BRUXELLES RENONCE A PUNIR LA TURQUIE
De Notre Correspondante A Bruxelles Alexandrine Bouilhet
Le Figaro, France
08 novembre 2006
MALGRE la remise par ses propres services d'un rapport très critique
sur l'evolution de la Turquie, malgre l'impasse sur la question
chypriote, la Commission europeenne ne recommandera pas aux Vingt-Cinq,
aujourd'hui, la suspension des negociations d'adhesion avec Ankara. "
Personne, a Bruxelles ou dans les capitales des Etats membres,
ne veut porter la responsabilite d'une crise avec la Turquie " ,
explique-t-on a la Commission. Pour ne pas donner l'impression de
fuir ses obligations, face a des Etats membres sous pression de leurs
opinions, l'executif europeen promet de faire une recommandation au
Conseil avant le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement prevu le
15 decembre.
La bataille n'est donc que partie remise. À Bruxelles, on compte sur
un plan de sauvetage finlandais pour resoudre a temps le casse-tete
chypriote. La bienveillance de la Commission a l'egard de la Turquie,
qui se voit octroyer un delai de cinq semaines pour ouvrir ses ports
aux navires chypriotes, irrite plusieurs Etats membres. " La question
chypriote va polluer le Conseil europeen ! " redoute un diplomate
francais. La France, l'Autriche, les Pays-Bas, la Grèce et Chypre
figurent parmi les pays les plus sevères envers la Turquie. Mais
aucun d'entre eux n'ose demander a Bruxelles la suspension des
negociations. " Personne ne veut porter le chapeau d'une rupture "
, resume un connaisseur du dossier. Embarras de Paris Bete noire
d'Ankara depuis le vote de l'Assemblee nationale penalisant la
negation du genocide armenien, la France est très prudente. " Ce
n'est pas a nous de bloquer " , confie-t-on côte francais. L'embarras
de la France laisse les mains libres a Olli Rehn, le commissaire
finlandais a l'Elargissement. Refusant la rupture avec la Turquie,
c'est Olli Rehn qui a eu l'idee de reporter de cinq semaines l'avis
de la Commission. Il est soutenu dans sa demarche par Jose Manuel
Barroso et l'ensemble du collège, a l'exception du Chypriote Markos
Kiprianou. Egalement d'accord avec cette approche en deux temps,
le Francais Jacques Barrot n'aurait qu'une seule exigence : fixer la
date butoir au 12 decembre pour la recommandation de la Commission. À
court terme, les manoeuvres de la Commission font le jeu d'Ankara,
qui accuse l'Europe de vouloir lui claquer la porte au nez sans
respecter ses engagements. À moyen terme, elle peut se reveler tout
aussi douloureuse pour la Turquie. " Si la Turquie n'ouvre pas ses
ports aux bateaux chypriotes d'ici a la fin de l'annee, comme prevu,
il y aura des consequences sur les negociations ", assure-t-on
a Bruxelles. En attendant, la tactique d'Olli Rehn n'est pas sans
resultats. Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a annonce
une revision de l'article du Code penal qui punit les insultes a "
l'identite turque ". " C'est la preuve que le premier ministre turc
est engage en faveur de la liberte d'expression ", s'est felicite
Olli Rehn, persuade de pouvoir regler de la meme facon la question
chypriote, pourtant beaucoup plus complexe.
--Boundary_(ID_H47nrpqyGishssW1CmaP5Q)- -
De Notre Correspondante A Bruxelles Alexandrine Bouilhet
Le Figaro, France
08 novembre 2006
MALGRE la remise par ses propres services d'un rapport très critique
sur l'evolution de la Turquie, malgre l'impasse sur la question
chypriote, la Commission europeenne ne recommandera pas aux Vingt-Cinq,
aujourd'hui, la suspension des negociations d'adhesion avec Ankara. "
Personne, a Bruxelles ou dans les capitales des Etats membres,
ne veut porter la responsabilite d'une crise avec la Turquie " ,
explique-t-on a la Commission. Pour ne pas donner l'impression de
fuir ses obligations, face a des Etats membres sous pression de leurs
opinions, l'executif europeen promet de faire une recommandation au
Conseil avant le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement prevu le
15 decembre.
La bataille n'est donc que partie remise. À Bruxelles, on compte sur
un plan de sauvetage finlandais pour resoudre a temps le casse-tete
chypriote. La bienveillance de la Commission a l'egard de la Turquie,
qui se voit octroyer un delai de cinq semaines pour ouvrir ses ports
aux navires chypriotes, irrite plusieurs Etats membres. " La question
chypriote va polluer le Conseil europeen ! " redoute un diplomate
francais. La France, l'Autriche, les Pays-Bas, la Grèce et Chypre
figurent parmi les pays les plus sevères envers la Turquie. Mais
aucun d'entre eux n'ose demander a Bruxelles la suspension des
negociations. " Personne ne veut porter le chapeau d'une rupture "
, resume un connaisseur du dossier. Embarras de Paris Bete noire
d'Ankara depuis le vote de l'Assemblee nationale penalisant la
negation du genocide armenien, la France est très prudente. " Ce
n'est pas a nous de bloquer " , confie-t-on côte francais. L'embarras
de la France laisse les mains libres a Olli Rehn, le commissaire
finlandais a l'Elargissement. Refusant la rupture avec la Turquie,
c'est Olli Rehn qui a eu l'idee de reporter de cinq semaines l'avis
de la Commission. Il est soutenu dans sa demarche par Jose Manuel
Barroso et l'ensemble du collège, a l'exception du Chypriote Markos
Kiprianou. Egalement d'accord avec cette approche en deux temps,
le Francais Jacques Barrot n'aurait qu'une seule exigence : fixer la
date butoir au 12 decembre pour la recommandation de la Commission. À
court terme, les manoeuvres de la Commission font le jeu d'Ankara,
qui accuse l'Europe de vouloir lui claquer la porte au nez sans
respecter ses engagements. À moyen terme, elle peut se reveler tout
aussi douloureuse pour la Turquie. " Si la Turquie n'ouvre pas ses
ports aux bateaux chypriotes d'ici a la fin de l'annee, comme prevu,
il y aura des consequences sur les negociations ", assure-t-on
a Bruxelles. En attendant, la tactique d'Olli Rehn n'est pas sans
resultats. Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a annonce
une revision de l'article du Code penal qui punit les insultes a "
l'identite turque ". " C'est la preuve que le premier ministre turc
est engage en faveur de la liberte d'expression ", s'est felicite
Olli Rehn, persuade de pouvoir regler de la meme facon la question
chypriote, pourtant beaucoup plus complexe.
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