Liberation , France
22 Avril 2006
Armenie. Editorial
Piège
par Pierre HASKI
QUOTIDIEN : samedi 22 avril 2006
Le piège de la memoire est en train de se refermer. La controverse
entourant le memorial du genocide armenien de Lyon lance l'une contre
l'autre deux communautes a l'identite forte et fière, qui avancent
avec des points de vue irreconciliables. Les uns s'appuient sur leur
memoire de descendants de rescapes, et sur la loi francaise qui
reconnaît le genocide armenien ; les autres, sur une ecriture de leur
histoire occultant les faits, au point d'avoir vu defiler dans les
rues lyonnaises des manifestants turcs portant une insupportable
pancarte negationniste. Cette confrontation se retrouve dans d'autres
secteurs de la societe francaise, où le choc de memoires divergentes
et d'identites froissees se revèle regulièrement explosif. Le fameux
"devoir de memoire", legitimement ne de la prise de conscience du
genocide juif après la Seconde Guerre mondiale, est devenu
aujourd'hui un instrument de division au sein de la societe. La
montee du communautarisme s'appuie pour part sur ces souffrances
historiques separement respectables, mais qui se transforment parfois
en instruments de combat. La societe francaise se retrouve
regulièrement desemparee lorsque surgit cette incomprehension
memorielle en son sein, lorsque la souffrance arabe ou la
revendication noire recusent le poids de la culpabilite collective
face a l'antisemitisme, ou lorsque, a Lyon, le nationalisme turc
blesse s'oppose a la respectabilite acquise par la cause du souvenir
armenien. La reponse ne tient-elle pas dans un "devoir d'histoire" en
plus ou a la place de cette "memoire", qui peut etre si selective ?
Le respect de la memoire collective y serait assurement gagnant.
--Boundary_(ID_ZfdeVKODV9A1CHUtVRS5yg)--
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
22 Avril 2006
Armenie. Editorial
Piège
par Pierre HASKI
QUOTIDIEN : samedi 22 avril 2006
Le piège de la memoire est en train de se refermer. La controverse
entourant le memorial du genocide armenien de Lyon lance l'une contre
l'autre deux communautes a l'identite forte et fière, qui avancent
avec des points de vue irreconciliables. Les uns s'appuient sur leur
memoire de descendants de rescapes, et sur la loi francaise qui
reconnaît le genocide armenien ; les autres, sur une ecriture de leur
histoire occultant les faits, au point d'avoir vu defiler dans les
rues lyonnaises des manifestants turcs portant une insupportable
pancarte negationniste. Cette confrontation se retrouve dans d'autres
secteurs de la societe francaise, où le choc de memoires divergentes
et d'identites froissees se revèle regulièrement explosif. Le fameux
"devoir de memoire", legitimement ne de la prise de conscience du
genocide juif après la Seconde Guerre mondiale, est devenu
aujourd'hui un instrument de division au sein de la societe. La
montee du communautarisme s'appuie pour part sur ces souffrances
historiques separement respectables, mais qui se transforment parfois
en instruments de combat. La societe francaise se retrouve
regulièrement desemparee lorsque surgit cette incomprehension
memorielle en son sein, lorsque la souffrance arabe ou la
revendication noire recusent le poids de la culpabilite collective
face a l'antisemitisme, ou lorsque, a Lyon, le nationalisme turc
blesse s'oppose a la respectabilite acquise par la cause du souvenir
armenien. La reponse ne tient-elle pas dans un "devoir d'histoire" en
plus ou a la place de cette "memoire", qui peut etre si selective ?
Le respect de la memoire collective y serait assurement gagnant.
--Boundary_(ID_ZfdeVKODV9A1CHUtVRS5yg)--
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress