Les Echos
28 septembre 2006
Les eurodéputés menacent de rompre les négociations avec la Turquie
par JACQUES DOCQUIERT
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL À STRASBOURG.
Les eurodéputés ont sommé, hier à Strasbourg, la Turquie de respecter
ses engagements et de poursuivre les réformes, qui marquent le pas
depuis un an, en demandant à la Commission et aux Etats membres de
rompre, si nécessaire, les négociations d'adhésion ouverte avec ce
pays en octobre 2005.
A une très large majorité de 429 voix, 71 contre et 125 abstentions,
le Parlement européen, qui n'a cependant qu'un avis consultatif en ce
domaine, souligne que la non-application, en 2006, par la Turquie du
protocole d'Ankara dans lequel elle reconnaissait l'existence de
Chypre «aura des implications sérieuses en ce qui concerne le
processus de négociation et pourrait même l'arrêter». «Nous exhortons
ainsi le gouvernement turc à appliquer le protocole d'Ankara et à
accélérer le rythme des réformes politiques avant la fin de l'année»,
a expliqué le député conservateur néerlandais Camiel Eurlings, auteur
du rapport adopté hier qui dresse un constat sans concession des
manquements turcs. «Des efforts significatifs, précise ce document,
sont nécessaires en ce qui concerne les libertés fondamentales et les
droits de la personne (...) de même qu'une intensification de la
lutte contre la torture (...) et une exécution rapide et correcte des
décisions de justice par les services de l'Etat.»
Le Parlement a, par contre, renoncé à faire de la reconnaissance du
génocide arménien par Ankara une condition préalable à
l'élargissement comme le demandait une partie de la droite, les
socialistes et les libéraux notamment ne souhaitant pas accabler le
gouvernement de Recep Erdogan. Le rapporteur de l'assemblée s'en est
félicité. «Nous estimons qu'il est indispensable qu'un pays
reconnaisse les erreurs qu'il a pu commettre dans son histoire. Mais
on ne pouvait pas, pour autant, en faire un nouveau critère pour
rejoindre l'Union», a expliqué Camiel Eurlings.
Ralentissement des réformes
Ces mises en garde ont immédiatement été soutenues par la présidence
finlandaise de l'Union, qui dénonce depuis cet été le ralentissement
des réformes en soulignant qu'il peut avoir des conséquences «graves»
sur le processus d'adhésion. Olli Rehn, le commissaire chargé de
l'Elargissement, est aussi revenu à la charge. «Peu de progrès ont
été observés ces douze derniers mois et il est indispensable que les
choses changent dans les mois à venir», a-t-il expliqué. La balle est
cependant dans le camp de la Commission et des gouvernements
européens. L'exécutif communautaire doit présenter son évaluation de
la situation en Turquie le 8 novembre, les dirigeants de l'Union
devant, lors de leur sommet de décembre, en tirer des conclusions
opérationnelles. Pour de nombreuses capitales, il serait improductif
de couper les ponts avec Ankara en interrompant les négociations.
28 septembre 2006
Les eurodéputés menacent de rompre les négociations avec la Turquie
par JACQUES DOCQUIERT
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL À STRASBOURG.
Les eurodéputés ont sommé, hier à Strasbourg, la Turquie de respecter
ses engagements et de poursuivre les réformes, qui marquent le pas
depuis un an, en demandant à la Commission et aux Etats membres de
rompre, si nécessaire, les négociations d'adhésion ouverte avec ce
pays en octobre 2005.
A une très large majorité de 429 voix, 71 contre et 125 abstentions,
le Parlement européen, qui n'a cependant qu'un avis consultatif en ce
domaine, souligne que la non-application, en 2006, par la Turquie du
protocole d'Ankara dans lequel elle reconnaissait l'existence de
Chypre «aura des implications sérieuses en ce qui concerne le
processus de négociation et pourrait même l'arrêter». «Nous exhortons
ainsi le gouvernement turc à appliquer le protocole d'Ankara et à
accélérer le rythme des réformes politiques avant la fin de l'année»,
a expliqué le député conservateur néerlandais Camiel Eurlings, auteur
du rapport adopté hier qui dresse un constat sans concession des
manquements turcs. «Des efforts significatifs, précise ce document,
sont nécessaires en ce qui concerne les libertés fondamentales et les
droits de la personne (...) de même qu'une intensification de la
lutte contre la torture (...) et une exécution rapide et correcte des
décisions de justice par les services de l'Etat.»
Le Parlement a, par contre, renoncé à faire de la reconnaissance du
génocide arménien par Ankara une condition préalable à
l'élargissement comme le demandait une partie de la droite, les
socialistes et les libéraux notamment ne souhaitant pas accabler le
gouvernement de Recep Erdogan. Le rapporteur de l'assemblée s'en est
félicité. «Nous estimons qu'il est indispensable qu'un pays
reconnaisse les erreurs qu'il a pu commettre dans son histoire. Mais
on ne pouvait pas, pour autant, en faire un nouveau critère pour
rejoindre l'Union», a expliqué Camiel Eurlings.
Ralentissement des réformes
Ces mises en garde ont immédiatement été soutenues par la présidence
finlandaise de l'Union, qui dénonce depuis cet été le ralentissement
des réformes en soulignant qu'il peut avoir des conséquences «graves»
sur le processus d'adhésion. Olli Rehn, le commissaire chargé de
l'Elargissement, est aussi revenu à la charge. «Peu de progrès ont
été observés ces douze derniers mois et il est indispensable que les
choses changent dans les mois à venir», a-t-il expliqué. La balle est
cependant dans le camp de la Commission et des gouvernements
européens. L'exécutif communautaire doit présenter son évaluation de
la situation en Turquie le 8 novembre, les dirigeants de l'Union
devant, lors de leur sommet de décembre, en tirer des conclusions
opérationnelles. Pour de nombreuses capitales, il serait improductif
de couper les ponts avec Ankara en interrompant les négociations.