GEL DE LA COOPERATION MILITAIRE: LES RELATIONS FRANCO-TURQUES A L'EPREUVE
Par Christophe De Roquefeuil
Agence France Presse
16 novembre 2006 jeudi 1:05 PM GMT
Le gel de la cooperation militaire de la Turquie avec la France,
annonce par l'armee a Ankara, traduit la degradation du climat entre
les deux pays mais ne devrait avoir, selon Paris, que des effets
limites.
Cette suspension, première mesure de retorsion après le vote par
l'Assemblee nationale en octobre d'une proposition de loi reprimant la
negation du genocide des Armeniens en 1915, survient dans le contexte
deja tendu des difficiles negociations d'adhesion de la Turquie a
l'Union europeenne.
Le porte-parole du ministère de la Defense a assure jeudi que l'annonce
faite la veille par le chef de l'armee de terre turque n'etait pas
"le signe d'une crise ou d'une difficulte majeure" avec Ankara.
Sur le plan pratique, Paris envisage des effets limites sur la
cooperation militaire bilaterale, sans consequence pour les operations
multinationales où les deux pays sont presents (Afghanistan, Bosnie,
Kosovo, Liban, Republique democratique du Congo).
Paris a egalement cherche a minimiser la portee des declarations
du general Basbug, soulignant qu'il s'etait exprime de manière
"informelle" lors d'une reception.
"A ma connaissance, nous n'avons pas eu de communication officielle a
ce sujet de la part des autorites turques", a declare le porte-parole
du ministère des Affaires etrangères.
Les menaces contre les achats de materiel militaire, que le general
Basbug n'a pas mentionnees, existent mais ne sont pas nouvelles,
fait-on valoir a Paris.
La France tente depuis longtemps d'eviter des represailles
en soulignant que nombre de fournisseurs "francais" sont en fait
largement europeens, comme la societe franco-germano-espagnole
Eurocopter, filiale du groupe EADS, en lice pour une marche de 52
appareils civils et militaires.
Mais quelles que soient ses consequences pratiques, la mauvaise humeur
des militaires turcs s'inscrit sur fond de malaise croissant et de
polemiques a repetition entre les deux pays.
Le contexte politique dans les deux pays, où des elections sont
prevues en 2007, n'aide pas a calmer le jeu.
L'entree de la Turquie dans l'UE est devenu un thème recurrent du
debat francais, tandis que le desenchantement vis-a-vis de l'Europe
et le mecontentement a l'egard de la France progressent en Turquie.
"La France est en train de devenir un bouc emissaire pour les Turcs
dans un contexte de surenchère nationaliste, tout comme la Turquie
est devenue un bouc emissaire en France sur l'elargissement de l'UE",
relève Dorothee Schmid, specialiste de la Turquie a l'Institut francais
des relations internationales (Ifri).
Le president Jacques Chirac avait provoque la colère d'Ankara lors
d'une visite en Armenie fin septembre, où il a estime que la Turquie
devrait reconnaître le genocide armenien si elle voulait entrer
dans l'UE.
La polemique s'etait aggravee avec le vote quelques jours plus tard
par l'Assemblee d'une loi punissant toute negation de ce genocide. Le
texte doit toutefois encore etre approuve par le Senat pour entrer
en vigueur.
Une large majorite de Francais (58%) se disent opposes a un
elargissement de l'UE a la Turquie, contre 28% qui y seraient
favorables, selon un sondage publie en octobre.
Le principal candidat de la droite a la presidentielle, Nicolas
Sarkozy, est resolument hostile a l'adhesion d'Ankara, avec qui il
propose de negocier un simple "partenariat privilegie".
La favorite des sondages a gauche, Segolène Royal, n'a pas ferme la
porte a une entree de la Turquie, mais prône une "pause" pour tout
nouvel elargissement de l'UE.
--Boundary_(ID_kC3jtwhsJRpjIqtn8pQwpQ)--
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
Par Christophe De Roquefeuil
Agence France Presse
16 novembre 2006 jeudi 1:05 PM GMT
Le gel de la cooperation militaire de la Turquie avec la France,
annonce par l'armee a Ankara, traduit la degradation du climat entre
les deux pays mais ne devrait avoir, selon Paris, que des effets
limites.
Cette suspension, première mesure de retorsion après le vote par
l'Assemblee nationale en octobre d'une proposition de loi reprimant la
negation du genocide des Armeniens en 1915, survient dans le contexte
deja tendu des difficiles negociations d'adhesion de la Turquie a
l'Union europeenne.
Le porte-parole du ministère de la Defense a assure jeudi que l'annonce
faite la veille par le chef de l'armee de terre turque n'etait pas
"le signe d'une crise ou d'une difficulte majeure" avec Ankara.
Sur le plan pratique, Paris envisage des effets limites sur la
cooperation militaire bilaterale, sans consequence pour les operations
multinationales où les deux pays sont presents (Afghanistan, Bosnie,
Kosovo, Liban, Republique democratique du Congo).
Paris a egalement cherche a minimiser la portee des declarations
du general Basbug, soulignant qu'il s'etait exprime de manière
"informelle" lors d'une reception.
"A ma connaissance, nous n'avons pas eu de communication officielle a
ce sujet de la part des autorites turques", a declare le porte-parole
du ministère des Affaires etrangères.
Les menaces contre les achats de materiel militaire, que le general
Basbug n'a pas mentionnees, existent mais ne sont pas nouvelles,
fait-on valoir a Paris.
La France tente depuis longtemps d'eviter des represailles
en soulignant que nombre de fournisseurs "francais" sont en fait
largement europeens, comme la societe franco-germano-espagnole
Eurocopter, filiale du groupe EADS, en lice pour une marche de 52
appareils civils et militaires.
Mais quelles que soient ses consequences pratiques, la mauvaise humeur
des militaires turcs s'inscrit sur fond de malaise croissant et de
polemiques a repetition entre les deux pays.
Le contexte politique dans les deux pays, où des elections sont
prevues en 2007, n'aide pas a calmer le jeu.
L'entree de la Turquie dans l'UE est devenu un thème recurrent du
debat francais, tandis que le desenchantement vis-a-vis de l'Europe
et le mecontentement a l'egard de la France progressent en Turquie.
"La France est en train de devenir un bouc emissaire pour les Turcs
dans un contexte de surenchère nationaliste, tout comme la Turquie
est devenue un bouc emissaire en France sur l'elargissement de l'UE",
relève Dorothee Schmid, specialiste de la Turquie a l'Institut francais
des relations internationales (Ifri).
Le president Jacques Chirac avait provoque la colère d'Ankara lors
d'une visite en Armenie fin septembre, où il a estime que la Turquie
devrait reconnaître le genocide armenien si elle voulait entrer
dans l'UE.
La polemique s'etait aggravee avec le vote quelques jours plus tard
par l'Assemblee d'une loi punissant toute negation de ce genocide. Le
texte doit toutefois encore etre approuve par le Senat pour entrer
en vigueur.
Une large majorite de Francais (58%) se disent opposes a un
elargissement de l'UE a la Turquie, contre 28% qui y seraient
favorables, selon un sondage publie en octobre.
Le principal candidat de la droite a la presidentielle, Nicolas
Sarkozy, est resolument hostile a l'adhesion d'Ankara, avec qui il
propose de negocier un simple "partenariat privilegie".
La favorite des sondages a gauche, Segolène Royal, n'a pas ferme la
porte a une entree de la Turquie, mais prône une "pause" pour tout
nouvel elargissement de l'UE.
--Boundary_(ID_kC3jtwhsJRpjIqtn8pQwpQ)--
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