ARMENIE VISITE DU PRESIDENT SERGE SARKISSIAN A PARIS
par Piotr Smolar
Le Monde
6 novembre 2008 jeudi
France
La diplomatie se remobilise pour eviter une reprise du conflit
armeno-azerbaïdjanais sur la question du Haut-Karabakh
LE HAUT-KARABAKH fait l'objet d'un regain d'activite diplomatique. Il
a ete au coeur de l'entretien, mardi 4 novembre a Paris, entre Nicolas
Sarkozy et le president armenien, Serge Sarkissian. Deux jours plus
tôt, ce dernier a rencontre a Moscou son homologue Ilham Aliev, pour
l'Azerbaïdjan. Les deux dirigeants ont signe une declaration commune
au sujet du Haut-Karabakh, sous la supervision du chef de l'Etat russe,
Dmitri Medvedev.
Ce document ne constitue pas une feuille de route precise pour
un règlement pacifique du conflit qui oppose les deux pays sur ce
territoire, situe en Azerbaïdjan mais peuple d'Armeniens. Toutefois,
il confirme la necessite d'une " solution politique " assortie de "
garanties internationales ", qui devrait etre negociee dans le cadre
du Groupe de Minsk, cree par l'Organisation pour la securite et la
cooperation en Europe (OSCE), copreside par la Russie, les Etats-Unis
et la France.
Lors d'un entretien accorde au Monde, lundi 3 novembre, le president
armenien, Serge Sarkissian, s'est felicite de la signature du document,
" le premier depuis quatorze ans ", date de la fin du conflit arme qui
a dure six ans et fait près de 25 000 morts. " C'est aussi important
car les negociations avaient ralenti. Il n'y avait plus d'avancees
en raison des elections en Armenie et en Azerbaïdjan ", dit-il.
Ancien premier ministre, Serge Sarkissian a ete elu en fevrier. De
son côte, Ilham Aliev a ete reelu president le 15 octobre. En mars,
alors que l'Armenie traversait une grave crise post-electorale, marquee
par la mort de dix personnes et l'instauration de l'etat d'urgence,
le president azeri avait menace de reconquerir " les territoires
occupes " par les armes.
L'Armenie, par la voix de son president, se dit prete aujourd'hui
a avancer sans delai dans les negociations. Mais elle n'est guère
disposee a faire de concessions majeures. " Nous disons depuis
longtemps qu'une solution dans le Haut-Karabakh est possible
si l'Azerbaïdjan reconnaît le droit a l'autodetermination ; s'il
existe un lien terrestre entre l'Armenie et le Haut-Karabakh ; si des
garanties sont assurees pour la securite du Haut-Karabakh ", enumère
Serge Sarkissian. Interroge sur la zone terrestre qui existe de facto
entre l'Armenie et le Haut-Karabakh, le chef de l'Etat armenien a
estime qu'elle devait " avoir le meme statut " que le Haut-Karabakh.
LIENS AVEC LA TURQUIE
La guerre eclair entre la Russie et la Georgie, au mois d'août,
a contribue a accelerer les echanges diplomatiques au sujet de ce
conflit gele. Selon de nombreux observateurs, la Russie s'efforcerait
de reparer son image a l'etranger en apparaissant comme un mediateur de
paix. Elle chercherait aussi a accentuer sa domination politique dans
le Caucase. Selon Serge Sarkissian, le conflit georgien a demontre
qu'" il ne fallait pas ecraser militairement le droit des peuples a
l'autodetermination, sous peine de consequences graves ".
Le president armenien souligne egalement, en reference a la Russie,
que " les positions de tel ou tel pays sur le droit international ne
sont pas eternelles ". Il suffit selon lui de " reculer de quelques
annees et de comparer les declarations de la Russie sur le Kosovo
avec celles qu'elle tient sur l'Ossetie du Sud pour constater de
grandes differences ". Serge Sarkissian refute toute pression accrue
de Moscou sur la politique etrangère de l'Armenie. " Pourquoi les
Russes feraient-ils pression ? En tant que partenaire strategique,
nous assumons nos engagements, dit-il. Et par ailleurs, ils savent
bien que nous ne reconnaîtrons pas l'independance de l'Ossetie du Sud
et de l'Abkhazie, pour la bonne raison qu'on n'a pas reconnu celle
du Haut-Karabakh. "
M. Sarkissian a egalement evoque un autre chantier majeur, la
normalisation des liens avec la Turquie. Les relations diplomatiques
sont inexistantes en raison de la querelle acharnee sur le genocide
armenien, commis pendant la première guerre mondiale.
Debut septembre, le president turc, Abdullah Gul, a effectue une visite
historique a Erevan, a l'occasion d'un match de football opposant les
deux equipes nationales. " Une conversation efficace " est engagee,
dit M. Sarkissian. " Notre approche est la suivante : il faut etablir
des relations diplomatiques, ouvrir les frontières et ensuite seulement
traiter les questions qui nous preoccupent ", souligne-t-il.
