AZNAVOUR FAIT REVIVRE EN EGYPTE SES 45-TOURS
par Robert Sole
Le Monde
9 janvier 2008 mercredi
France
A près Nicolas Sarkozy,le grand Charles... L'Egypte, qui ne
l'avait pas entendu chanter depuis trente ans, a accueilli Charles
Aznavour pour deux concerts, au Caire et a Alexandrie, les 4 et 6
janvier. Un accueil en fanfare, avec ballet de Mercedes et montagne
de qualificatifs. Dans un dossier special, Al Ahram Hebdo a salue "
le pharaon de la chanson francaise ", venu sur les bords du Nil " de
la meme manière que Bonaparte, sur son cheval blanc ". Aznavour a joue
le jeu de bonne grâce. Les Armeniens ne sont-ils pas des Orientaux ?
Et n'avait-il pas lui-meme incite Bruno Coquatrix a organiser le
fameux concert d'Oum Kalsoum a l'Olympia en novembre 1967 ? Il n'en
fallait pas davantage pour qu'on lui attribue une passion pour la
musique egyptienne et ses monuments defunts : Abdel Halim Hafez,
Mohamed Abdel Wahab...
Avant Aznavour, Le Caire accueillait Dany Brillant et, pour la
troisième fois en quelques annees, Enrico Macias. L'initiative de
ces concerts revient a un Alexandrin, Ahmed Youssef, correspondant
du journal Al Ahram a Paris. Cet amoureux de la France est devenu un
ardent defenseur de la langue de Molière, avec l'appui du ministre
de la culture, Farouk Hosni, qui compte sur la France pour se faire
elire cette annee a la tete de l'Unesco.
Au Caire, Charles Aznavour a tenu une conference de presse et goûte
aux charmes d'un dejeuner champetre, face a la pyramide de Dahchour.
A Alexandrie, il a visite la grande Bibliothèque, dîne avec le
gouverneur, assiste a une messe de Noël orthodoxe a la cathedrale
armenienne... Les Egyptiens ont admire la gentillesse et la patience
de cet octogenaire, enveloppe d'une echarpe rouge, qui s'est prete
sans sourciller a d'innombrables salamalecs et seances photo. On
s'inquietait un peu pour lui. Mais, aussitôt le rideau leve, dans
son costume de scène noir, il subjuguait l'auditoire par sa voix, son
energie, ses pas de danse... jusqu'a Emmenez-moi, le feu d'artifice
final.
Les places se sont arrachees. Si l'opera du Caire donnait l'impression
d'une reunion mondaine, l'ambiance etait plus chaleureuse et
familiale a Alexandrie. Dès les premières notes d'un air connu, les
applaudissements fusaient. Comme il en a l'habitude, Aznavour a offert
son deuxième concert a des oeuvres caritatives et une transmission
gratuite etait organisee en direct, sur grand ecran, dans l'auditorium
de la Bibliothèque. Avec ses musiciens, Aznavour a " gratte les fonds
de tiroir ", proposant de nouvelles orchestrations. Les spectateurs,
ravis, ont eu droit aux grands classiques comme Paris au mois d'août
ou Que c'est triste Venise.
Mais, a l'impossible, nul n'est tenu : au Caire, le chanteur a prefere
interrompre La Mamma, ne se souvenant plus bien des paroles.
Les connaisseurs ont eu droit quand meme a des nouveautes, dont le
magnifique J'abdiquerai, qu'il ne faut pas prendre au mot : a 83 ans,
le grand Charles est loin d'avoir declare forfait.
--Boundary_(ID_kfmSO8zfkZFEkL6rvLHlxQ)--
par Robert Sole
Le Monde
9 janvier 2008 mercredi
France
A près Nicolas Sarkozy,le grand Charles... L'Egypte, qui ne
l'avait pas entendu chanter depuis trente ans, a accueilli Charles
Aznavour pour deux concerts, au Caire et a Alexandrie, les 4 et 6
janvier. Un accueil en fanfare, avec ballet de Mercedes et montagne
de qualificatifs. Dans un dossier special, Al Ahram Hebdo a salue "
le pharaon de la chanson francaise ", venu sur les bords du Nil " de
la meme manière que Bonaparte, sur son cheval blanc ". Aznavour a joue
le jeu de bonne grâce. Les Armeniens ne sont-ils pas des Orientaux ?
Et n'avait-il pas lui-meme incite Bruno Coquatrix a organiser le
fameux concert d'Oum Kalsoum a l'Olympia en novembre 1967 ? Il n'en
fallait pas davantage pour qu'on lui attribue une passion pour la
musique egyptienne et ses monuments defunts : Abdel Halim Hafez,
Mohamed Abdel Wahab...
Avant Aznavour, Le Caire accueillait Dany Brillant et, pour la
troisième fois en quelques annees, Enrico Macias. L'initiative de
ces concerts revient a un Alexandrin, Ahmed Youssef, correspondant
du journal Al Ahram a Paris. Cet amoureux de la France est devenu un
ardent defenseur de la langue de Molière, avec l'appui du ministre
de la culture, Farouk Hosni, qui compte sur la France pour se faire
elire cette annee a la tete de l'Unesco.
Au Caire, Charles Aznavour a tenu une conference de presse et goûte
aux charmes d'un dejeuner champetre, face a la pyramide de Dahchour.
A Alexandrie, il a visite la grande Bibliothèque, dîne avec le
gouverneur, assiste a une messe de Noël orthodoxe a la cathedrale
armenienne... Les Egyptiens ont admire la gentillesse et la patience
de cet octogenaire, enveloppe d'une echarpe rouge, qui s'est prete
sans sourciller a d'innombrables salamalecs et seances photo. On
s'inquietait un peu pour lui. Mais, aussitôt le rideau leve, dans
son costume de scène noir, il subjuguait l'auditoire par sa voix, son
energie, ses pas de danse... jusqu'a Emmenez-moi, le feu d'artifice
final.
Les places se sont arrachees. Si l'opera du Caire donnait l'impression
d'une reunion mondaine, l'ambiance etait plus chaleureuse et
familiale a Alexandrie. Dès les premières notes d'un air connu, les
applaudissements fusaient. Comme il en a l'habitude, Aznavour a offert
son deuxième concert a des oeuvres caritatives et une transmission
gratuite etait organisee en direct, sur grand ecran, dans l'auditorium
de la Bibliothèque. Avec ses musiciens, Aznavour a " gratte les fonds
de tiroir ", proposant de nouvelles orchestrations. Les spectateurs,
ravis, ont eu droit aux grands classiques comme Paris au mois d'août
ou Que c'est triste Venise.
Mais, a l'impossible, nul n'est tenu : au Caire, le chanteur a prefere
interrompre La Mamma, ne se souvenant plus bien des paroles.
Les connaisseurs ont eu droit quand meme a des nouveautes, dont le
magnifique J'abdiquerai, qu'il ne faut pas prendre au mot : a 83 ans,
le grand Charles est loin d'avoir declare forfait.
--Boundary_(ID_kfmSO8zfkZFEkL6rvLHlxQ)--