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Splendeur et =?unknown?q?mis=E8re_du?= Caire

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    Splendeur et misère du Caire

    Le Figaro, France
    23 août 2006

    IL A 29 ANS et n'a pas froid aux yeux. Marwan Hamed est un jeune
    Egyptien bourre de talent et d'audace, qui, avec son premier
    long-metrage, L'Immeuble Yacoubian, a realise une grande fresque, a
    la fois lyrique et realiste, sur la societe egyptienne d'aujourd'hui,
    avec un budget pharaonique de 3,5 millions de dollars. "C'est le
    budget le plus eleve de toute l'histoire du cinema egyptien",
    souligne l'intrepide cineaste, qui, en adaptant le best-seller d'Alaa
    el-Aswany (1) traite sans peur des sujets sensibles et tabous tels
    que la corruption politique, les inegalites sociales, le desir, les
    obsessions sexuelles, l'homosexualite, les brutalites policières, la
    montee de l'islamisme, l'avortement force. C'est Waheed Hamed, le
    très prolifique scenariste et père du cineaste, qui est l'auteur de
    l'adaptation. "Mon père avait achete les droits du roman dès sa
    sortie en 2002. Mais comme le cinema egyptien s'aventure depuis ces
    dernières annees du côte des comedies, les producteurs et les
    distributeurs etaient frileux, alors que notre passe a la fois
    litteraire et cinematographique a montre plus d'une fois que nous
    n'avions pas peur des polemiques.

    Devant l'ampleur du budget, il a finalement cede les droits a Good
    News Group." Panorama de la societe L'âme du roman, c'est cet
    immeuble situe dans la rue Soliman-Pacha et qui fut edifie dans les
    annees 1930 par Hagop Yacoubian, un millionnaire president de la
    communaute armenienne d'Egypte. La cage d'escalier a vu defiler bien
    des habitants au fil des cinquante dernières annees. Et dans les
    annees 1990, epoque où se situe l'action, la splendeur du Yacoubian a
    perdu de son eclat, ce qui va amener les plus riches a côtoyer les
    plus pauvres. Vont ainsi se croiser dans les differents etages Zaki
    el-Dessouki, un vieux beau, fils d'un ancien pacha, Taha el-Shazly,
    le fils du concierge, dont le statut social l'empeche de devenir
    policier. "Il est le parfait exemple, explique le cineaste, de la
    facon dont on fabrique des terroristes. Il a perdu tout espoir, sa
    revolte, sa frustration vont le conduire vers le chemin du djihad."
    La galerie des personnages continue avec Haj Azzam, un ancien cireur
    de chaussures devenu un affairiste des plus louches et qui a des
    ambitions politiques. "Ce type d'homme fleurit de plus en plus en
    Egypte. Il incarne la corruption. Il est en apparence très
    respectueux de la religion mais n'hesite pas a faire avorter de force
    sa seconde epouse. Il est a l'oppose du personnage de Zaki
    el-Dessouki, qui vit dans la nostalgie d'un Caire cosmopolite, dans
    l'amour de Paris, des chansons d'Edith Piaf. Quand Nasser est arrive
    au pouvoir au debut des annees 1960, notre style de vie a
    complètement change. Nous nous sommes recroquevilles sur nous-memes,
    replies dans un système socialiste." L'Immeuble Yacoubian est sorti,
    en juin dernier, au Caire, rencontrant un succès autant public que
    critique. "Mais j'ai eu peur un moment que le film ne soit censure.
    Un senateur qui avait pourtant la reputation d'etre un liberal a
    decide de debattre du film en plein Parlement. Il voulait
    l'interdiction de L'Immeuble Yacoubian. Heureusement, le comite en a
    decide autrement. C'est la sagesse. On ne peut pas condamner les
    idees." Marwan Hamed a une belle assurance. Autant dans ses propos
    que dans ses gestes. Et il lui en a fallu pour diriger Adel Imam, qui
    incarne Zaki el-Dessouki. "Adel Imam est une veritable star en
    Egypte. Il a ete le premier acteur a jouer dans des films engages,
    denoncant le fanatisme religieux. C'est son 118 e long-metrage. Il
    est si populaire que, lorsque nous tournions en exterieur, c'etait de
    la folie, de l'hysterie pure ! Il est une veritable legende, mais il
    ne m'a pas impressionne car je le connais depuis que je suis gamin.
    Je sautais sur ses genoux quand j'avais 6 ans. Il est un grand ami de
    mon père." Marwan Hamed s'attaque deja a un nouveau projet, Ibrahim
    le blanc, "sur le monde du crime au Caire". La promesse d'une
    nouvelle polemi que...E. F. n (1) " L'Immeuble Yacoubian", roman
    d'Alaa el-Aswany. Editions Actes Sud (22,50 EUR ). Un film dramatique
    de Marwan Hamed avec Adel Imam, Yousra, Nour El Sherif, Hend Sabry.
    Duree : 2 h 52.


