GENOCIDE ARMENIEN : LA PROPOSITION DE LOI ATTENDRA
Guillaume Perrault
Le Figaro, France
19 mai 2006
"J'AI HONTE d'etre francaise ! C'est une mascarade indigne." La jeune
etudiante d'origine armenienne, venue de Marseille pour assister au
vote des deputes sur la proposition de loi PS sanctionnant la negation
du genocide armenien, doit reprimer ses larmes. Le president de
l'Assemblee, Jean-Louis Debre, a leve la seance vers 13 h 5, alors que
l'examen du texte n'etait pas acheve et pouvait encore se poursuivre
pendant au moins une demi-heure. Les quarante deputes de tous bords
presents dans l'hemicycle - en majorite acquis a la proposition de
loi controversee - n'ont donc pu se prononcer par un vote.
Et Jean-Louis Debre a ensuite confirme que l'examen du texte
ne devrait pas reprendre avant le mois de novembre, date de
la prochaine seance reservee aux propositions de loi PS. Dès
que le president de l'Assemblee eut leve la seance, deux cents
Francais d'origine armenienne, presents dans les tribunes, ont
crie a pleins poumons dans l'hemicycle : "le vote !, le vote !",
avant d'entonner la Marseillaise et d'etre peu a peu evacues sans
brutalite. Ainsi s'est achevee une seance confuse et penible pendant
laquelle les deputes PS, leurs homologues UMP, Jean-Louis Debre et
le gouvernement se sont accuses mutuellement de "jouer la montre"
pour que l'Assemblee n'ait pas a assumer un vote sur cette delicate
question. La matinee avait mal commence. L'examen de deux textes
inscrits a l'ordre du jour d'une autre seance reservee au groupe
socialiste, mardi dernier, avait pris beaucoup de retard. La fin de
ces debats a donc eu lieu hier de 9 h 30 a midi, empietant sur le
temps initialement imparti au texte sur le genocide armenien. Après
plusieurs incidents de seance, Jean-Marc Ayrault a mis les pieds dans
le plat a 11 h 30 : "je demande que l'on reporte le debat sur le
genocide armenien a la prochaine niche parlementaire, en novembre,
faute de temps suffisant pour l'examiner". "Quelle hypocrisie !,
retorque Philippe Pemezec (UMP, Hauts-de-Seine). Vous avez inscrit
trois textes a l'ordre du jour que vous maîtrisez pour etre sûr que
le troisième ne puisse aboutir". Francois Rochebloine (UDF, Loire)
accuse alors le gouvernement de faire traîner les debats en longueur :
"le garde des Sceaux, qui d'habitude parle vite, semblait ce matin
determine a prendre tout son temps". Jean-Marc Ayrault change ensuite
soudain d'avis et - après s'etre entretenu avec Jean-Louis Debre -
"demande que la proposition de loi sur le genocide armenien soit
bien examinee". Protestations de tous bancs La discussion tant
attendue s'engage enfin a midi. Le ministre des Affaires etrangères,
Philippe Douste-Blazy, engage les hostilites avec les deputes : "le
texte qui vous est soumis serait considere, qu'on le veuille ou non,
comme un geste inamical par la très grande majorite du peuple turc,
assure l'hôte du Quai d'Orsay. Cela ne pourrait manquer d'avoir des
consequences politiques serieuses et d'affaiblir notre influence
non seulement en Turquie, mais dans l'ensemble de la region". Les
protestations fusent sur tous les bancs. "Nous voulons dire aux Turcs,
sans porter le moindre jugement, qu'une nation ne s'affaiblit pas en
reconnaissant son passe", repond Didier Migaud (PS, Drôme).
"En 2005, la faculte de medecine d'Istanbul a demande le rapatriement
de la depouille du docteur Behaeddine Chakir, ideologue du genocide,
pour lui faire des obsèques officielles !", rencherit Roland Blum
(UMP, Bouches-du-Rhône). Alors que la discussion parlementaire bat
son plein, Jean-Louis Debre lève brutalement la seance et quitte
l'hemicycle avec une rare celerite.
