GENOCIDE ARMENIEN: UNE PROPOSITION DE LOI PS IRRITE LES HISTORIENS ET ANKARA
Le Figaro
10 mai 2006
La proposition de loi du groupe PS instituant des sanctions penales
contre la negation du genocide armenien, qui devrait etre examinee
demain par l'Assemblee, suscite la colère d'Ankara et de vives
protestations de la part de l'association Liberte pour l'Histoire,
presidee par Rene Remond. Le gouvernement turc a, lundi, annonce
le rappel "pour consultations" de son ambassadeur a Paris, Osman
Koruturk, après avoir averti Paris que les relations bilaterales
pourraient etre gravement affectees par cette loi. Selon le ministère
des Affaires etrangères, le diplomate devrait regagner Paris "très
prochainement". Le porte-parole de l'association d'historiens,
Jean-Pierre Azema, s'est dit "profondement choque" par l'initiative
des deputes PS, "qui constitue une nouvelle intervention politique
dans l'appreciation des evenements du passe, et place les enseignants
sous surveillance". L'association a ete creee en decembre dernier pour
assurer la defense d'Olivier Petre-Grenouilleau, professeur d'histoire
specialiste de l'esclavage et vise par une plainte pour "apologie de
crime contre l'humanite" après avoir estime que l'esclavage ne pouvait
etre qualifie de "genocide". Regroupant plus de 600 historiens tels
Alain Decaux, Alain Besancon, Jean-Claude Casanova, Stephane Courtois,
Max Gallo, Emmanuel Le Roy Ladurie, Pierre Nora et Michel Winock, cette
association avait alors demande l'abrogation de toutes les dispositions
"qui ont restreint la liberte de l'historien, lui ont dit, sous peine
de sanctions, ce qu'il doit chercher et ce qu'il doit trouver". La
majorite dans l'embarras Or le texte elabore par le groupe socialiste
vise a instituer des sanctions penales contre la negation du genocide
armenien, a l'exemple des dispositions en vigueur pour reprimer la
negation du genocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
"Adoptee a l'unanimite, la loi du 29 juillet 2001 a reconnu l'existence
du genocide armenien, mais n'a pas prevu de sanction penale pour
les negationnistes, argumente Didier Migaud, (PS, Isère), auteur de
la proposition de loi. Notre initiative met fin a cette lacune, et
prevoit des peines allant jusqu'a cinq ans de prison et 45 000 euros
d'amende. C'est une forte demande de la communaute armenienne." Le
texte place la majorite dans l'embarras. Soucieux de se montrer
coherent avec la position adoptee pendant la polemique sur le
"rôle positif" de la colonisation, le president du groupe UMP,
Bernard Accoyer, estime que "ce n'est pas au Parlement d'ecrire
l'Histoire". Conscient neanmoins que les deputes UMP sont invites
a soutenir ce texte par les associations representant la communaute
armenienne, Bernard Accoyer envisage d'accorder la liberte de vote
a ses collègues dans ce debat. Quatre-vingts deputes UMP avaient
d'ailleurs cosigne au debut de l'annee une proposition de loi de
Roland Blum (UMP, Bouches-du-Rhône) analogue a celle debattue demain
dans l'Hemicycle. G. P. n Lire aussi page 25.
--Boundary_(ID_1Bq607KjrCBIxprjBLjfAg)--
Le Figaro
10 mai 2006
La proposition de loi du groupe PS instituant des sanctions penales
contre la negation du genocide armenien, qui devrait etre examinee
demain par l'Assemblee, suscite la colère d'Ankara et de vives
protestations de la part de l'association Liberte pour l'Histoire,
presidee par Rene Remond. Le gouvernement turc a, lundi, annonce
le rappel "pour consultations" de son ambassadeur a Paris, Osman
Koruturk, après avoir averti Paris que les relations bilaterales
pourraient etre gravement affectees par cette loi. Selon le ministère
des Affaires etrangères, le diplomate devrait regagner Paris "très
prochainement". Le porte-parole de l'association d'historiens,
Jean-Pierre Azema, s'est dit "profondement choque" par l'initiative
des deputes PS, "qui constitue une nouvelle intervention politique
dans l'appreciation des evenements du passe, et place les enseignants
sous surveillance". L'association a ete creee en decembre dernier pour
assurer la defense d'Olivier Petre-Grenouilleau, professeur d'histoire
specialiste de l'esclavage et vise par une plainte pour "apologie de
crime contre l'humanite" après avoir estime que l'esclavage ne pouvait
etre qualifie de "genocide". Regroupant plus de 600 historiens tels
Alain Decaux, Alain Besancon, Jean-Claude Casanova, Stephane Courtois,
Max Gallo, Emmanuel Le Roy Ladurie, Pierre Nora et Michel Winock, cette
association avait alors demande l'abrogation de toutes les dispositions
"qui ont restreint la liberte de l'historien, lui ont dit, sous peine
de sanctions, ce qu'il doit chercher et ce qu'il doit trouver". La
majorite dans l'embarras Or le texte elabore par le groupe socialiste
vise a instituer des sanctions penales contre la negation du genocide
armenien, a l'exemple des dispositions en vigueur pour reprimer la
negation du genocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
"Adoptee a l'unanimite, la loi du 29 juillet 2001 a reconnu l'existence
du genocide armenien, mais n'a pas prevu de sanction penale pour
les negationnistes, argumente Didier Migaud, (PS, Isère), auteur de
la proposition de loi. Notre initiative met fin a cette lacune, et
prevoit des peines allant jusqu'a cinq ans de prison et 45 000 euros
d'amende. C'est une forte demande de la communaute armenienne." Le
texte place la majorite dans l'embarras. Soucieux de se montrer
coherent avec la position adoptee pendant la polemique sur le
"rôle positif" de la colonisation, le president du groupe UMP,
Bernard Accoyer, estime que "ce n'est pas au Parlement d'ecrire
l'Histoire". Conscient neanmoins que les deputes UMP sont invites
a soutenir ce texte par les associations representant la communaute
armenienne, Bernard Accoyer envisage d'accorder la liberte de vote
a ses collègues dans ce debat. Quatre-vingts deputes UMP avaient
d'ailleurs cosigne au debut de l'annee une proposition de loi de
Roland Blum (UMP, Bouches-du-Rhône) analogue a celle debattue demain
dans l'Hemicycle. G. P. n Lire aussi page 25.
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