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Caucase : Le Nouveau Scenario De Conflit Enre L'Europe Et L'Asie

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    CAUCASE : LE NOUVEAU SCENARIO DE CONFLIT ENTRE L'EUROPE ET L'ASIE
    par Matteo Minchio

    AgoraVox
    jeudi 2 octobre 2008
    France

    D'abord a cause de son importance économique, puisque dans cette
    région se cachent les plus grands trésors énergétiques de la
    planète. Les puissances industrielles ont un besoin croissant de
    pétrole qui devient souvent une arme de chantage et de contrôle
    politique. Afin de se soustraire aux chantages russes et multiplier
    les lignes d'équipement, l'Union européenne soutient vivement la
    construction d'un oléoduc entre Baku- Tbilissi et Ceyhan, mais cette
    stratégie s'oppose évidemment aux intérêts russes. D'ailleurs,
    Moscou veut empêcher cette réalisation et s'imposer en tant que
    puissance régionale dans le Caucase a travers la conquête de facto
    de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie. De leur côté les Ã~Itats-Unis
    défendent l'oléoduc soit en fonction de leurs intérêts anti-russes,
    soit contre l'Iran.

    En plus a cause de son importance stratégique, puisque cette région
    entre l'Asie et l'Europe se pose au milieu des plusieurs scénarios
    possibles de conflits. Entre le Moyen-Orient et l'Asie centrale,
    l'Irak et l'Afghanistan, la Russie et l'Iran. Aux yeux de l'UE,
    les pays du Caucase sont son extrême frontière avec lesquels on
    voudrait cultiver un partenariat stratégique. De l'autre côté,
    la Russie considère le Caucase comme son rez-de-chaussée, zone
    d'influence historique dans laquelle s'affirme l'orgueil national
    après la terrible décennie de la fin siècle. Intérêts économiques
    s'opposent et se fusionnent avec la volonté de puissance.

    Pour ces motifs, la région reste politiquement instable. Trois
    conflits majeurs ont marqué les populations dans leur sang. Le premier
    entre la Tchétchénie et la Russie, qui a causé deux guerres, la
    destruction de Groznyï et plusieurs massacres. Le deuxième entre
    l'Azerbaïdjan et l'Arménie pour le contrôle du Nagorny- Karabakh,
    oublié par l'opinion publique, un Â" conflit gelé Â" toujours chaud
    pour les leaders des deux pays. Enfin, le conflit entre la Russie et
    la Géorgie pour l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, deux régions sous
    souveraineté géorgienne, désormais reconnues indépendantes par
    Moscou, puisque peuplés par des citoyens russes.

    L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe Le
    destin du Caucase reste officiellement dans les mains de l'OSCE,
    conseil permanent entre les pays européens, les anciens pays
    soviétiques, les Ã~Itats-Unis et le Canada. Ici a Vienne, on
    discute par rapport aux trois domaines de la Sécurité européenne
    : politique, économie et libertés fondamentales (élections
    et droits de l'homme). Effectivement, le poids de l'OSCE a été
    important lorsque l'organisation a été un des premiers médiateurs
    internationaux autorisés par les Russes a dépasser les lignes
    de combats dans la zone ossète. Le mérite en revient aussi a la
    présidence OSCE du ministre des Affaires étrangères finlandaise
    Alexandre Stubb, ancien membre du Parlement européen, qui a travaillé
    côte a côte avec la présidence francaise du Conseil de l'UE.

    L'OSCE, fondé en 1975 a Helsinki, veut affirmer la paix et la
    stabilité en Europe. Pour cela, elle est fondée sur le respect
    des droits de l'homme et sur l'intangibilité des frontières et
    la souveraineté des Ã~Itats participants. La Russie n'est plus
    prête a accepter le statu quo d'après 1991. La situation lui
    est trop défavorable par rapport a son poids politique. L'Otan et
    les Ã~Itats-Unis ont violé plusieurs fois les principes de l'OSCE
    dans les Balkans, la dernière fois en soutenant la déclaration
    d'indépendance du Kosovo. Par contre, la Russie en première a
    dénoncé tous les traités sur le contrôle des armements. Ensuite,
    Moscou a essayé d'imposer sa puissance en profitant de la fin
    du mandat de l'administration américaine, désormais faible. La
    Russie est aussi apparue puissante dans son action militaire face
    aux divisions existantes entre les pays de l'Union européenne,
    la moitié s'opposant fermement a Moscou, l'autre moitié étant
    toujours la recherche d'un dialogue intéressé.

    La présidence francaise a donné a l'Union européenne vigueur
    et dynamisme, mais sans instrument de coercition dans ses mains,
    puisqu'elle nécessite un consensus dans l'Otan avec Washington,
    son action est apparue partiellement efficace. Un ministre des
    Affaires étrangères de l'UE aurait eu une voix sensiblement plus
    forte et visible en coordonnant les efforts européens au sein de
    l'OSCE. D'ailleurs, une force militaire intégrée capable de se
    distinguer de l'Otan serait crédible en tant que force d'interposition
    et aurait donné a la diplomatie un pouvoir de négociation majeur.

    En conclusion, quels sont les intérêts européens dans leur relation
    avec Moscou ? Suivre les Américains dans leur rapport privilégié
    avec la Géorgie convient-il a l'UE ? L'action des Ã~Itats-Unis a été
    peu efficiente puisqu'ils ont accru les rancÅ"urs et les tensions
    nationalistes. Même la Russie a exacerbé les relations entre les
    acteurs en multipliant les provocations, cela était fait dans le but
    de jouer un rôle-clé dans plusieurs situations : l'Europe de l'Est,
    les Balkans, la mer Baltique, le Caucase. Oublier cette évidence,
    reconnaître l'indépendance du Kosovo et insérer la Géorgie dans
    l'Otan sans l'assentiment russe en suivant la volonté américaine
    paraît être une stratégie aveugle.

    Est-il de l'intérêt européen de signer un pacte d'assistance
    mutuelle avec la Géorgie, en considérant sa faiblesse politique et
    stratégique ? Est-il possible qu'une relation avec la Russie soit
    claire sur le respect des droit de l'homme et le droit international,
    dans la garantie de la stabilité et de la démocratie ? Peut-on
    offrir aux Russes une opportunité de développement durable par la
    mise en commun des ressources énergétiques russes et des ressources
    financières européennes ?

    Le droit international et les relations commerciales sont les seuls
    instruments possibles pour convaincre la Russie d'abandonner l'option
    militaire et lui donner un ancrage avec l'Occident.

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