--Boundary_(ID_MMsXhDEXeMJlm1qomtxjfA)- -
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
Guillaume Perrault
Le Figaro, France
19 mai 2006
"J'AI HONTE d'etre francaise ! C'est une mascarade indigne." La jeune
etudiante d'origine armenienne, venue de Marseille pour assister au
vote des deputes sur la proposition de loi PS sanctionnant la negation
du genocide armenien, doit reprimer ses larmes. Le president de
l'Assemblee, Jean-Louis Debre, a leve la seance vers 13 h 5, alors que
l'examen du texte n'etait pas acheve et pouvait encore se poursuivre
pendant au moins une demi-heure. Les quarante deputes de tous bords
presents dans l'hemicycle - en majorite acquis a la proposition de
loi controversee - n'ont donc pu se prononcer par un vote.
Et Jean-Louis Debre a ensuite confirme que l'examen du texte
ne devrait pas reprendre avant le mois de novembre, date de
la prochaine seance reservee aux propositions de loi PS. Dès
que le president de l'Assemblee eut leve la seance, deux cents
Francais d'origine armenienne, presents dans les tribunes, ont
crie a pleins poumons dans l'hemicycle : "le vote !, le vote !",
avant d'entonner la Marseillaise et d'etre peu a peu evacues sans
brutalite. Ainsi s'est achevee une seance confuse et penible pendant
laquelle les deputes PS, leurs homologues UMP, Jean-Louis Debre et
le gouvernement se sont accuses mutuellement de "jouer la montre"
pour que l'Assemblee n'ait pas a assumer un vote sur cette delicate
question. La matinee avait mal commence. L'examen de deux textes
inscrits a l'ordre du jour d'une autre seance reservee au groupe
socialiste, mardi dernier, avait pris beaucoup de retard. La fin de
ces debats a donc eu lieu hier de 9 h 30 a midi, empietant sur le
temps initialement imparti au texte sur le genocide armenien. Après
plusieurs incidents de seance, Jean-Marc Ayrault a mis les pieds dans
le plat a 11 h 30 : "je demande que l'on reporte le debat sur le
genocide armenien a la prochaine niche parlementaire, en novembre,
faute de temps suffisant pour l'examiner". "Quelle hypocrisie !,
retorque Philippe Pemezec (UMP, Hauts-de-Seine). Vous avez inscrit
trois textes a l'ordre du jour que vous maîtrisez pour etre sûr que
le troisième ne puisse aboutir". Francois Rochebloine (UDF, Loire)
accuse alors le gouvernement de faire traîner les debats en longueur :
"le garde des Sceaux, qui d'habitude parle vite, semblait ce matin
determine a prendre tout son temps". Jean-Marc Ayrault change ensuite
soudain d'avis et - après s'etre entretenu avec Jean-Louis Debre -
"demande que la proposition de loi sur le genocide armenien soit
bien examinee". Protestations de tous bancs La discussion tant
attendue s'engage enfin a midi. Le ministre des Affaires etrangères,
Philippe Douste-Blazy, engage les hostilites avec les deputes : "le
texte qui vous est soumis serait considere, qu'on le veuille ou non,
comme un geste inamical par la très grande majorite du peuple turc,
assure l'hôte du Quai d'Orsay. Cela ne pourrait manquer d'avoir des
consequences politiques serieuses et d'affaiblir notre influence
non seulement en Turquie, mais dans l'ensemble de la region". Les
protestations fusent sur tous les bancs. "Nous voulons dire aux Turcs,
sans porter le moindre jugement, qu'une nation ne s'affaiblit pas en
reconnaissant son passe", repond Didier Migaud (PS, Drôme).
"En 2005, la faculte de medecine d'Istanbul a demande le rapatriement
de la depouille du docteur Behaeddine Chakir, ideologue du genocide,
pour lui faire des obsèques officielles !", rencherit Roland Blum
(UMP, Bouches-du-Rhône). Alors que la discussion parlementaire bat
son plein, Jean-Louis Debre lève brutalement la seance et quitte
l'hemicycle avec une rare celerite.
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