ARMENIE: NOUVELLES TENSIONS A PREVOIR
par Makarian Christian
L'Express
27 Mars 2008
France
Gaïdz Minassian, chercheur a l'universite Paris X- Nanterre, decrypte
la situation a Erevan. Et le jeu d'influences dans le Caucase.
Où en est l'Armenie après les troubles qui ont suivi l'election
presidentielle ?
L'etat d'urgence a ete leve le 21 mars sur fond d'arrestations
d'opposants. Le nouveau president, Serge Sarkissian, va s'appuyer sur
une large coalition gouvernementale, tandis que le courant de Levon
Ter Petrossian est peu represente a l'Assemblee.
Va-t-on vers un règlement du conflit du Haut-Karabagh au detriment
de l'Armenie ?
La resolution 62.243, adoptee la semaine dernière et demandant le
retrait sans condition des forces armeniennes des territoires azeris,
n'est pas contraignante. Les Azeris veulent changer de cadre normatif
pour regler la question du Haut-Karabagh, dont les pourparlers,
arbitres par le groupe de Minsk de l'OSCE, sont dans une impasse.
D'où l'exasperation de Bakou, qui, pour eviter la contagion du Kosovo,
se rassure avec ce texte favorable a son integrite territoriale. Ce
texte a ete peu soutenu (par 39 Etats) ; trois des membres permanents
du Conseil de securite ont vote contre (France, Etats-Unis et Russie,
qui copresident le groupe de Minsk). Bakou devrait rester prudent,
car les quatre resolutions du Conseil de securite sur le Haut-Karabagh
evoquent l'Armenie comme " garante " de la securite des Armeniens de
la province et non comme " actrice " du conflit.
Comment comprendre la lutte d'influence entre Russie et Etats-Unis
au Caucase ?
Par l'enjeu de la mer Noire et les rivalites entre deux axes,
Moscou-Erevan-Teheran et Ankara-Tbilissi-Bakou. A nuancer, toutefois.
Sur l'Armenie, les Etats-Unis soutiennent la vague des "
revolutions colorees " mais redoutent toute destabilisation. La
Russie, pour eviter d'autres Kosovo sur sa propre peripherie
et ne pas perdre son influence, s'est rapprochee du Guam
(Georgie-Ukraine-Azerbaïdjan-Moldavie), quatre pays theâtre de conflits
infraetatiques et pourtant brouilles avec Moscou. Avant la crise,
les Russes ont laisse faire Ter Petrossian et Bakou, croyant que
le regime sortant etait suffisamment fort. Après, ils ont soutenu
fermement Sarkissian. Mais de nouvelles tensions sont a prevoir.
--Boundary_(ID_57kA265NQAwutU6hsuwwGw)--
par Makarian Christian
L'Express
27 Mars 2008
France
Gaïdz Minassian, chercheur a l'universite Paris X- Nanterre, decrypte
la situation a Erevan. Et le jeu d'influences dans le Caucase.
Où en est l'Armenie après les troubles qui ont suivi l'election
presidentielle ?
L'etat d'urgence a ete leve le 21 mars sur fond d'arrestations
d'opposants. Le nouveau president, Serge Sarkissian, va s'appuyer sur
une large coalition gouvernementale, tandis que le courant de Levon
Ter Petrossian est peu represente a l'Assemblee.
Va-t-on vers un règlement du conflit du Haut-Karabagh au detriment
de l'Armenie ?
La resolution 62.243, adoptee la semaine dernière et demandant le
retrait sans condition des forces armeniennes des territoires azeris,
n'est pas contraignante. Les Azeris veulent changer de cadre normatif
pour regler la question du Haut-Karabagh, dont les pourparlers,
arbitres par le groupe de Minsk de l'OSCE, sont dans une impasse.
D'où l'exasperation de Bakou, qui, pour eviter la contagion du Kosovo,
se rassure avec ce texte favorable a son integrite territoriale. Ce
texte a ete peu soutenu (par 39 Etats) ; trois des membres permanents
du Conseil de securite ont vote contre (France, Etats-Unis et Russie,
qui copresident le groupe de Minsk). Bakou devrait rester prudent,
car les quatre resolutions du Conseil de securite sur le Haut-Karabagh
evoquent l'Armenie comme " garante " de la securite des Armeniens de
la province et non comme " actrice " du conflit.
Comment comprendre la lutte d'influence entre Russie et Etats-Unis
au Caucase ?
Par l'enjeu de la mer Noire et les rivalites entre deux axes,
Moscou-Erevan-Teheran et Ankara-Tbilissi-Bakou. A nuancer, toutefois.
Sur l'Armenie, les Etats-Unis soutiennent la vague des "
revolutions colorees " mais redoutent toute destabilisation. La
Russie, pour eviter d'autres Kosovo sur sa propre peripherie
et ne pas perdre son influence, s'est rapprochee du Guam
(Georgie-Ukraine-Azerbaïdjan-Moldavie), quatre pays theâtre de conflits
infraetatiques et pourtant brouilles avec Moscou. Avant la crise,
les Russes ont laisse faire Ter Petrossian et Bakou, croyant que
le regime sortant etait suffisamment fort. Après, ils ont soutenu
fermement Sarkissian. Mais de nouvelles tensions sont a prevoir.
--Boundary_(ID_57kA265NQAwutU6hsuwwGw)--