    Le Figaro
    23 août 2006

    Splendeur et misère du Caire

    par Emmanuèle FROIS

    IL A 29 ANS et n'a pas froid aux yeux. Marwan Hamed est un jeune
    Egyptien bourre de talent et d'audace, qui, avec son premier
    long-metrage, L'Immeuble Yacoubian, a realise une grande fresque, a
    la fois lyrique et realiste, sur la societe egyptienne d'aujourd'hui,
    avec un budget pharaonique de 3,5 millions de dollars. " C'est le
    budget le plus eleve de toute l'histoire du cinema egyptien ",
    souligne l'intrepide cineaste, qui, en adaptant le best-seller d'Alaa
    el-Aswany (1) traite sans peur des sujets sensibles et tabous tels
    que la corruption politique, les inegalites sociales, le desir, les
    obsessions sexuelles, l'homosexualite, les brutalites policières, la
    montee de l'islamisme, l'avortement force.

    C'est Waheed Hamed, le très prolifique scenariste et père du
    cineaste, qui est l'auteur de l'adaptation. " Mon père avait achete
    les droits du roman dès sa sortie en 2002. Mais comme le cinema
    egyptien s'aventure depuis ces dernières annees du côte des comedies,
    les producteurs et les distributeurs etaient frileux, alors que notre
    passe a la fois litteraire et cinematographique a montre plus d'une
    fois que nous n'avions pas peur des polemiques. Devant l'ampleur du
    budget, il a finalement cede les droits a Good News Group. "

    Panorama de la societe

    L'âme du roman, c'est cet immeuble situe dans la rue Soliman-Pacha et
    qui fut edifie dans les annees 1930 par Hagop Yacoubian, un
    millionnaire president de la communaute armenienne d'Egypte. La cage
    d'escalier a vu defiler bien des habitants au fil des cinquante
    dernières annees. Et dans les annees 1990, epoque où se situe
    l'action, la splendeur du Yacoubian a perdu de son eclat, ce qui va
    amener les plus riches a côtoyer les plus pauvres. Vont ainsi se
    croiser dans les differents etages Zaki el-Dessouki, un vieux beau,
    fils d'un ancien pacha, Taha el-Shazly, le fils du concierge, dont le
    statut social l'empeche de devenir policier.

    " Il est le parfait exemple, explique le cineaste, de la facon dont
    on fabrique des terroristes. Il a perdu tout espoir, sa revolte, sa
    frustration vont le conduire vers le chemin du djihad. " La galerie
    des personnages continue avec Haj Azzam, un ancien cireur de
    chaussures devenu un affairiste des plus louches et qui a des
    ambitions politiques. " Ce type d'homme fleurit de plus en plus en
    Egypte. Il incarne la corruption. Il est en apparence très
    respectueux de la religion mais n'hesite pas a faire avorter de force
    sa seconde epouse. Il est a l'oppose du personnage de Zaki
    el-Dessouki, qui vit dans la nostalgie d'un Caire cosmopolite, dans
    l'amour de Paris, des chansons d'Edith Piaf. Quand Nasser est arrive
    au pouvoir au debut des annees 1960, notre style de vie a
    complètement change. Nous nous sommes recroquevilles sur nous-memes,
    replies dans un système socialiste. "

    L'Immeuble Yacoubian est sorti, en juin dernier, au Caire,
    rencontrant un succès autant public que critique. " Mais j'ai eu peur
    un moment que le film ne soit censure. Un senateur qui avait pourtant
    la reputation d'etre un liberal a decide de debattre du film en plein
    Parlement. Il voulait l'interdiction de L'Immeuble Yacoubian.
    Heureusement, le comite en a decide autrement. C'est la sagesse. On
    ne peut pas condamner les idees. " Marwan Hamed a une belle
    assurance. Autant dans ses propos que dans ses gestes. Et il lui en a
    fallu pour diriger Adel Imam, qui incarne Zaki el-Dessouki.

    " Adel Imam est une veritable star en Egypte. Il a ete le premier
    acteur a jouer dans des films engages, denoncant le fanatisme
    religieux. C'est son 118e long-metrage. Il est si populaire que,
    lorsque nous tournions en exterieur, c'etait de la folie, de
    l'hysterie pure ! Il est une veritable legende, mais il ne m'a pas
    impressionne car je le connais depuis que je suis gamin. Je sautais
    sur ses genoux quand j'avais 6 ans. Il est un grand ami de mon père.
    " Marwan Hamed s'attaque deja a un nouveau projet, Ibrahim le blanc,
    " sur le monde du crime au Caire ". La promesse d'une nouvelle
    polemique...

    (1) " L'Immeuble Yacoubian ", roman d'Alaa el-Aswany. Editions Actes
    Sud (22,50 e).

    Un film dramatique de Marwan Hamed avec Adel Imam, Yousra, Nour El
    Sherif, Hend Sabry. Duree : 2 h 52.

    Voir la critique page 27

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