VALENTIGNEY FETE L'ANNEE DE L'ARMENIE MAIS CENSURE LE GENOCIDE
Claire Guillot
Le Monde, France
28 Juin 2006
L'Annee de l'Armenie s'annonce moins consensuelle que celle du
Bresil. En avril, a Lyon, le Memorial dedie au genocide armenien par
les Turcs en 1915 etait tagge avant meme d'etre inaugure.
Le 17 juin, c'est le photographe Antoine Agoudjian, connu pour son
travail sur la communaute armenienne, qui etait vise. Invite par
la ville de Valentigney (Doubs), il a vu son exposition decrochee
après les vives reactions de la communaute turque, forte de plusieurs
milliers de personnes en pays de Montbeliard, choquee par deux legendes
mentionnant le mot "genocide".
Cette exposition etait presentee dans le cadre du festival folklorique
Rythmes et couleurs de Valentigney (13 000 habitants), qui presentait,
les 17 et 18 juin, des danses, spectacles et expositions sous le
signe de l'Annee de l'Armenie.
Sous un chapiteau, Antoine Agoudjian exposait 35 images de son travail
Empreintes, publie dans la collection "Photopoche" (Actes Sud). Mais
dès l'ouverture, les legendes de deux images ont crispe les visiteurs
turcs : l'une montre des rescapes du genocide a Sassoum (Turquie),
l'autre fait reference au Memorial de Lyon et au million et demi
d'Armeniens morts en 1915.
Le ton est monte, mais le photographe s'est obstine, rappelant que
l'Assemblee nationale a reconnu le genocide armenien en 2001.
L'adjoint a la culture, Daniel Petitjean, a decide alors de fermer,
puis de decrocher l'exposition.
Rentre a Paris, Antoine Agoudjian ne decolère pas. "Au lieu de me
defendre, la municipalite m'a laisse me debrouiller avec la communaute
turque, au milieu des insultes et des menaces. Et quand j'ai refuse
d'enlever les legendes incriminees, elle m'a censure." La municipalite
de Valentigney, embarrassee, precise dans un communique qu'elle a dû,
devant les "risques", "suspendre durant les deux jours du festival
en plein air, et non censurer, l'exposition de M. Agoudjian".
Mais le photographe dit qu'avant l'exposition "un marchandage" a eu
lieu : "La mairie a soumis mes images, a mon insu, aux representants
de la communaute turque, afin qu'ils valident mon expo. N'est-ce pas
de la censure ?" La mairie estime que cette "reunion preparatoire"
organisee avec deux associations turques de la ville etait necessaire
afin de "prevenir les tensions".
Les photographies d'Antoine Agoudjian sont desormais visibles, jusqu'au
30 juin, a la MJC de Valentigney. Le conseil municipal vient de voter
l'organisation d'un vernissage de clôture "en hommage a l'artiste,
a son oeuvre et au peuple armenien".
--Boundary_(ID_9voLqIcSavcoL4zEVf +kUQ)--
Claire Guillot
Le Monde, France
28 Juin 2006
L'Annee de l'Armenie s'annonce moins consensuelle que celle du
Bresil. En avril, a Lyon, le Memorial dedie au genocide armenien par
les Turcs en 1915 etait tagge avant meme d'etre inaugure.
Le 17 juin, c'est le photographe Antoine Agoudjian, connu pour son
travail sur la communaute armenienne, qui etait vise. Invite par
la ville de Valentigney (Doubs), il a vu son exposition decrochee
après les vives reactions de la communaute turque, forte de plusieurs
milliers de personnes en pays de Montbeliard, choquee par deux legendes
mentionnant le mot "genocide".
Cette exposition etait presentee dans le cadre du festival folklorique
Rythmes et couleurs de Valentigney (13 000 habitants), qui presentait,
les 17 et 18 juin, des danses, spectacles et expositions sous le
signe de l'Annee de l'Armenie.
Sous un chapiteau, Antoine Agoudjian exposait 35 images de son travail
Empreintes, publie dans la collection "Photopoche" (Actes Sud). Mais
dès l'ouverture, les legendes de deux images ont crispe les visiteurs
turcs : l'une montre des rescapes du genocide a Sassoum (Turquie),
l'autre fait reference au Memorial de Lyon et au million et demi
d'Armeniens morts en 1915.
Le ton est monte, mais le photographe s'est obstine, rappelant que
l'Assemblee nationale a reconnu le genocide armenien en 2001.
L'adjoint a la culture, Daniel Petitjean, a decide alors de fermer,
puis de decrocher l'exposition.
Rentre a Paris, Antoine Agoudjian ne decolère pas. "Au lieu de me
defendre, la municipalite m'a laisse me debrouiller avec la communaute
turque, au milieu des insultes et des menaces. Et quand j'ai refuse
d'enlever les legendes incriminees, elle m'a censure." La municipalite
de Valentigney, embarrassee, precise dans un communique qu'elle a dû,
devant les "risques", "suspendre durant les deux jours du festival
en plein air, et non censurer, l'exposition de M. Agoudjian".
Mais le photographe dit qu'avant l'exposition "un marchandage" a eu
lieu : "La mairie a soumis mes images, a mon insu, aux representants
de la communaute turque, afin qu'ils valident mon expo. N'est-ce pas
de la censure ?" La mairie estime que cette "reunion preparatoire"
organisee avec deux associations turques de la ville etait necessaire
afin de "prevenir les tensions".
Les photographies d'Antoine Agoudjian sont desormais visibles, jusqu'au
30 juin, a la MJC de Valentigney. Le conseil municipal vient de voter
l'organisation d'un vernissage de clôture "en hommage a l'artiste,
a son oeuvre et au peuple armenien".
--Boundary_(ID_9voLqIcSavcoL4zEVf +kUQ)--