GENOCIDE ARMENIEN : LA FRANCE CONSPUEE A ISTANBUL
Par Patrick BÈle (Avec AFP)
Le Figaro, France
09 octobre 2006
" FRANCE, STOP, le boycott arrive " , " Le genocide est un mensonge "
: hier a Istanbul, une manifestation etait organisee pour protester
contre la proposition de loi du Parti socialiste francais sur
le genocide armenien, qui doit etre discutee jeudi a l'Assemblee
nationale. Le texte prevoit cinq ans de prison et une forte amende
pour toute personne qui nierait que les Armeniens aient ete victimes
d'un genocide sous l'Empire ottoman. Son examen au Parlement francais
avait commence le 18 mai.
Mais la discussion avait ete interrompue faute de temps, deputes
UMP et gouvernement ayant use d'artifices de procedure pour retarder
les debats. À gauche comme a droite, les partis sont divises sur ce
texte. Certains, comme Eric Raoult (UMP, auteur d'une proposition
similaire), ont l'intention de se prononcer en faveur du texte. La
communaute armenienne, estimee a 500 000 personnes, represente un
electorat non negligeable a quelques mois des elections de 2007. La
France a deja reconnu le genocide armenien par une loi du 29 janvier
2001, mais sa negation n'est pas penalisee. Le " critère Chirac "
" Que ferez-vous lorsqu'un premier ministre de Turquie se rendra en
France et dira qu'il n'y a pas eu de genocide armenien ? Vous le
mettrez en prison ? ", s'est interroge le premier ministre turc,
Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier a recu, samedi, une importante
delegation d'entreprises francaises, dont les representants de
Peugeot, Renault, Danone, Lafarge et Carrefour. Le message est clair
: toutes ont d'importantes activites dans le pays. Le ministre
des Affaires etrangères, Abdullah Gul, s'est montre encore plus
explicite : il a indique, hier, avoir averti son homologue francais,
Philippe Douste-Blazy, que si la proposition de loi etait votee,
la participation de la France a d'importants projets economiques en
Turquie serait compromise. Les echanges commerciaux entre les deux pays
ont approche les 10 milliards de dollars en 2005. Ankara s'etait deja
emu des propos de Jacques Chirac, lors de sa visite d'Etat en Armenie,
mardi dernier. Le president francais avait exhorte Ankara a assumer
ce volet de son histoire. " Faut-il que la Turquie reconnaisse le
genocide armenien pour entrer dans l'Union ?
Honnetement je le crois... Tout pays se grandit en reconnaissant
(...) ses erreurs " , a declare le chef de l'Etat francais. Les propos
avaient surpris, car Jacques Chirac est considere comme un partisan
de l'entree de la Turquie dans l'Union europeenne. La romancière
turque Mine G. Kirikkanat ecrivait samedi dans Liberation que les
Turcs ont du mal a comprendre qu'aux critères de Copenhague s'ajoute "
un critère Chirac ". La question du genocide armenien, si elle n'est
pas une condition fixee par Bruxelles a l'adhesion de la Turquie,
est presente dans le processus lance il y a un an.
--Boundary_(ID_8FXvsCIoVomtRAkHSIwovw)--
Par Patrick BÈle (Avec AFP)
Le Figaro, France
09 octobre 2006
" FRANCE, STOP, le boycott arrive " , " Le genocide est un mensonge "
: hier a Istanbul, une manifestation etait organisee pour protester
contre la proposition de loi du Parti socialiste francais sur
le genocide armenien, qui doit etre discutee jeudi a l'Assemblee
nationale. Le texte prevoit cinq ans de prison et une forte amende
pour toute personne qui nierait que les Armeniens aient ete victimes
d'un genocide sous l'Empire ottoman. Son examen au Parlement francais
avait commence le 18 mai.
Mais la discussion avait ete interrompue faute de temps, deputes
UMP et gouvernement ayant use d'artifices de procedure pour retarder
les debats. À gauche comme a droite, les partis sont divises sur ce
texte. Certains, comme Eric Raoult (UMP, auteur d'une proposition
similaire), ont l'intention de se prononcer en faveur du texte. La
communaute armenienne, estimee a 500 000 personnes, represente un
electorat non negligeable a quelques mois des elections de 2007. La
France a deja reconnu le genocide armenien par une loi du 29 janvier
2001, mais sa negation n'est pas penalisee. Le " critère Chirac "
" Que ferez-vous lorsqu'un premier ministre de Turquie se rendra en
France et dira qu'il n'y a pas eu de genocide armenien ? Vous le
mettrez en prison ? ", s'est interroge le premier ministre turc,
Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier a recu, samedi, une importante
delegation d'entreprises francaises, dont les representants de
Peugeot, Renault, Danone, Lafarge et Carrefour. Le message est clair
: toutes ont d'importantes activites dans le pays. Le ministre
des Affaires etrangères, Abdullah Gul, s'est montre encore plus
explicite : il a indique, hier, avoir averti son homologue francais,
Philippe Douste-Blazy, que si la proposition de loi etait votee,
la participation de la France a d'importants projets economiques en
Turquie serait compromise. Les echanges commerciaux entre les deux pays
ont approche les 10 milliards de dollars en 2005. Ankara s'etait deja
emu des propos de Jacques Chirac, lors de sa visite d'Etat en Armenie,
mardi dernier. Le president francais avait exhorte Ankara a assumer
ce volet de son histoire. " Faut-il que la Turquie reconnaisse le
genocide armenien pour entrer dans l'Union ?
Honnetement je le crois... Tout pays se grandit en reconnaissant
(...) ses erreurs " , a declare le chef de l'Etat francais. Les propos
avaient surpris, car Jacques Chirac est considere comme un partisan
de l'entree de la Turquie dans l'Union europeenne. La romancière
turque Mine G. Kirikkanat ecrivait samedi dans Liberation que les
Turcs ont du mal a comprendre qu'aux critères de Copenhague s'ajoute "
un critère Chirac ". La question du genocide armenien, si elle n'est
pas une condition fixee par Bruxelles a l'adhesion de la Turquie,
est presente dans le processus lance il y a un an.
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