SITUATION POST-ELECTORALE EXPLOSIVE A EREVAN
Le Temps, Suisse
29 avril 2008
ARMENIE. L'election le 19 fevrier de Serge Sarkissian a la presidence
est toujours contestee par l'opposition. Nombreuses arrestations.
Des milliers d'Armeniens ont defile jeudi dernier dans les rues
d'Erevan. Unite affichee pour commemorer le massacre des leurs par
l'Empire ottoman. Place de la Liberte, une foule compacte a brûle
des drapeaux turcs. Au meme endroit quelques semaines auparavant, un
autre rassemblement a ete le prelude a des emeutes sanglantes. L'ONG
International Crisis Group (ICG), basee a Bruxelles, vient de publier
un rapport relatant les evenements.
"Les comptes rendus varient considerablement sur ce qui s'est
reellement passe au matin du 1er mars, lorsque la police a charge
les manifestants pacifistes. Le gouvernement affirme que le groupe
s'appretait a lancer une insurrection. Cela est difficile a croire,
puisque les contestataires n'ont, a aucun moment, montre la moindre
inclination a l'usage de la violence. La veille, ainsi, une procession
avait reuni plus de 40000 personnes, sans qu'il y ait le moindre
incident", indique ICG.
La foule, cependant, etait massee la pour recuser les resultats du
scrutin presidentiel du 19 fevrier ayant consacre la victoire de Serge
Sarkissian, successeur designe de Robert Kocharian. "Les autorites
ont certainement commence a se sentir nerveuses devant l'obstination
des manifestants, poursuit l'ONG. Les violences qui ont eclate - tirs
d'armes a feu, incendies et pillages - ont entraîne la mort de sept
civils et d'un policier. Plus de 450 personnes auraient ete blessees,
dont plusieurs dizaines de policiers et de soldats."
La place est balayee en quelques heures, l'etat d'urgence decrete pour
vingt jours. Le gouvernement evoque "une conspiration internationale"
pour justifier la levee de nombreuses libertes et l'arrestation
d'une centaine d'opposants, partisans de l'ancien president Levon
Ter-Petrossian, candidat malheureux du scrutin de fevrier. Le chef de
l'Etat suspend la loi martiale le 21 mars, non sans avoir fait adopter
quelques jours auparavant un texte restreignant les rassemblements
politiques. "Le vote a ete expedie lors d'une session d'urgence par
un parlement totalement domine par le parti au pouvoir", denonce ICG.
L'ONG regrette la discretion de la communaute internationale durant
cette crise, la plus grave qu'ait connue l'Armenie depuis la guerre
contre l'Azerbaïdjan au sujet du Nagorny-Karabakh - terminee
en 1994. "Un certain nombre de pays ont salue les resultats de
l'election du 19 fevrier un peu trop rapidement", deplore ICG. Si
l'Organisation pour la securite et la cooperation en Europe (OSCE)
a estime que le scrutin avait ete globalement en accord avec les
standards internationaux, ICG evoque de "graves irregularites". La
repression sanglante du 1er mars a suscite un peu plus d'indignation.
Presse bridee
Deux mois après le soulèvement, les opposants sont toujours
emprisonnes, les intimidations frequentes et la presse bridee. "La
societe armenienne n'a jamais ete aussi polarisee, la situation est
veritablement explosive", note Vicken Cheterian, charge d'etudes
sur l'Armenie pour l'ONG genevoise Cimera. International Crisis
Group denonce encore le verrouillage du système, les dirigeants
etant soutenus par les oligarques et contrôlant totalement l'armee,
le parlement ou encore la justice.
"C'est Levon Ter-Petrossian qui a faconne cette organisation qu'il
entend aujourd'hui renverser, souligne Vicken Cheterian. L'Armenie
s'inscrit toujours dans la continuite. Serge Sarkissian fera la meme
politique que Robert Kocharian, meme si les recents evenements le
pousseront certainement a prendre quelques mesures symboliques comme
l'eviction des dirigeants les plus corrompus."
A lire sur http://www.crisisgroup.org: "Armenia: Picking up the
Pieces".
