GENOCIDE ARMENIEN: UNE PROPOSITION DE LOI PS QUI EMBARRASSE LES DEPUTES
Avant-Papier
Par Suzette BLOCH
Agence France Presse
16 mai 2006 mardi
Les deputes examineront jeudi matin une proposition de loi socialiste
rendant passible de prison la negation du genocide armenien de 1915,
un texte qui divise et embarrasse les elus tout en provoquant des
tensions entre Ankara et Paris.
Le texte vise a completer par un volet penal la loi du 29 janvier 2001
par laquelle la France reconnaît le genocide armenien. Elle fait de
la negation du genocide un delit punissable d'un an d'emprisonnement
et de 45.000 euros d'amende.
La proposition de loi ne devrait pas etre adoptee, une très large
majorite des deputes UMP y etant opposee.
Une incertitude demeure cependant et tout dependra du nombre de
deputes presents en seance. Des deputes UMP sont en effet favorables
a ce texte et le groupe leur a laisse la liberte de vote.
En outre, deux propositions de loi similaires d'elus UMP, ont ete
deposees juste après le texte du Parti socialiste, l'une d'Eric Raoult
(Seine-Saint-Denis) et l'autre de Richard Mallie (Bouches-du-Rhône)
et Roland Blum (Bouches-du-Rhône).
Très mobilisee, la communaute d'origine armenienne, estimee a 500.000
personnes (80.000 dans la region de Lyon et autant dans la region de
Marseille), represente un electorat non negligeable.
"Le negationnisme n'est sanctionne actuellement que s'il concerne
l'Holocauste. Cette specificite prive les victimes du genocide armenien
du respect de leur memoire et de leur identite que le negationnisme
remet en cause regulièrement", argumente le rapporteur PS du texte,
Christophe Masse (Bouches-du-Rhône).
Il en veut pour preuve les evenements recents de Lyon où
l'inauguration, en avril, d'un memorial du genocide armenien a
entraîne des profanations et des manifestations pro-turques, avec
des slogans negationnistes.
L'UMP, echaudee par la recente polemique sur la colonisation, est
cependant opposee au texte.
Le rôle de la loi n'est "pas d'ecrire l'histoire", a souligne le
president de l'Assemblee nationale, Jean-Louis Debre. "Nous avons tous
participe a un debat qui a conclu a la necessite de ne plus legiferer
sur les faits historiques, sur leur interpretation, sur la memoire",
a rencheri Bernard Accoyer (UMP).
A la suite d'un tolle chez les historiens, les defenseurs des droits
de l'Homme et dans les rangs de l'opposition, le gouvernement avait
dû faire supprimer l'article 4 de la loi du 23 fevrier 2005 sur
"le rôle positif" de la colonisation en Afrique du Nord. A droite
comme a gauche, beaucoup avaient alors convenu qu'il ne fallait pas
legiferer sur l'histoire.
Plusieurs historiens de renom opposes au vote de "lois memorielles"
se sont declare "profondement choques" de l'initiative du PS.
Parmi les socialistes, elle ne fait pas non plus l'unanimite. Le chef
de file du groupe, Jean-Marc Ayrault, a fait part de ses "extremes
reserves".
Du côte des centristes, la position est plus claire et selon Francois
Rochebloine, qui sera leur orateur, les deputes UDF devraient voter
le texte.
La proposition crispe a nouveau les relations avec Ankara deja furieuse
de la reconnaissance du genocide armenien. La Turquie a rappele son
ambassadeur a Paris pour consultation en avertissant la France que
les relations bilaterales pourraient etre gravement affectees par
cette loi.
Les Armeniens estiment que jusqu'a 1,5 million des leurs ont peri
dans un genocide organise par l'Empire ottoman entre 1915 et 1917,
tandis qu'Ankara evoque des massacres de part et d'autre mais recuse
les accusations de genocide.
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Avant-Papier
Par Suzette BLOCH
Agence France Presse
16 mai 2006 mardi
Les deputes examineront jeudi matin une proposition de loi socialiste
rendant passible de prison la negation du genocide armenien de 1915,
un texte qui divise et embarrasse les elus tout en provoquant des
tensions entre Ankara et Paris.
Le texte vise a completer par un volet penal la loi du 29 janvier 2001
par laquelle la France reconnaît le genocide armenien. Elle fait de
la negation du genocide un delit punissable d'un an d'emprisonnement
et de 45.000 euros d'amende.
La proposition de loi ne devrait pas etre adoptee, une très large
majorite des deputes UMP y etant opposee.
Une incertitude demeure cependant et tout dependra du nombre de
deputes presents en seance. Des deputes UMP sont en effet favorables
a ce texte et le groupe leur a laisse la liberte de vote.
En outre, deux propositions de loi similaires d'elus UMP, ont ete
deposees juste après le texte du Parti socialiste, l'une d'Eric Raoult
(Seine-Saint-Denis) et l'autre de Richard Mallie (Bouches-du-Rhône)
et Roland Blum (Bouches-du-Rhône).
Très mobilisee, la communaute d'origine armenienne, estimee a 500.000
personnes (80.000 dans la region de Lyon et autant dans la region de
Marseille), represente un electorat non negligeable.
"Le negationnisme n'est sanctionne actuellement que s'il concerne
l'Holocauste. Cette specificite prive les victimes du genocide armenien
du respect de leur memoire et de leur identite que le negationnisme
remet en cause regulièrement", argumente le rapporteur PS du texte,
Christophe Masse (Bouches-du-Rhône).
Il en veut pour preuve les evenements recents de Lyon où
l'inauguration, en avril, d'un memorial du genocide armenien a
entraîne des profanations et des manifestations pro-turques, avec
des slogans negationnistes.
L'UMP, echaudee par la recente polemique sur la colonisation, est
cependant opposee au texte.
Le rôle de la loi n'est "pas d'ecrire l'histoire", a souligne le
president de l'Assemblee nationale, Jean-Louis Debre. "Nous avons tous
participe a un debat qui a conclu a la necessite de ne plus legiferer
sur les faits historiques, sur leur interpretation, sur la memoire",
a rencheri Bernard Accoyer (UMP).
A la suite d'un tolle chez les historiens, les defenseurs des droits
de l'Homme et dans les rangs de l'opposition, le gouvernement avait
dû faire supprimer l'article 4 de la loi du 23 fevrier 2005 sur
"le rôle positif" de la colonisation en Afrique du Nord. A droite
comme a gauche, beaucoup avaient alors convenu qu'il ne fallait pas
legiferer sur l'histoire.
Plusieurs historiens de renom opposes au vote de "lois memorielles"
se sont declare "profondement choques" de l'initiative du PS.
Parmi les socialistes, elle ne fait pas non plus l'unanimite. Le chef
de file du groupe, Jean-Marc Ayrault, a fait part de ses "extremes
reserves".
Du côte des centristes, la position est plus claire et selon Francois
Rochebloine, qui sera leur orateur, les deputes UDF devraient voter
le texte.
La proposition crispe a nouveau les relations avec Ankara deja furieuse
de la reconnaissance du genocide armenien. La Turquie a rappele son
ambassadeur a Paris pour consultation en avertissant la France que
les relations bilaterales pourraient etre gravement affectees par
cette loi.
Les Armeniens estiment que jusqu'a 1,5 million des leurs ont peri
dans un genocide organise par l'Empire ottoman entre 1915 et 1917,
tandis qu'Ankara evoque des massacres de part et d'autre mais recuse
les accusations de genocide.
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