--Boundary_(ID_+cD/Yta0PVwcDPS6A1G /dQ)--
par Piotr Smolar
Le Monde
6 novembre 2008 jeudi
France
La diplomatie se remobilise pour eviter une reprise du conflit
armeno-azerbaïdjanais sur la question du Haut-Karabakh
LE HAUT-KARABAKH fait l'objet d'un regain d'activite diplomatique. Il
a ete au coeur de l'entretien, mardi 4 novembre a Paris, entre Nicolas
Sarkozy et le president armenien, Serge Sarkissian. Deux jours plus
tôt, ce dernier a rencontre a Moscou son homologue Ilham Aliev, pour
l'Azerbaïdjan. Les deux dirigeants ont signe une declaration commune
au sujet du Haut-Karabakh, sous la supervision du chef de l'Etat russe,
Dmitri Medvedev.
Ce document ne constitue pas une feuille de route precise pour
un règlement pacifique du conflit qui oppose les deux pays sur ce
territoire, situe en Azerbaïdjan mais peuple d'Armeniens. Toutefois,
il confirme la necessite d'une " solution politique " assortie de "
garanties internationales ", qui devrait etre negociee dans le cadre
du Groupe de Minsk, cree par l'Organisation pour la securite et la
cooperation en Europe (OSCE), copreside par la Russie, les Etats-Unis
et la France.
Lors d'un entretien accorde au Monde, lundi 3 novembre, le president
armenien, Serge Sarkissian, s'est felicite de la signature du document,
" le premier depuis quatorze ans ", date de la fin du conflit arme qui
a dure six ans et fait près de 25 000 morts. " C'est aussi important
car les negociations avaient ralenti. Il n'y avait plus d'avancees
en raison des elections en Armenie et en Azerbaïdjan ", dit-il.
Ancien premier ministre, Serge Sarkissian a ete elu en fevrier. De
son côte, Ilham Aliev a ete reelu president le 15 octobre. En mars,
alors que l'Armenie traversait une grave crise post-electorale, marquee
par la mort de dix personnes et l'instauration de l'etat d'urgence,
le president azeri avait menace de reconquerir " les territoires
occupes " par les armes.
L'Armenie, par la voix de son president, se dit prete aujourd'hui
a avancer sans delai dans les negociations. Mais elle n'est guère
disposee a faire de concessions majeures. " Nous disons depuis
longtemps qu'une solution dans le Haut-Karabakh est possible
si l'Azerbaïdjan reconnaît le droit a l'autodetermination ; s'il
existe un lien terrestre entre l'Armenie et le Haut-Karabakh ; si des
garanties sont assurees pour la securite du Haut-Karabakh ", enumère
Serge Sarkissian. Interroge sur la zone terrestre qui existe de facto
entre l'Armenie et le Haut-Karabakh, le chef de l'Etat armenien a
estime qu'elle devait " avoir le meme statut " que le Haut-Karabakh.
LIENS AVEC LA TURQUIE
La guerre eclair entre la Russie et la Georgie, au mois d'août,
a contribue a accelerer les echanges diplomatiques au sujet de ce
conflit gele. Selon de nombreux observateurs, la Russie s'efforcerait
de reparer son image a l'etranger en apparaissant comme un mediateur de
paix. Elle chercherait aussi a accentuer sa domination politique dans
le Caucase. Selon Serge Sarkissian, le conflit georgien a demontre
qu'" il ne fallait pas ecraser militairement le droit des peuples a
l'autodetermination, sous peine de consequences graves ".
Le president armenien souligne egalement, en reference a la Russie,
que " les positions de tel ou tel pays sur le droit international ne
sont pas eternelles ". Il suffit selon lui de " reculer de quelques
annees et de comparer les declarations de la Russie sur le Kosovo
avec celles qu'elle tient sur l'Ossetie du Sud pour constater de
grandes differences ". Serge Sarkissian refute toute pression accrue
de Moscou sur la politique etrangère de l'Armenie. " Pourquoi les
Russes feraient-ils pression ? En tant que partenaire strategique,
nous assumons nos engagements, dit-il. Et par ailleurs, ils savent
bien que nous ne reconnaîtrons pas l'independance de l'Ossetie du Sud
et de l'Abkhazie, pour la bonne raison qu'on n'a pas reconnu celle
du Haut-Karabakh. "
M. Sarkissian a egalement evoque un autre chantier majeur, la
normalisation des liens avec la Turquie. Les relations diplomatiques
sont inexistantes en raison de la querelle acharnee sur le genocide
armenien, commis pendant la première guerre mondiale.
Debut septembre, le president turc, Abdullah Gul, a effectue une visite
historique a Erevan, a l'occasion d'un match de football opposant les
deux equipes nationales. " Une conversation efficace " est engagee,
dit M. Sarkissian. " Notre approche est la suivante : il faut etablir
des relations diplomatiques, ouvrir les frontières et ensuite seulement
traiter les questions qui nous preoccupent ", souligne-t-il.
--Boundary_(ID_+cD/Yta0PVwcDPS6A1G /dQ)--