation du génocide.
Micheline Calmy-Rey a également fait les frais de la colère turque
avant de pouvoir se rendre en Turquie, en mars 2005. Elle avait été
déclarée «persona non grata» en septembre 2003 parce que le Grand
Conseil vaudois venait de reconnaître le génocide arménien.
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