--Boundary_(ID_p6ajwsMEZ2ZfMmyv NUVxSg)--
Le Temps, Suisse
29 avril 2008
ARMENIE. L'election le 19 fevrier de Serge Sarkissian a la presidence
est toujours contestee par l'opposition. Nombreuses arrestations.
Des milliers d'Armeniens ont defile jeudi dernier dans les rues
d'Erevan. Unite affichee pour commemorer le massacre des leurs par
l'Empire ottoman. Place de la Liberte, une foule compacte a brûle
des drapeaux turcs. Au meme endroit quelques semaines auparavant, un
autre rassemblement a ete le prelude a des emeutes sanglantes. L'ONG
International Crisis Group (ICG), basee a Bruxelles, vient de publier
un rapport relatant les evenements.
"Les comptes rendus varient considerablement sur ce qui s'est
reellement passe au matin du 1er mars, lorsque la police a charge
les manifestants pacifistes. Le gouvernement affirme que le groupe
s'appretait a lancer une insurrection. Cela est difficile a croire,
puisque les contestataires n'ont, a aucun moment, montre la moindre
inclination a l'usage de la violence. La veille, ainsi, une procession
avait reuni plus de 40000 personnes, sans qu'il y ait le moindre
incident", indique ICG.
La foule, cependant, etait massee la pour recuser les resultats du
scrutin presidentiel du 19 fevrier ayant consacre la victoire de Serge
Sarkissian, successeur designe de Robert Kocharian. "Les autorites
ont certainement commence a se sentir nerveuses devant l'obstination
des manifestants, poursuit l'ONG. Les violences qui ont eclate - tirs
d'armes a feu, incendies et pillages - ont entraîne la mort de sept
civils et d'un policier. Plus de 450 personnes auraient ete blessees,
dont plusieurs dizaines de policiers et de soldats."
La place est balayee en quelques heures, l'etat d'urgence decrete pour
vingt jours. Le gouvernement evoque "une conspiration internationale"
pour justifier la levee de nombreuses libertes et l'arrestation
d'une centaine d'opposants, partisans de l'ancien president Levon
Ter-Petrossian, candidat malheureux du scrutin de fevrier. Le chef de
l'Etat suspend la loi martiale le 21 mars, non sans avoir fait adopter
quelques jours auparavant un texte restreignant les rassemblements
politiques. "Le vote a ete expedie lors d'une session d'urgence par
un parlement totalement domine par le parti au pouvoir", denonce ICG.
L'ONG regrette la discretion de la communaute internationale durant
cette crise, la plus grave qu'ait connue l'Armenie depuis la guerre
contre l'Azerbaïdjan au sujet du Nagorny-Karabakh - terminee
en 1994. "Un certain nombre de pays ont salue les resultats de
l'election du 19 fevrier un peu trop rapidement", deplore ICG. Si
l'Organisation pour la securite et la cooperation en Europe (OSCE)
a estime que le scrutin avait ete globalement en accord avec les
standards internationaux, ICG evoque de "graves irregularites". La
repression sanglante du 1er mars a suscite un peu plus d'indignation.
Presse bridee
Deux mois après le soulèvement, les opposants sont toujours
emprisonnes, les intimidations frequentes et la presse bridee. "La
societe armenienne n'a jamais ete aussi polarisee, la situation est
veritablement explosive", note Vicken Cheterian, charge d'etudes
sur l'Armenie pour l'ONG genevoise Cimera. International Crisis
Group denonce encore le verrouillage du système, les dirigeants
etant soutenus par les oligarques et contrôlant totalement l'armee,
le parlement ou encore la justice.
"C'est Levon Ter-Petrossian qui a faconne cette organisation qu'il
entend aujourd'hui renverser, souligne Vicken Cheterian. L'Armenie
s'inscrit toujours dans la continuite. Serge Sarkissian fera la meme
politique que Robert Kocharian, meme si les recents evenements le
pousseront certainement a prendre quelques mesures symboliques comme
l'eviction des dirigeants les plus corrompus."
A lire sur http://www.crisisgroup.org: "Armenia: Picking up the
Pieces".
--Boundary_(ID_p6ajwsMEZ2ZfMmyv NUVxSg)--