JACQUES CHIRAC EN ARMENIE POUR UN "VOYAGE DE MEMOIRE"
par Alain Barluet
Le Figaro, France
30 septembre 2006
CERTAINS VOYAGES officiels promettent plus d'emotion que d'autres.
Cette visite d'Etat de deux jours, la première d'un president francais
en Armenie, s'annonce chargee de symboles. Arrive hier soir a Erevan,
Jacques Chirac rendra hommage ce matin au million et demi d'Armeniens
massacres par l'Empire ottoman entre 1915 et 1917. Dans l'entourage de
Jacques Chirac, on parle d'un "voyage de memoire et de retrouvailles
entre deux peuples". En Armenie, il entend apporter le soutien d'une
"vieille nation", la France a une "jeune republique independante
(depuis septembre 1991, NDLR) ". Cette visite est aussi pour le
chef d'Etat l'occasion de corriger son image "pro-turque", alors
que la perspective d'une entree d'Ankara dans l'Union europeenne
suscite toujours une large hostilite dans la classe politique et
dans l'opinion.
Pour Paris, comme pour l'Union europeenne, il n'existe aucun lien
direct entre l'adhesion turque et la reconnaissance du genocide,
un terme recuse par Ankara qui soutient que des massacres, commis
de part et d'autre, ont fait de 300 a 500 000 morts. A Strasbourg,
mercredi, les eurodeputes ont d'ailleurs refuse de considerer cette
reconnaissance comme un prealable a l'adhesion. Jacques Chirac
vient toutefois de souligner la conditionnalite implicite entre les
deux demarches. Interviewe cette semaine par le magazine Nouvelles
d'Armenie, le chef de l'Etat reaffirme qu'il est "essentiel" a ses
yeux de voir la Turquie arrimee a l'Occident. Mais il relève aussi
que "l'Europe, c'est d'abord un effort de reconciliation, de paix,
de respect et d'ouverture aux autres", ajoutant que cela "s'est
traduit toujours et partout par un effort de memoire". "L'adhesion a
l'UE est une adhesion a des valeurs", resume-t-on a l'Elysee où l'on
estime que les Turcs sont maintenant disposes a engager une reflexion
sur l'histoire qui prendra necessairement du temps. Voyage très
suivi par Ankara Ce voyage sera suivi très attentivement a Ankara,
d'autant qu'une autre echeance se profile. Le 12 octobre prochain,
les deputes francais devraient reprendre l'examen d'un projet de loi
socialiste visant a sanctionner la negation du genocide armenien. Ce
texte, destine a completer la loi du 29 janvier 2001 par laquelle la
France reconnaissait le genocide, prevoit de penaliser a hauteur de 45
000 euros et d'un an d'emprisonnement les propos negationnistes. La
proposition de loi avait deja ete examinee en mai dernier et suscite
de fortes divisions a gauche comme a droite. A cause d'une bataille
de procedure et du peu d'empressement du president de l'Assemblee,
Jean-Louis Debre, elle n'avait finalement pas ete soumise au vote.
L'affaire avait surtout provoque la colère de la Turquie qui y avait
vu un nouveau "coup bas" pour lui barrer la route de l'Europe. Ankara
avait meme brandi la menace de represailles economiques contre la
France. L'issue du vote, s'il a lieu, est incertaine, nombre de deputes
UMP etant favorables au texte. L'ire d'Ankara pourrait etre ravivee.
--Boundary_(ID_bFiq8BZdiKTHLUtYvFhlsA)--
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
par Alain Barluet
Le Figaro, France
30 septembre 2006
CERTAINS VOYAGES officiels promettent plus d'emotion que d'autres.
Cette visite d'Etat de deux jours, la première d'un president francais
en Armenie, s'annonce chargee de symboles. Arrive hier soir a Erevan,
Jacques Chirac rendra hommage ce matin au million et demi d'Armeniens
massacres par l'Empire ottoman entre 1915 et 1917. Dans l'entourage de
Jacques Chirac, on parle d'un "voyage de memoire et de retrouvailles
entre deux peuples". En Armenie, il entend apporter le soutien d'une
"vieille nation", la France a une "jeune republique independante
(depuis septembre 1991, NDLR) ". Cette visite est aussi pour le
chef d'Etat l'occasion de corriger son image "pro-turque", alors
que la perspective d'une entree d'Ankara dans l'Union europeenne
suscite toujours une large hostilite dans la classe politique et
dans l'opinion.
Pour Paris, comme pour l'Union europeenne, il n'existe aucun lien
direct entre l'adhesion turque et la reconnaissance du genocide,
un terme recuse par Ankara qui soutient que des massacres, commis
de part et d'autre, ont fait de 300 a 500 000 morts. A Strasbourg,
mercredi, les eurodeputes ont d'ailleurs refuse de considerer cette
reconnaissance comme un prealable a l'adhesion. Jacques Chirac
vient toutefois de souligner la conditionnalite implicite entre les
deux demarches. Interviewe cette semaine par le magazine Nouvelles
d'Armenie, le chef de l'Etat reaffirme qu'il est "essentiel" a ses
yeux de voir la Turquie arrimee a l'Occident. Mais il relève aussi
que "l'Europe, c'est d'abord un effort de reconciliation, de paix,
de respect et d'ouverture aux autres", ajoutant que cela "s'est
traduit toujours et partout par un effort de memoire". "L'adhesion a
l'UE est une adhesion a des valeurs", resume-t-on a l'Elysee où l'on
estime que les Turcs sont maintenant disposes a engager une reflexion
sur l'histoire qui prendra necessairement du temps. Voyage très
suivi par Ankara Ce voyage sera suivi très attentivement a Ankara,
d'autant qu'une autre echeance se profile. Le 12 octobre prochain,
les deputes francais devraient reprendre l'examen d'un projet de loi
socialiste visant a sanctionner la negation du genocide armenien. Ce
texte, destine a completer la loi du 29 janvier 2001 par laquelle la
France reconnaissait le genocide, prevoit de penaliser a hauteur de 45
000 euros et d'un an d'emprisonnement les propos negationnistes. La
proposition de loi avait deja ete examinee en mai dernier et suscite
de fortes divisions a gauche comme a droite. A cause d'une bataille
de procedure et du peu d'empressement du president de l'Assemblee,
Jean-Louis Debre, elle n'avait finalement pas ete soumise au vote.
L'affaire avait surtout provoque la colère de la Turquie qui y avait
vu un nouveau "coup bas" pour lui barrer la route de l'Europe. Ankara
avait meme brandi la menace de represailles economiques contre la
France. L'issue du vote, s'il a lieu, est incertaine, nombre de deputes
UMP etant favorables au texte. L'ire d'Ankara pourrait etre ravivee.
--Boundary_(ID_bFiq8BZdiKTHLUtYvFhlsA)--
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress